24/10/04 (B269) LA VOIX AU CHAPITRE par AÏNACHÉ

 

APPEL AU CIVISME

Dans une déclaration
de mardi 19 octobre 2004, le ministre de l’Intérieur a annoncé
la réouverture des inscriptions sur les listes électorales.
Cet appel au civisme est une très bonne initiative, bien qu’elle soit
récurrente et obéisse à la période du dernier
trimestre de chaque année.

Le rappel aux inscriptions
sur les listes électorales aux jeunes arrivant à la majorité,
aux personnes qui ont changé de lieu de résidences comme ceux
qui ont négligé de s’inscrire ou qui ont voté par ordonnances
lors des dernières élections, est une bonne chose.

Le ministre de l’intérieur
est parfaitement dans son rôle, lorsqu’il rappelle aux citoyens Djiboutiens
leur devoir civique, encore faudrait-t-il que l’appel s’adresse à tous
et n’exclue pas certains citoyens parce que les autorités actuelles
( à tort ou à raison) les soupçonnent à l’avance
de  » mal  » voter.

C’est ainsi qu’il est
signalé à chaque élection que des personnes remplissant
parfaitement les conditions requises sont empêchées d’inscription
sur les listes électorales pour des raisons ethniques ou tribales,
non avoués. La plupart se voient refuser purement et simplement des
pièces d’identités.

Plus grave encore, parmi
les citoyens qui n’ont jamais eu la chance de s’acquitter de leur devoir électoral
figurent aussi, une forte population qui grossit de mois en mois à
l’étranger, pour cause d’exil politique ou économique.

Cette forte population
de la diaspora très dynamique et terriblement motivée, n’a jamais
été invitée à s’exprimer sur aucune élection
qui s’est déroulée jusqu’à présent.

Mon souhait est que cet
appel au civisme soit aussi valable pour cette population privée d’expression
quelle soit à l’intérieure ou à l’extérieure de
territoire national.

Pour que personne ne soit
oublié, il n’est pas superflu d’amplifier l’appel au civisme pratiquement
deux mois avant la date de la clôture de la liste électorale.
Cette période est suffisante pour permettre la mise en place du recensement
de la population de la diaspora, afin d’organiser en son temps, dans chacune
de nos représentations à travers le monde, la journée
des élections.

Nos représentations trouveront par la même occasion, une sorte
de crédibilité qui leur fait défaut pour le moment, car
nombreux sont les Djiboutiens troublés par l’attitude méprisante
à leur égard..

Ainsi, chaque Djiboutien
pourra s’exprimer sur le devenir de son pays sans frustration ni complexe
vis à vis de ceux qui eux ont le droit de voter, parce qu’ils se trouvent
au pays. Les autorités de Djibouti s’honoreraient de prendre, pour
ceux de la diaspora, les dispositions nécessaires afin de leur permettre
de participer aux élections.

L’argument de manque de
moyens pour permettre à la diaspora de participer aux élections
n’est plus recevable. Au jour d’aujourd’hui, des petits pays moins bien lotis
que nous font l’effort nécessaire pour leurs ressortissants.

Il m’est agréable
de rallier cet appel au civisme pour plusieurs raisons :

Tout d’abord, l’incitation
aux inscriptions sur la liste électorale ne doit pas être seulement
l’affaire du ministère de l’intérieur.

La société
civile, les différents partis politiques ou tout citoyen responsable
devraient et doivent inciter nos compatriotes au devoir civique.

Je n’ignore pas que,
beaucoup des Djiboutiens sont résignés et ne croient plus aux
vertus des élections.

Les résultats des
dernières élections et notamment la dernière élection
législative du 10 janvier 2003, n’encouragent pas beaucoup de monde
à croire que le salut doit passer par les urnes.

De plus, les ressentiments
causés chez les Djiboutiens par les dernières élections,
doivent motiver plus d’un à ne pas la revivre à nouveau. Puisqu’il
faut se venger, de la manière plus que douteuse où s’est déroulé
la dernière élection, il n’est pas superflu d’être cette
fois ci, plus vigilant.

Beaucoup de Djiboutiens
se souviennent du conciliabule qui a suivi la dernière élection
législative pour déterminer les pourcentages des voix qu’il
fallait concéder à l’opposition, compte tenu du résultat
qui s’avérait lui être très favorable.

Après, paraît-t-il
quelques âpres conciliabules, il a été finalement décidé
d’accorder à l’opposition 40% des suffrages exprimés. Ce qui
a été jugé ridicule par de nombreux observateurs impartiaux.

Le ressentiment est d’autant
plus fort chez les électeurs de l’opposition, lorsqu’ils constatent
amèrement que même avec ces 40% octroyés, pour masquer
la fraude gigantesque, ces électeurs n’ont aucun représentant
à la chambre des députés.

La république
de Djibouti est le seul pays au monde où aucun parlementaire ne représente
40% des électeurs.

Mieux encore. Suite au
décès survenu, il y a maintenant plus de six mois, du député
 »élu » sur la liste présidentielle, le feu ISMAÏL YOUSSOUF
YONIS (paix à son âme), aucun député ne l’a, à
ce jour, remplacé.

Pourquoi ?

Bien que la Loi organique ( n° 5 /AN/93/3e L) concernant le règlement
intérieur de l’Assemblée Nationale le stipule dans son article
4.

Tout simplement, aussi
bizarre que cela puisse paraître, nos dirigeants ne respectent pas la
constitution. Il n’y a pas de suppléant élu.
De même, les députés nommés ministres, continuent
à conserver les deux fonctions à la fois, à commencer
par le premier des ministres.

