19/06/2017 (Brève 1012)La crise du Golfe ravive les tensions entre l’Érythrée et Djibouti (France 24)

Lien avec l’article original : http://www.france24.com/fr/20170619-crise-golfe-ravive-tensions-entre-erythree-djibouti-diplomatie-qatar-arabie-saoudite

Les troupes qataries ont quitté Ras Doumeira, région frontalière que se disputent l’Érythrée et Djibouti.

Ce départ, décidé par Doha à la suite de la crise avec l’Arabie saoudite, provoque un regain inquiétant de tensions entre les deux pays. La crise diplomatique entre le Qatar et les pays du Golfe a des répercussions sur ses voisins dans la Corne de l’Afrique.

Les États de Djibouti et de l’Érythrée se retrouvent au bord du conflit en raison du départ de troupes de médiation qataries dans la région du cap Doumeira, à la frontière entre les deux pays. Djibouti affirme que l’Érythrée a profité du retrait du contingent pour occuper le territoire disputé de Ras Doumeira. À la demande du voisin éthiopien, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra lundi 19 juin à New York des consultations sur le litige.

Asmara, de son côté, n’a pas directement réagi à ces accusations et indiquait que le gouvernement érythréen ne commenterait pas « les informations – factuelles et spéculatives – produites ces derniers jours.

 » Dans le même temps, le président de la commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a appelé les deux pays au « calme et à la retenue » et annoncé l’envoi d’une mission chargée d’établir les faits.

Le Qatar s’était interposé entre les deux pays de la Corne de l’Afrique en juin 2008, au terme d’un conflit armé de quatre jours pour le contrôle de Ras Doumeira, promontoire stratégique à l’entrée de la mer Rouge. L’Érythrée et Djibouti s’étaient alors engagés à résoudre leur conflit territorial sous la médiation de Doha. Les Qataris devaient rester déployés dans la zone disputée jusqu’à l’accord final.

++ Un retrait « unilatéral »

Cet équilibre a volé en éclats. Le 14 juin, le ministère des Affaires étrangères qatari a indiqué que « l’État du Qatar avait informé le gouvernement de Djibouti du retrait de toutes ses troupes déployées à la frontière avec l’Érythrée ».

Une décision qui intervient à la suite de la crise diplomatique qui a éclaté entre Doha et l’Arabie Saoudite  – suivie par plusieurs pays du Golfe –, qui accuse le Qatar de « soutenir le terrorisme islamiste ». Djibouti, comme l’Érythrée, entretenant de bonnes relations avec l’Arabie saoudite et ses alliés des Émirats arabes unis, tous deux ont choisi leur camp. Djibouti reproche aujourd’hui au Qatar d’avoir agi « de façon unilatérale et sans consultation ».

++ Le Qatar, élément de stabilité dans la région

Pour Patrick Ferras, directeur de l’Observatoire de la Corne de l’Afrique, les cris d’orfraie de Djibouti constituent une « hypocrisie diplomatique ». « [Djibouti] a été peu reconnaissant de l’implication du Qatar depuis neuf ans pour résoudre son problème frontalier », rappelle-t-il dans un post du blog  soulignant que Djibouti a peut-être été trop prompt à soutenir l’Arabie saoudite. « Il s’en aperçoit et tente d’attirer les yeux du monde sur une possible reprise du conflit avec Asmara », continue-t-il.

« Les Qataris sont impliqués sur plusieurs terrains en dehors de leur territoire », explique à France 24 H.A. Hellyer, spécialiste d’histoire arabe contemporaine et membre du think tank Atlantic Council. Dans sa quête de visibilité internationale, le Qatar a multiplié les médiations dans la Corne de l’Afrique : au Darfour, au Soudan… et à la frontière djibouto-érythréenne.

« Beaucoup de pays qui mettent la pression sur le Qatar sont également impliqués dans la région », souligne l’analyste. « Il y a sans doute plusieurs autres zones dans le même cas de figure que Djibouti et l’Érythrée. Si la crise dans le Golfe continue, ce type de perturbation va se multiplier. »

Djibouti souhaite que le Conseil de sécurité de l’ONU ordonne à l’Érythrée de se retirer. Dans le cas contraire, l’escalade n’est pas à exclure. Le ministre djiboutien des Affaires étrangères, Mahmoud Ali Youssouf, a prévenu jeudi : « Si l’Érythrée persiste dans sa recherche de solutions militaires, Djibouti est prêt à cette éventualité ».

De plus, comme le souligne RFI, le contexte est différent de celui de 2008. En 2016, les gouvernements djiboutien et éthiopien ont signé un accord de défense. Par l’engrenage des alliances, l’Éthiopie, ennemi héréditaire de l’Érythrée, pourrait donc réagir en cas d’attaque contre Djibouti, et provoquer un nouvel embrasement de la Corne d’Afrique.

