08/10/2021 (Brève 1924) OUEST-FRANCE – Football. Deux joueurs internationaux de Djibouti en exil à Rennes et à la recherche d’un club

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Depuis plus d’un mois, deux footballeurs de l’équipe nationale djiboutienne sont réfugiés à Rennes après avoir quitté leur sélection. Ils cherchent un club dans la région ou le reste de la France.

Cela devait initialement être une fête et une fierté pour tout le football djiboutien. En septembre 2019, les « Requins de la Mer Rouge » et leur sélectionneur français Julien Mette atteignaient pour la première fois de leur histoire les éliminatoires de la Coupe du monde en sortant le Swaziland en barrage. Ils gagnaient ainsi le droit d’affronter, entre autres, l’Algérie de Mahrez, Bennacer, Slimani ou Feghouli.

Entre le champion d’Afrique en titre et la 185e nation à l’actuel classement FIFA, le match du 2 septembre dernier à Blida (Algérie) s’annonçait forcément déséquilibré. Mais le score final (8-0) est perçu comme une humiliation par la fédération djiboutienne. Plusieurs joueurs de la sélection, à la fois footballeurs et soldats, craignent leur retour au pays. « On nous reproche de ne pas avoir défendu le maillot djiboutien », raconte Aboubaker Omar Elmi, milieu de terrain offensif de 28 ans pour le club de la Garde Républicaine de Djibouti et international depuis 2011. Certains de ses coéquipiers évoluent de leur côté au sein de la Gendarmerie Nationale.

++ Une nuit cachés dans l’aéroport d’Orly

Plus que la simple peur des représailles, leur démarche est un rejet plus global du régime d’Ismaël Omar Guelleh, pointé du doigt pour ses dérives dictatoriales par les associations de défense des droits de l’Homme.

Et alors que leur avion effectue une escale imprévue à Orly avant de rejoindre le Maroc pour leur match face au Niger quatre jours plus tard, les militaires de la sélection y voient une opportunité de fuite. Les discussions se multiplient entre joueurs durant le vol et trois d’entre eux franchissent le pas, profitant de l’escale pour se cacher au sein de l’aéroport francilien. « Une partie de l’aéroport était en construction, c’était tout noir et on ne voyait rien. On y est resté toute la nuit, l’avion redécollait à 21 h et on est sorti à 4 h du matin, les policiers ne nous avaient pas trouvés, raconte Aboubaker. Ensuite, on a fait une demande d’asile à la police. »

Avec le soutien de deux associations de défense des droits de l’Homme (l’association pour le respect des droits de l’Homme à Djibouti et le collectif breton pour la démocratie à Djibouti), Aboubaker rejoint Rennes où vit son beau-frère, emmenant avec lui son coéquipier gardien de but Nasradin Abdi Aptidon (27 ans).

Le troisième Djiboutien, de son côté, est parti en direction de Grenoble. Leur séjour de dix mois en poche et leur demande d’asile en cours de traitement, les deux hommes n’ont aucune intention de regagner le pays et se sont déjà projetés vers une nouvelle vie en France. En espérant subsister avec ce qu’ils savent faire de mieux : jouer au football.

Sans agent et s’entraînant par leurs propres moyens (« depuis un mois, on fait du sport pour garder le physique mais on ne peut pas rentrer dans les salles de musculation car on attend notre deuxième dose de vaccin le 19 octobre »), les deux internationaux cherchent désormais un club pour la saison en cours. Dans la région rennaise dans le meilleur des cas, dans le reste de la France selon les opportunités. « On ne demande qu’à faire nos preuves », clame Aboubaker en arguant de leur expérience internationale et de leur passé commun en D1 djiboutienne.

Contacts : collectif breton pour la démocratie à Djibouti (0659200619, 0758746989 ou par mail : dougsieh1534@gmail.com)