Une fois de plus, dans quel pays existe ce genre de confusion des rôles
???

Ce blocage des institutions
ou son dysfonctionnement n’est pas nouveau, et cela n’incite pas au civisme.

Nous savons tous qu’aucune
institution ne fonctionne normalement, certaines existent en tout et pour
tout par leur intitulé. Faut-t-il énumérer les différentes
institutions qui jalonnent le journal officiel mais qui n’ont jamais fonctionnées
?

C’est la raison pour laquelle
il faut être vigilant et dénoncer les dérives institutionnelles
chaque fois que l’occasion se présente.

Ce n’est pas parce que
nos dirigeants actuels ne respectent pas les institutions qui sont en place,
que nous devons leur abandonner le terrain.

AÏNACHÉ

25/05/04 (B248) La voix au chapitre : par AÏNACHÉ. « REVELATIONS ».

 »LA RÉVÉLATION »

Le service après-vente,
de Jeune Afrique l’Intelligent nous a gratifiés d’un entretien
Présidentiel étonnant.

C’est le moins qu’il
pouvait faire après une opération commerciale lucrative,
de permettre au Président d’évacuer à peu de frais
avec un journaliste complaisant certains nombres de problèmes
préoccupants du moment.

Surtout, cela à
permis de faire oublier la fameuse conférence de presse désastreuse,
face à des journalistes curieux, sur la situation de la Région,
-au Centre d’Accueil de la Presse Étrangère à la Maison
de Radio France – le 03 octobre 2002. Cette conférence de presse avait
écorné l’image que voulait présenter notre Président
à l’extérieur.

Archives : image
de Canal + prise
durant
la conférence de Presse
de Guelleh
à Paris, au moment
où un journaliste lui pose
une question sur l’affaire
Borrel.
Quelques instants plus tard,

il va quitter la salle en « maugréant »
de façon indamissible
contre les journalistes
ce qui avait fait grand scandale.

Pour
ce qui concerne l’affaire de  » l’assassinat ou du suicide  »
du juge Borrel qui pourrit la relation avec la France, à la lecture
de cet entretien recueilli par le journaliste chargé d’assurer
le service après-vente, notre Président semble s’en sortir
à bon compte et renvoyer l’affaire en France. C’est un scandale
franco-français dit-il. Au passage il se paye même le luxe
de s’attribuer le mérite d’avoir fait avancer le dossier.

Enfin, il n’y a pas lieu
de s’immiscer dans une enquête en cours. Attendons, la suite !

La révélation
la plus étonnante est son affirmation sur le commanditaire de l’attentat
du Café de Paris. Elle est le moins qu’on puisse dire, surprenante
à plus d’un titre :

En effet, le Président
nous révèle tranquillement que cet attentat à été
commandité par Aden Robleh.

Voilà une affaire qui a trouvé un témoin de premier choix
en la personne du Président !

A priori, il ne vient
à l’esprit de personne de mettre en doute la parole du premier magistrat
de l’Etat !

Cependant, la question
qui nous brûle les lèvres est : Pourquoi n’a-t-il pas voulu apporter
son concours à la justice pour l’aider à solutionner cette affaire
?

Certes, ce n’est pas la
première fois que la piste d’Aden Robleh est évoquée.
Lui-même a toujours nié être de près ou de loin
concerné par cette affaire. Il avait même adressé une
lettre au juge qui l’avait convoqué le 4 avril 2001 où il déclarait
entre autre, je le cite :  »Je n’ai absolument rien à voir avec cette
affaire étant donnée qu’aux moments des faits, je vivais à
dix mille kilomètres de Djibouti, lieu où les dits faits se
sont produits…… »

Il est bon de rappeler
qu’à cette époque là, Aden Robleh, était Président
d’un parti d’opposition qui s’est rallié depuis à la majorité
présidentielle. Ce qui est encore plus déroutant dans cet entretien,
c’est le fait que le Président accuse un membre éminent de sa
majorité ?

Depuis la publication
de cet entretien, Monsieur Aden Robleh n’a toujours pas réagi. Cela
me paraît plutôt incompréhensible. Je l’ai connu plus réactif
que cela.

Son silence confirme-t-il
donc l’affirmation du Président ?

D’autres bizarreries de
cet entretien – : connaissant le commanditaire, pourquoi alors avoir ordonné
et persécuté des citoyens qu’il savait innocent ? Ces citoyens
persécutés, qui ont été estimé à
plus de 300 personnes, ont en commun d’être de la même communauté.
Certains, à la suite des sévices subis sont morts, d’autres
gardent encore aujourd’hui des séquelles.

Les plus chanceux d’entres
eux ont préféré s’exiler avec ou sans familles.

Parmi les enfants des
torturés, il y en a quelques-uns qui font encore des cauchemars plus
de dix ans après. Ils sont hantés par la brutalité des
sévices et humiliations infligées à leurs parents en
leur présence.

A ce sujet, il convient
de saluer l’initiative venant d’OTTAWA qui s’apprête à manifester
pour que cette injustice ne tombe dans l’oubli, comme bien d’autres, sous
le thème :

 »JE ME SOUVIENS,
LE 27 SEPTEMBRE 1990 A DJIBOUTI ».

Cette journée de
mauvais souvenir s’ajoutera à la liste des autres journées tristement
célèbres commémorées seulement par la Diaspora,
(pour le moment) depuis de nombreuses années, comme : -la commémoration
du massacre d’Arhiba tous les 18 décembre.

A ce rythme là,
si nous n’arrivons pas à un changement salvateur il n’y aura pratiquement
aucun mois dans le calendrier sans une commémoration douloureuse.

