07/10/2021 (Brève 1923) Deux internationaux djiboutiens demandent l’asile en France et cherchent un club de foot à Rennes (France-Bleu)
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Mercredi 6 octobre 2021 à 15:55 – Par François Rauzy, France Bleu
Le 3 septembre dernier, trois internationaux de la sélection de football de Djibouti faisaient le choix de fuir leur pays au gré d’une escale aérienne à Orly. Deux d’entre eux, Omar Abubakar Elmi et Nuredin Abdi Aptidon, sont aujourd’hui hébergés à Rennes, où ils ont déposé une demande d’asile.
Ils ont le regard grave de ceux qui ont tout sacrifié pour une vie meilleure. Depuis le 3 septembre dernier, Omar Abubakar Elmi et Nuredin Abdi Aptidon sont en France. Alors que leur sélection de Djibouti venait de subir une lourde défaite 8-0 contre l’Algérie de Riyad Mahrez en éliminatoires de la Coupe du Monde 2022, leur avion fait une escale à Orly alors qu’ils doivent rejoindre le Maroc. Sur place, ils sont trois à choisir de ne pas reprendre l’avion et de rester sur le sol français.
Omar défend les couleurs de la Garde Républicaine dans le championnat de Djibouti : « Même quand tu es soldat, si tu perds un match là-bas, c’est compliqué pour toi. On t’enferme pendant plusieurs jours, on te met en prison. Parfois je dois marcher près de 20 kilomètres avec mon matériel de combat alors que je viens de courir 90 minutes après une défaite. » Le milieu de terrain offensif dénonce des sévices qui s’apparentent à de la torture. C’est la raison qui l’a poussé à ne pas retourner à Djibouti : « Quand on a perdu le match, tout le monde nous a mal parlé : le coach, le président de la fédération… On a pris peur. Il y a beaucoup de joueurs-soldats en équipe nationale, on a pas accès à nos passeports, ce sont eux qui s’en chargent et qui nous interdisent de les utiliser, notamment si on veut voyager avec notre famille. » La République de Djibouti est dirigée depuis 1999 par Ismaïl Omar Guelleh, accusé d’exercer un pouvoir quasi dictatorial par plusieurs organisations internationales. Récemment, une vague de contestation dans le pays avait été violemment réprimée.
A Orly, malgré la présence de l’ambassadeur de Djibouti en France qui cherche à convaincre les trois hommes de rentrer au pays, ils choisissent donc de rester, et se voient délivrer un visa de huit jours pour formuler leur demande d’asile sur le sol français. Omar et Nuredin se rendent à Rennes où ils sont hébergés par des membres de la communauté djiboutienne. Ils ont depuis demandé une demande d’asile en bonne et due forme, un titre de séjour de 10 mois leur a été délivré le temps que leur dossier puisse être traité.
++ Ils craignent pour leur famille sur place
Leur fuite a beaucoup fait réagir à Djibouti : « sur les réseaux sociaux tout le monde ne parle que de ça là-bas. On nous conseille de ne pas rentrer. On préfère mourir ici que là-bas, où on ne peut rien dire, rien critiquer… » explique Omar. Nuredin lui ne parle pas français, mais Omar nous explique qu’il a été forcé d’intégrer la police, pour représenter le corps policier dans le championnat djiboutien, en raison de ses qualités footballistiques. Nuredin voulait rester vivre auprès de sa mère et sa sœur, il a été forcé de vivre en caserne. Omar, lui, a laissé à Djibouti sa femme, enceinte de neuf mois, et sa fille : « Je n’avais pas le choix… Ma femme est soldat elle aussi, et on lui a mis la pression, on a crié sur elle et on l’a enfermée cinq jours pour savoir pourquoi j’étais parti.«
++ Les deux joueurs cherchent un club dans la région rennaise.
Forts de leur expérience internationale, même s’ils n’étaient pas considérés comme professionnels à Djibouti, les deux hommes espèrent trouver un club pour continuer à pratiquer leur passion. Omar (28 ans) est meneur de jeu, Nuredin (27 ans) est gardien de but. Ils sont prêts à effectuer des essais dans les clubs de la région rennaise qui pourraient vouloir les accueillir.