08/04/2016 (Brève 734) France 24 / En France, des Djiboutiennes en grève de la faim « contre le viol et l’impunité ». (Texte par Charlotte OBERTI)

Lien avec l’article original : http://www.france24.com/fr/20160407-france-djibouti-greve-faim-soldats-viol-impunite-election-presidentielle-arcueil

Neuf Djiboutiennes veulent profiter de la présidentielle, qui se tient le 8 mars dans leur pays, pour se faire entendre. Elles mènent une grève de la faim en région parisienne pour dénoncer les viols perpétrés par des militaires à Djibouti.

« Je pensais que j’allais plutôt bien résister à cette grève de la faim parce que j’ai des réserves mais en fait, les réserves, ça ne sert à rien », lance Aïcha Dabalé en plaisantant sur son embonpoint, jeudi 7 avril. Cette Djiboutienne de 58 ans, enroulée dans une couverture, parle avec énergie de son combat malgré les 13 jours de diète qui pèsent sur sa santé. Aux côtés de huit autres femmes djiboutiennes, Aïcha a entamé, le 25 mars à Arcueil, en région parisienne, cette « action ultime » pour dénoncer les exactions commises « en toute impunité » à Djibouti, ce petit pays d’Afrique dont « on parle très peu ».

En tant que doyenne de ce groupe de militantes chevronnées, réfugiées politiques en France et en Belgique, Aïcha veille sur ses compagnes. « On se faisait du souci pour elle au début », explique-t-elle en caressant tendrement la tête de Fatou Abdallah, 31 ans, « mais au final elle tient mieux le coup que moi ».

Comme toutes les grévistes, Fatou Abdallah, frêle jeune femme ne parlant pas français et souffrant d’un handicap, a fui Djibouti. À 17 ans, elle a été violée par un membre de la garde présidentielle, explique Aïcha. Son père, qui a déposé plainte, a très vite subi des pressions.

Cette situation est le cas de figure typique que dénoncent ces femmes, rassemblées dans le Comité des femmes djiboutiennes contre le viol et l’impunité. « Dans le nord de Djibouti, en milieu rural, des militaires violent les femmes sans être inquiétés », affirme Aïcha, qui précise que les soldats sont envoyés dans ces régions pour mater la rébellion contre le pouvoir. « Mais ce sont les femmes et les villageois qui trinquent. »

Des viols ignorés, tout comme les plaintes
Aïcha, elle, n’a pas subi de viol. À ses côtés, Fatou Ambassa, 29 ans, non plus, mais sa cousine de 16 ans, oui. « La famille de Fatou a été très marquée par ce viol, sa cousine s’est laissée mourir. Fatou est ensuite devenue la cible des policiers et a dû quitter le pays avec son mari », traduit Aïcha.

Depuis 1993, ce comité de femmes djiboutiennes a recensé 246 cas de viols par des militaires. Ces données ont pu être recueillies grâce au travail clandestin réalisé par des membres de l’organisation restées à Djibouti. « Ces femmes vont de village en village pour rencontrer les victimes. Certaines se sont fait emprisonner. D’autres ont dû cesser leurs activités en raison de pressions exercées sur leur famille », raconte Aïcha, qui a elle-même connu les geôles de Djibouti en 1997, pour avoir tenté de dénoncer ces viols.

En dehors des données recueillies clandestinement, il est difficile d’obtenir des informations sur les viols commis par l’armée djiboutienne dans ce petit pays de la corne de l’Afrique, les plaintes déposées n’étant pas traitées, poursuit-elle. « Certaines victimes ont vu leur plainte être déchirée sous leurs yeux par les gendarmes », assure Sabine Salmon, la présidente de l’association Femmes solidaires, qui accueille les Djiboutiennes dans ses locaux d’Arcueil.

La pression est telle que médecins et avocats refuseraient de traiter ce genre de dossier.

« Profiter des élections »
Le silence qui entoure ces exactions a ainsi poussé Aïcha et ses comparses à frapper fort, en plein contexte électoral. « D’habitude, on est inaudibles », explique-t-elle, « alors, on a voulu profiter des élections car c’est une période pendant laquelle les personnes regardent un peu plus Djibouti ». Le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, est le grand favori de la présidentielle du vendredi 8 avril, boycottée par une partie de l’opposition.