Nul n’ignore évidemment
la tenue du  » Forum sur l’Etat de Droits de l’Homme à Djibouti
« , annoncée avec beaucoup de bruits, la semaine dernière.
Seulement voilà, contre toute attente ce Forum s’est tenu pratiquement
à huit clos. C’est à dire entre les gens parfaitement d’accord
entre eux : Ministres, Députés et Hauts Fonctionnaires, hormis
les invités protocolaires, contraints d’assister à l’inauguration.

Aucun représentant
de l’opposition ni le Président de la LDDH (Ligue Djiboutienne des
Droits Humains) n’était présent. (*)

Dans ce  »Forum » entre
amis, pensez-vous que les situations des exactions, des humiliations citées
plus haut aient été débattues ? Détrompez-vous,
qui pourrait se hasarder à les évoquer puisque pour ceux qui
se sont réunis, ces évènements sont occultés.

Pour terminer avec cet
entretien et la révélation sur l’affaire dite (Café de
Paris) il n’est pas venu à l’esprit de notre Président de présenter
ses excuses aux innocents injustement persécutés et humiliés.
Combien de temps faut-il attendre pour que des excuses soient présentées
aux familles disloquées et anéanties par les dirigeants qui
savaient ? ? ?

Comme il ressort très
implicitement de cet entretien.

A quand la réparation
morale et physique de cette injustice ?

AÏNACHÉ

(*) Note de l’ARDHD.
Nous certifions que notre Association n’a pas été, non plus,
conviée à participer à ce forum ! Est-ce que parce que
les autorités djiboutiennes n’avaient pas nos cordonnées ?

18/05/04 (B247) A VOIX AU CHAPITRE : par AÏNACHÉ. Le désir lancinant du Changement.

DÉSIR LANCINANT
DE CHANGEMENT

Il nous a fallu,
une longue période d’apprentissage de dix ans et une guerre civile
désastreuse qui hélas, a duré autant de temps,
pour accoucher d’un multipartisme limité et contrôlé

( pour ne pas dire dompté, concernant trois des quatre partis
autorisés).
Faut-il se résoudre, à sonner le glas de ce balbutiement
de la démocratie à Djibouti avant même, que les
Djiboutiens aient pu l’expérimenter?

Normalement et selon les
échéances, nous sommes entrés dans une année électorale.

Le tenant du titre et
ses médias n’ont pas hésité, à intensifier la
campagne dont ils ne sont jamais sortis d’ailleurs. Pour s’en convaincre,
il serait utile à chacun de nous, que les Djiboutiens qui possèdent
ou peuvent acquérir la nouvelle publication  » L’Espoir  »
publiée, à l’occasion de la commémoration de l’investiture
du Président, fassent, pour l’intérêt général,
une analyse critique.

De même, il me paraît
aussi utile de revenir sur le troublant interview du Président plein
d’enseignements, publié par l’Intelligent en deux épisodes,
dans les n° 2259 et 2261.

Pour chaque campagne,
il est de bon ton d’avoir une onction internationale, à défaut
d’une reconnaissance ou de soutiens nationaux ou internationaux. Comme d’habitude
ce détachement, de plus en plus croissant de la politique Djiboutienne
par les observateurs et les médias, est pallié par l’achat du
 » LE PLUS  » de Jeune Afrique L’intelligent.

Avant chaque élection,
nos amis de  »L’intelligent » réussissent une petite opération
commerciale avec notre Président selon l’importance de l’élection.
Pour les législatives du 10 janvier 2003 cela s’est soldé par
un supplément : ‘ la Lettre de DJIBOUTI’ avec trois photos du Président
tout de même !
Pour l’échéance à venir et comme cela le concerne personnellement,
le tenant du titre n’a pas hésité à financer  » UN
HEBDO, EN PLUS DE L’HEBDO  » de 18 pages, bien entendu à sa gloire
dans :  »LE PLUS » de L’intelligent.

Adieu l’avarice lorsqu’il
s’agit de sa personne.

Pour le commun des mortels
(qui serait peu initié à la chose politique Djiboutienne et
qui n’aurait pas vécu à Djibouti depuis de nombreuses années),
à la lecture de ces 18 pages vantant les mérites de notre Président,
le lecteur lambda finit par se demander d’où vient ce désir
lancinant des Djiboutiens à vouloir un changement?

D’ailleurs, c’est le credo
en cours chez les proches du pouvoir. Certains, sans rire affirment le plus
sérieusement du monde, que le souci pour cette échéance
n’est pas, que ne soit pas reconduit avec une très large victoire,
celui qu’ils considèrent comme leur démiurge, mais de trouver
un challenger pour donner un aspect légal et ainsi : l’apparence démocratique
sera sauve.

AH ! CETTE APPARENCE
DÉMOCRATIQUE.

Le pouvoir tient uniquement
à cette apparence démocratique pour satisfaire les bailleurs
de fonds. Il est de notoriété publique que nos dirigeants manquent
cruellement d’une fibre démocratique. A défaut d’une politique
présentable, le souci majeur de nos dirigeants est exclusivement de
soigner l’apparence et depuis quelques temps le vocabulaire.

Pour ce qui est du vocabulaire,
ce n’est pas encore gagné. Le manque de pratique de l’expression démocratique
est évident à écouter la radio et la télévision
ou à lire La Nation.

Si quelqu’un pouvait encore
avoir le moindre doute, il suffit de lire ou de relire les communiqués
souvent hystériques de la cellule de communication Présidentielle
relayée sans contrôle par les médias locaux. Il y a du
pain sur la planche!

Les quelques personnalités
que les médias daignent évoquer en toute éventualité
comme candidats potentiels, sont disqualifiées à l’avance :
L’une parce que trop vieille et malade, l’autre trop jeune et manquant d’expérience.

En somme, à les
entendre, il n’y a pas dans le pays une seule personnalité qui pourrait
donner le change à l’actuel Président. Sommes-nous aussi dépourvus
d’hommes ou de femmes de valeurs susceptibles de diriger le pays ? J’en suis
moins sûr qu’eux.

Certains leaders qui se
sont investis dans les précédentes élections sont très
hésitants pour aller à la bataille, une nouvelle fois. Ils sont
hantés par l’injustice et la fraude à grande échelle,
qu’ils ont subies lors de la dernière élection, comme à
chaque élection d’ailleurs.

Incroyable mais vrai,
l’opposition unie qui a participé à l’élection de janvier
dernier se bat encore aujourd’hui, pour essayer de récupérer
la caution déposée au trésor public.

Par contre, le spectacle
de la division, pour ne pas dire la jalousie étalée sur la place
publique, entre les membres de l’opposition, procure une certaine jouissance
au tenant du pouvoir.

Il affiche même
une sorte de sérénité apparente.

Dans d’autres cieux, pour
dix fois moins que ça, le pouvoir en place jubilerait.

Cela ne donne pas le droit
pour autant au tenant du pouvoir, d’ignorer jusqu’à l’existence même
d’une quelconque opposition.

La contradiction entre
les discours, laborieusement démocratiques et la pratique systématique
qui consiste à étouffer toute possibilité de contradictions
et de débats, à fini par être criante et ne peut plus
être masquée aux bailleurs de fonds. Il ne suffit pas de clamer
à chaque phrase ‘démocratie…démocratie..’ Il faut
le démontrer par des actes.

Toutes les préoccupations
du pouvoir sont tournées vers l’aval des bailleurs de fonds au détriment
des nombreuses promesses faites au peuple. Il est notoirement admis chez les
Djiboutiens, que les promesses de nos politiques n’engagent que ceux qui ont
encore la naïveté de les croire.

Je persiste à croire,
que décidément, nos dirigeants sont des  » démocrates
« …. non pratiquants.

AÏNACHÉ

08/11/03 (B220) AINACHE, qui a participé à la réunion de Bruxelles du FDP le 1er novembre, nous fait part de son sentiment et de ses avis.

LA VOIX AU CHAPITRE
: par AÏNACHÉ

APPARENCE DEMOCRATIQUE

Compte tenu de la situation
politique de notre pays, faut-il s’exiler pour qu’une réunion politique
puisse se dérouler normalement?

Cette question pourrait
avoir malheureusement une réponse positive. Compte tenu, également,
du climat de suspicion qui règne dans notre pays. C’est la raison pour
laquelle a été organisé à Bruxelles le 1er novembre
dernier, le Forum pour la Démocratie et la Paix.

Ce Forum a pu réunir
la diaspora, les syndicalistes et toutes les tendances de l’opposition Djiboutienne
dont les représentants sont venus des nombreux pays d’Europe et même
de Djibouti.

Nos dirigeants actuels
soignent l’aspect extérieur de la démocratie.
Je veux dire par-là que, vu de l’extérieur, nous donnons, du
moins sur les papiers, toutes les garanties d’un Etat de droit.

Nous avons, un gouvernement,
un parlement, des syndicats et des partis politiques. Mais à y regarder
de plus près, nous ne pouvons que constater que tout cela n’est qu’un
leurre, destiné à tromper les observateurs étrangers
et à bercer d’illusion les naïfs nationaux.

Pour illustrer mon propos,
je prends l’exemple de l’introduction de cette journée d’information
: L’accord de paix signé le 12 mai 2001 entre le gouvernement et le
FRUD-Armé, célébré en grande pompe, qu’en reste-t-il
aujourd’hui ?

Malheureusement cet accord
et ses applications ne sont ni fait ni à faire. Les différents
intervenants, sur ce sujet, lors de ce forum, Mohamed Kadamy et Hassan Mokbel
acteurs de cet accord nous l’ont démontré, témoignages
à l’appui sur les violations des Droits Humains et l’introuvable paix
en République de Djibouti, avec des précisions argumentées
et inconstatables.

Nous avons aussi mesuré
l’état de la justice, ou plutôt de l’injustice, aux ordres du
pouvoir dans notre pays expliqué par l’ancien juge contraint à
l’exil, Monsieur Saïd Mohamed Saïd.

L’impossibilité
d’exercer leur activité syndicale a été détaillée
par l’ancien professeur syndicaliste Abdoulfatah avec une grande émotion
à l’évocation de ces camarades disparus suite aux tortures subies.

A l’écoute de cette intervention, nous avons mesuré le nombre
faramineux de professeurs et de cadres Djiboutiens de haut niveau vivant à
l’étranger.

Sur la dernière
élection législative du 10 janvier, personne n’a de doute aujourd’hui
quant à la manière frauduleuse dont le pouvoir s’est approprié
la victoire. Il était tellement désireux de s’attribuer la totalité
des sièges de l’Assemblée que les  » ministres-députés
 » n’ont pas osé démissionner de leur mandat de parlementaire
de peur de retourner devant les électeurs.

Je voudrais m’attarder
quelques instants sur ce sujet. : Tout le monde se souvient qu’il y a eu deux
listes, l’une de l’opposition et l’autre de la majorité présidentielle.
Chacune des listes comportait 65 noms de candidats à la députation.

Parmi les 65 candidats
de la liste de la majorité présidentielle figuraient la quasi-totalité
des membres du gouvernement. Et comme il fallait s’y attendre la liste de
la majorité présidentielle a raflé tous les sièges
à pourvoir. Certains ministres et non les moindres ; le  » premier
 » des ministres en tête, sont donc élus députés
comme le reste de leurs colistiers.

Or, il ne vous a pas échappé
que pratiquement 10 mois après cette élection, nos ministres
n’ont toujours pas démissionné de leurs mandats de député
!

Alors, une question se
pose. Sommes-nous le seul pays ou les mêmes personnes peuvent cumuler
une charge exécutive et un mandat législatif ???

Pour moi, la réponse
est que le pouvoir ne tient pas à vouloir retourner devant les électeurs
et se satisfait de l’apparence démocratique affichée en organisant,
avec un grand renfort de publicités, les élections truquées
à l’échéance prévue.

D’ailleurs, pourquoi les
tenants du pouvoir se compliqueraient la vie à organiser des élections
partielles pour remplacer des ministres élus députés
? Premièrement ça n’a pas été prévu, ni
réclamé par l’opposition, encore moins par le conseil constitutionnel.

Deuxièmement, lors
de publication des listes des candidats, ni les partis gouvernementaux ni
les partis d’oppositions n’ont présenté de listes de suppléants.
Donc, pas prévu, et tout le monde s’en contente ou en vérité
personne ne se pose de question déontologique.

Un mot sur l’Etat de
l’opposition.

Elle est à l’image
du pays. Beaucoup de bonne volonté, une analyse souvent exacte mais
elle demeure  » faiblarde  » en action. Comme toujours son dynamisme
ressuscite à l’approche des élections !

Sans tenir compte des
initiatives hasardeuses ou spontanées qui se développent par-ci
par-là, notre grande faiblesse de la démocratie réside
dans le tribalisme qui aveugle la majorité de notre population et dont
se sert allègrement le tenant du pouvoir. Il est malheureusement ancré
chez nous que le citoyen qui avance une idée ou un projet est vu d’abord
par son appartenance tribale avant d’analyser le contenu de sa proposition.

Tant que ce fléau,
que je persiste à appeler,  » LE CANCER DE LA DEMOCRATIE  »
minera notre jugement, le tenant du pouvoir actuel peut dormir tranquillement
sur son oreiller douillet, fabriqué par le tribalisme.

En distillant ce poison,
le tenant du pouvoir a creusé un fossé de haine entre la population
Djiboutienne. Nous avons tous en mémoire le ravage que peut occasionner
le tribalisme dans notre pays et chez nos voisins immédiats qui n’arrivent
pas à s’en remettre encore aujourd’hui.

Bien entendu, je pense
en premier lieu à nos frères somaliens qui malgré treize
conférences, une conférence par an, n’arrivent toujours pas
à restaurer l’Etat dans leur pays.
Pendant que les dirigeants des différentes factions se disputent des
éventuelles fonctions, des centaines des somaliens prennent le risque,
souvent fatal, de traverser les mers pour fuire la haine et les misères
engendrées par les seigneurs de la guerre.

Pour revenir à
nos difficultés, je pense qu’il faut multiplier ce genre d’initiatives
afin de mieux nous connaître et échanger sur les idées
en faisant abstraction de nos appartenances tribales.

Le pouvoir actuel est
adepte de la terreur. Il s’en prend aux faibles et aux étrangers comme
nous l’avons dénoncé récemment.

Il faut donc vaincre la
peur et multiplier ce genre de rencontre surtout à l’intérieur
du pays malgré le risque que nous savons.

Dans son intervention
qui a déclenché beaucoup de questions, Le Président du
MRD, Monsieur Dahir Ahmed Farah a détaillé longuement la manière
abjecte dont est capable ce pouvoir.

Pour finir, je suggère
et je pense indispensable qu’il faut envoyer plusieurs signaux :

– premièrement
: vers la population pour qu’elle sache que nous sommes désireux de
nous unir et attentifs à leurs difficultés d’existence.

– deuxièmement
: vers le pouvoir pour qu’il sache que nous sommes prêts à l’affronter
dans la légalité républicaine et qu’il peut être
sûr que nous ne le laisserons pas faire.

– troisièmement : devant la pratique de la terre brûlée
du pouvoir actuel, il est indispensable que notre population sache qu’il y
a une opposition crédible sur qui elle peut compter.

La ligne générale
qui se dégage de cette journée d’information est, que nous devons
faire barrage à nos divisions en laissant de coté nos querelles,
pour que s’affirme ce qui nous uni.

L’appel, lancé
unanimement par l’ensemble des participants, pour une meilleure coordination
et articulation des forces de l’opposition, et pour une mobilisation de la
diaspora, est à saluer.

Voici chers amis, et
chers compatriotes, quelques-unes des réflexions qu’il m’a semblé
utile de vous soumettre dans le cadre de cette journée d’information.

Je tiens, pour terminer
à remercier chaleureusement les organisateurs de cette rencontre.

AÏNACHÉ

 

17/10/03 (B217) LA VOIX AU CHAPITRE : par AÏNACHÉ

LA NOUVELLE EXIGENCE

par Aïnaché
le 17/10/2003

La décision de
mettre  »dehors » des réfugiés, avec la mauvaise manière
que nous avons dénoncée en son temps, avait pour motif avoué,
des impératifs économiques. Nous savions que cet argument était
l’arbre qui cachait la forêt.

La véritable raison
était sécuritaire, derrière laquelle planait l’injection
des Etats-Unis d’Amérique. Ce qui n’avait pas empêché
ces derniers de désavouer violemment la méthode inhumaine employée
par le pouvoir Djiboutien.

Il s’avère évident
que le pouvoir Djiboutien n’a pas compris le conseil qui lui était
prodigué et a voulu faire du zèle pour plaire au nouveau protecteur.

L’inquiétude des
Etats-Unis d’Amérique ne s’est pas estompée pour autant car
ils continuent à demander au gouvernement de Djibouti de mieux surveiller
les rassemblements, dans les lieux de culte musulman, qui à leurs yeux
passent pour suspects. Ils montrent leur inquiétude également,
pour les lieux de culte fréquentés par leurs ressortissants
et les étrangers, où, à leur point de vue la sécurité
est mal assurée par le pouvoir Djiboutien.

A ce propos, le Ministre
de l’Intérieur lors de son interview à la BBC en langue somalie,
samedi dernier, n’a pas voulu répondre à la question sur la
nouvelle exigence des Etats-Unis d’Amérique, malgré les relances
de l’excellent intervieweur Abdi-Salam Herery.

En éludant la question
pourtant précise du journaliste, notre Ministre de l’Intérieur
a semé la confusion. Il est fondé de s’inquiéter de la
nouvelle exigence de nos nouveaux protecteurs. Ceux là même avec
qui les Djiboutiens notent une dégradation des relations, des comportements
vexatoires et grotesques signalés également par des observateurs
étrangers.

Pour ce qui est de la
répression, il est inutile d’inciter nos dirigeants car ils sont passés
maître en la matière. Tout le monde sait aujourd’hui ce dont
le pouvoir Djiboutien est capable. Par contre, ils ont terriblement besoin
de conseils pour traiter le chômage endémique et les problèmes
sociaux en général.

Il est communément
admis maintenant, que le pouvoir Djiboutien a profité de cette opération
pour expulser avec les étrangers, beaucoup de nationaux dépourvus
de documents administratifs, mais notoirement connus dans leurs quartiers
ou villages.

Il a été
également signalé, que quelques Djiboutiens dans leur mal de
vivre honnêtement dans leur pays, ont cru bon de se mêler aux
réfugiés expulsés, dans l’espoir de trouver d’autres
cieux plus accueillants.

Un mois après les
expulsions d’environ 20% de la population, on ne voit pas encore les mesures
mises en place par le gouvernement, pour permettre aux nationaux de s’approprier
les emplois occupés par les travailleurs étrangers.

Contrairement aux arguments
avancés, pour justifier le retour des étrangers dans leurs pays
respectifs, les gesticulations de notre gouvernement se limitent aux expulsions
que le  »pauvre » Ministre de l’Intérieur se trouve seul à exécuter.

Nous avons noté
dans cette opération l’isolement du Ministre de l’Intérieur
et le silence assourdissant de ses collègues. Certains ministres et
non les moindres se sont même désolidarisés dès
que nous avons dénoncé la mauvaise méthode inhumaine
employée. Chacun a pu noter la discrétion coupable du Président
de la république sur cette opération

Un mois après cette
opération, la promesse de dégager des emplois en faveur des
nationaux reste des vœux pieux. Jusqu’à présent les différents
ministères (emplois et solidarité, finances, etc…) normalement
concernés, n’ont rien entrepris.

Les Djiboutiens ont raison
d’être inquiet. Surtout, ceux qui ont cru à la promesse du gouvernement
qui répétait inlassablement : après le départ
des étrangers il n’y aura plus de chômage en république
de Djibouti. Rien que ça !!!

Manifestement, c’était
aller un peu vite en besogne. Pour nos dirigeants, c’était tout simplement
comme d’habitude, parler sans se soucier de l’impact et de l’espoir ou du
désespoir que pourrait occasionner leur promesse.

Aujourd’hui, certains
ministres ont la cruauté de dire que les Djiboutiens sont impatients.
Bien sûr pour les ministres qui n’ont pas de soucis de fin de mois et
sont payés rubis sur l’ongle, sans rien faire, il leurs est difficile
de comprendre ces pauvres chômeurs. Ceux là même, qui font
la queue dès l’aube devant le bureau de la main d’œuvre tous les
matins dans l’espoir de trouver un subside quotidien, pour nourrir leurs enfants.

Il est bien connu, chez
nos politiques, qu’il y a malheureusement une réelle confusion entre
l’immobilisme et la patience.

Il est hélas définitivement
établi, que nous ne pourrons jamais croire la promesse de nos dirigeants
actuels et que nos chômeurs ne verront pas leurs situations évoluer.
Il nous reste à ne pas baisser la garde et à être très
vigilants, vis à vis de leurs promesses.

Il va falloir aussi, suivre
de près la manière dont notre gouvernement répondra à
la nouvelle exigence des Etats-Unis d’Amérique.

AÏNACHÉ


P.S. : Je me réjouis de l’augmentation de la publication du Journal
 » LA NATION  » et j’encourage la direction et les journalistes à
poursuivre leur progression. Comme je les encourage à améliorer
le contenu du journal afin qu’il reflète réellement la vie de
la nation !

07/09/03 (B211)LA VOIX AU CHAPITRE : par AÏNACHÉ

L’EFFET DU * MIRQAAN
*

Le silence assourdissant
imposé au  » bavard  » Ministre de l’Intérieur ne peut
cacher la souffrance produite par ces expulsions inorganisées et inhumaines.

Décider d’expulser
tous les étrangers du pays en trente cinq jours, relève du fantasme
que seul peut avoir un homme sous influence d’un * MIRQAAN * avancé.
La prolongation de quelques jours ne change rien à l’affaire si la
mauvaise méthode et les paroles nauséabondes sont maintenues.

L’effet secondaire d’euphorie
du Qat, appelé communément * MIRQAAN * cause généralement
des catastrophes incommensurables et d’une incroyable incohérence sur
le plan personnel, familiale et professionnel.

Cette décision,
techniquement absurde, humainement abjecte et diplomatiquement discourtoise,
ne peut qu’être prise comme bien d’autres décisions hélas,
dans un « MABRAZ  » sous l’effet du * MIRQAAN *. Ce qui nous démontre
que nous sommes gouvernés par des dirigeants sous l’emprise du Qat.
Pour preuve, les ministres non admis au mabraz présidentiel ont appris
les mesures d’expulsion par une allocution télévisée
du Ministre de l’Intérieur. Certains se sont même offusqués,
discrètement bien entendu, à titre privé, du langage
de leur collègue.

Autrement, comment peut-on
prendre une telle décision sans avoir consulté le parlement,
sans que le conseil des ministres en délibère et enfin sans
avoir informé les pays d’origines des futurs expulsés ?

Comme il fallait s’y attendre
cette mauvaise décision a choqué tout le monde : les organisations
humanitaires, les Djiboutiens dans leur grande majorité et bien entendu
les représentations diplomatiques présentes dans notre pays.

Il est remarquable de
constater avec quelle célérité les USA, à qui
le pouvoir, insidieusement, voulait faire partager la responsabilité
de cette mauvaise décision, s’est démarquée.

LES Etats-Unis PRÉOCCUPÉS

Le communiqué de
la représentation des USA à Djibouti est très éloquent
et ne laisse place à aucune ambiguïté. Les USA profitent
même au passage de donner une leçon de démocratie à
nos dirigeants, qui en ont bien besoin.

Jugez en vous-même
au cas ou les médias de l’Etat, comme c’est fort probable, ne l’ont
pas publié :

 » Une rumeur relayée
par certains médias s’est répandue récemment dans l’opinion
publique djiboutienne rendant le gouvernement des Etats-Unis responsable de
cette opération d’expulsions.

Le gouvernement des Etats-Unis tient à préciser très
nettement et très clairement qu’il n’a participé et ne participe
en rien à cette opération et cela à quelque niveau que
ce soit, conception ou exécution ».

Une autre représentation
de USA de l’Est de l’Afrique (Nairobi) va encore plus loin est se démarque
avec force de cette sale affaire :

 » Les Etats-Unis
ne jouent aucun rôle dans l’élaboration de la politique actuelle
du gouvernement djiboutien.

« Les Etats-Unis sont profondément préoccupés
par les informations faisant état de mauvais traitements de détenus
et d’atteintes aux droits de l’homme.

Il est essentiel que
toutes les questions de statuts et d’expulsions soient menées avec
la garantie d’un respect intégral des libertés fondamentales
internationalement reconnues « .

Si ce n’est pas un désaveu,
cela y ressemble fortement.

Dans l’état hallucinatoire
du * MIRQAAN *, les concepteurs de ce projet ont-ils imaginé les conséquences
latérales de leur décision ? Les multiples naissances et décès
dans des conditions désastreuses d’hygiène et de salubrité
: sur le quai de la gare, dans les camps de regroupements, au cours du voyage,
dans les bus ou les trains.

Encore une fois, nul ne
peut contester aux autorités Djiboutiennes le droit de contrôler
les personnes qui séjournent illégalement dans notre pays ou
qui y entrent sans y être admises légalement, mais rien n’autorise
Le Ministre de l’Intérieur de bafouer les Droits Fondamentaux de l’Homme
ou d’employer un vocabulaire qui donne la nausée.

Je continue et persiste
à dire : – D’autres méthodes plus humaines sont possibles.

AÏNACHÉ

30/08/03 (B210) LA VOIX AU CHAPITRE par AÏNACHÉ

 

LA
FAUTE

L’emploi
du mot  » RAFLE  » fait grincer les dents, j’en suis persuadé,
à beaucoup de Djiboutiens. J’ai beau chercher dans tous les sens,
je n’arrive pas à croire qu’un Djiboutien, quelle que soit sa
fonction ou sa responsabilité ait pu employer cet horrible mot
qui nous rappelle une période terrible de notre histoire.

Nul ne peut contester,
que la situation des réfugiés dans notre pays est alarmante,
et que la recherche d’une solution humaine, intelligente, en concertation
avec les pays voisins s’imposait. Comme personne ne peut nier, que la responsabilité
en incombe au tenant du pouvoir actuel, qui a privilégié l’appel
aux réfugiés pour de multiples raisons non avouables et sordides.

La méthode vexatoire
que pratique le tenant du pouvoir en poussant les nationaux à l’exil
et en voulant les remplacer par des étrangers ne pouvait qu’engendrer
cette situation qui déplait aujourd’hui pour d’autres raisons au nouveau
protecteur.

De là à
employer un vocabulaire avec des mots qui donnent la nausée à
tout Djiboutien consiste à commettre une  » FAUTE  » vis à
vis de notre histoire, de nos martyrs, une honte pour nos amis réfugiés,
et une incorrection à l’égard des pays voisins ainsi qu’à
leurs dirigeants.

Entendre le Ministre
de l’Intérieur ordonner : Rafle, Regroupement dans un stade, Expulsion,
Déportation etc.…. Réveille des souvenirs que tout Djiboutien
aurait espéré oublier à jamais. Faut-il aller jusqu’à
imaginer que nos dirigeants actuels ignorent cette pénible période
de notre histoire ?

Est-il nécessaire
de rappeler à Monsieur Le Ministre de l’Intérieur la manière
dont les gendarmes et l’armée coloniale RAFLAIENT, des hommes, des
femmes et des enfants.

Je vois encore le débarquement,
surprise des forces coloniales dans les (Makahis)  » cafés « ,
les habitations, avec une brutalité sauvage, cassant les postes de
radio autour desquels se regroupait la population pour écouter Radio
Caire qui diffusait des émissions en langue Somalie. Ces émissions
à l’attention des Djiboutiens, avaient pour thème dominant la
libération du pays. Les gendarmes et les militaires n’hésitaient
pas à poursuivre, ceux qui réussissaient à s’échapper,
jusqu’à l’enceinte même des moquées.

Bien entendu, ces émissions
déplaisaient énormément au colonisateur et le mettaient
en rage. Ces Rafles brutales se poursuivaient par un regroupement à
la  » poudrière  » de triste souvenir et se terminaient par
des expulsions inhumaines, sans ménagement.

Ainsi des familles entières
ont été disloquées à jamais. Les tenants du pouvoir
actuel ont-ils oublié, l’isolement de la ville de Djibouti du reste
du territoire, par le fameux barrage tristement célèbre, dû
à la volonté de l’occupant ?

Rien n’autorise, Le Ministre
de l’Intérieur, d’imiter aujourd’hui le colonisateur que nous dénoncions
hier pour sa brutalité. Il n’est pas admissible de reproduire à
l’égard de nos amis et voisins, la même méthode que nous
avons subie.

L’exécution de
la nouvelle politique dictée par le nouveau maître n’autorise
pas, de violer les Droits de l’Homme et de salir notre tradition d’accueil
et notre histoire.

Nul ne peut mettre en
doute la Loi d’entrée et de séjour dans le pays, encore faut-il
que la loi soit claire et appliquée équitablement.

D’autres méthodes
plus humaines sont possibles.

AÏNACHÉ

29/11/02 LE DROIT AU CHAPITRE par AÏNACHÉ – Coïncidence troublante.

COÏNCIDENCE
TROUBLANTE


par Aïnaché

L’Emission d’Investigation
de CANAL + de lundi 2 décembre prochain suscite, avant même sa
diffusion, énormément de commentaires. Cette enquête sur
la mort du juge Borel promet de mettre sévèrement en cause le
pouvoir djiboutien. Il semblerait également que des éléments
apportés sont édifiants.


Aucune autre émission n’avait jamais provoqué, chez les Djiboutiens,
autant d’intérêt avant sa programmation.

Bien que cette émission
soit programmée par une chaîne cryptée, il est clair,
que les Djiboutiens et tous ceux qui s’intéressent à notre pays
l’attendent avec impatience.

L’évocation d’une
émission sur Djibouti, a éveillé en moi, quelques coïncidences
troublantes.

L’annonce de cette enquête
m’a incité à revoir le fameux reportage acide qui avait levé
le couvercle sur la pratique très particulière de gouvernance
par les tenants du pouvoir à Djibouti.

Le pouvoir du moment ne
s’était d’ailleurs pas remis de ce reportage et les Djiboutiens se
sont sentis blessés dans leur amour propre.

Ce reportage réalisé
par le feu Michel HONORIN s’intitulait :

 » LA REPUBLIQUE EN
UNIFORME  » il avait été diffusé par TF1 le 2 septembre
1982, dans le cadre d’une grande émission d’information qui s’appelait
: – »LES MERCREDIS DE L’INFORMATION. »

Coïncidence de date,
cette émission de CANAL+ est programmée nous dit-on, le lundi
2 décembre prochain, c’est à dire vingt ans et trois mois après
celle de Michel HONORIN qui avait mis sur la place publique les vices cachés
de la politique Djiboutienne.

Ce reportage nous avait
fait visiter, pour la première fois, la sinistre prison de Gabode,
l’inavouable villa Christophe, avec une reconstitution par les victimes des
pratiques de la torture, ainsi que l’explication laborieuse de geôliers
gênés.

Il nous avait révélé
l’Etat policier que nous vivions en silence, et l’immense terrain de jeu qu’est
notre pays pour l’Armée française. Etc..ect…

Il nous avait permis d’entendre,
entre autre, que notre Président de l’époque Monsieur HASSAN
GOULED APTIDON affirmait avec une phraséologie qui lui est propre  »
qu’il n’est pas fait pour être Président mais qu’il se sentirait
mieux Entrepreneur ou Jardinier « . Tout un programme.

LA
VERITE

En vingt ans les esprits
ont évolué et le sens de la critique aussi, mais la méthode
répressive de notre gouvernement perdure encore à Djibouti.

Pour comprendre la pratique
actuelle et le mal qui nous ronge, il me semble nécessaire de voir
ou de revoir ce reportage du feu Michel HONORIN.

Personnellement, j’ignore
ce que va, nous révéler cette émission tant attendue.
Je souhaite tout simplement qu’elle ne nous fasse pas honte comme la dernière
et qu’elle permette de contribuer à la vérité.

Coïncidence encore,
cette émission sera normalement diffusée la nuit du 27 de ce
mois du ramadan : La nuit dite du destin. Sourate 97  » AL-QADR  »
(LA DESTINEE) : . C’est pour nous Musulman, la nuit glorieuse où le
Coran fut révélé pour la première fois.

Sans attendre, bien sûr,
une révélation divine ou planétaire nous nous contenterions
qu’elle nous permette une fois pour toute, de connaître
LA VERITE.

AÏNACHÉ