L’objectif de ces femmes est que les viols soient reconnus comme des crimes de guerre et qu’une enquête internationale soit lancée. Leur action s’adresse également à la France, comme l’explique Aïcha : « Paris entretient de bonnes relations avec Djibouti (ce pays abrite le plus gros contingent de militaires français prépositionné sur le continent africain, NDLR), [la France] devrait faire pression sur le gouvernement. Pourquoi fermer les yeux sur ces femmes qu’on assassine, qu’on brise ? »

Cette grève n’a pas manqué de faire réagir le gouvernement djiboutien, à des milliers de kilomètres. « On se demande après vingt ans ce qui amène maintenant ces dames-là à faire la grève de la faim pendant la période électorale », s’est interrogé le porte-parole Mahamoud Ali Youssouf. « Et on a reconnu aussi quelques personnes qui sont réputées être de farouches opposantes au régime depuis une trentaine d’années. »

Pour Aïcha, l »argument n’est pas valable. « Même si ça fait 20 ans, pourquoi ne pas juger ces crimes ? Et par ailleurs, de nouveaux cas de viol nous sont parvenus depuis le début de notre grève. » Sabine Salmon, de son côté, fait état de menaces. « Le gouvernement de Djibouti a accusé l’association Femmes solidaires de diffuser de fausses informations. Ils peuvent porter plainte contre nous si ils veulent, c’est absolument absurde », assure-t-elle.

« On se nourrit de thé sucré, d’eau et de soutien »
Si la voix des grévistes commence à faiblir par manque d’énergie, le message qu’elles portent, lui, se fait entendre. « Il y aura un avant et un après cette mobilisation », estime Sabine Salmon. « Les Djiboutiennes ont réussi à faire connaître le problème, notamment grâce aux réseaux sociaux. Elles reçoivent des soutiens d’Afrique du Sud, du Canada… »

À Arcueil, certains jeunes curieux passent parfois une tête pour voir comment se portent ces femmes, qui passent la plupart de leur temps allongées pour économiser leurs forces. « C’est où Djibouti ? », demande l’un d’eux. Les commerçants et les habitants fournissent du gel douche, de la crème. Les douches se prennent chez des amis de l’association Femmes solidaires, de l’autre côté de la place, les locaux qui les accueillent ne disposant que de toilettes et d’une petite cuisine « pour faire le thé ». « On se nourrit de thé sucré, d’eau et de soutien », sourit Aïcha.

Chaque coin de l’espace est optimisé pour accueillir couchettes et matelas. Dans ces locaux paisibles, on chuchote, bercés par les ronflements doux de celles qui se cachent sous les couettes. À l’étage inférieur se trouvent les militantes dont l’état de santé est le plus délicat. Depuis peu, l’une d’elles vomit dès qu’elle boit de l’eau. « Les médecins qui nous auscultent quotidiennement pensent à l’évacuer », dit Aïcha. Vendredi dernier, une première manifestante a déjà été hospitalisée avant d’être rapatriée en Belgique, où elle vit.

Malgré tout, Aïcha garde espoir. Il y a 20 ans, celle qui habitait déjà en France s’était privée de nourriture pendant 35 jours pour protester contre le manque de soins des prisonniers politiques à Djibouti, dont faisait partie son mari. Elle avait fini par obtenir gain de cause.

26/08/2013 (Brève 169) ALERTE ROUGE – Revue de presse (FRANCE 24) Affaire Borrel : un témoin clé interpellé au Yémen est menacé d’extradition

L’affaire Borrel, du nom du juge français retrouvé mort en 1995 à Djibouti, pourrait connaître un nouveau rebondissement. Un témoin, qui avait mis en cause ll’actuel président djiboutien, a été interpellé au Yémen et pourrait être extradé.

Par Steven JAMBOT

Faut-il craindre de nouvelles tensions entre Paris et Djibouti ? Mohamed Saleh Alhoumekani, témoin clé de l’affaire Borrel, a été arrêté à Sanaa, au Yémen, où il se trouvait pour visiter des membres de famille. En 1999, cet ancien membre de la garde présidentielle, qui possède la double nationalité belgo-yéménite, avait mis en cause l’actuel président djiboutien Ismaël Omar Guelleh et son entourage dans la mort du magistrat français en 1995 à Djibouti.

Bernard Borrel, détaché à Djibouti en tant que conseiller technique du ministre djiboutien de la Justice, avait été retrouvé mort le 19 octobre 1995, le corps en partie carbonisé, en contrebas d’un ravin, à 80 kilomètres de la capitale. Les enquêteurs djiboutiens et français avaient privilégié dans un premier temps la thèse du suicide. Mais, en se basant sur de nouvelles expertises et témoignages, l’enquête française menée à Paris par la juge Sophie Clément privilégie désormais la thèse d’un assassinat.

Déjà condamné par contumace à Djibouti

Mohamed Saleh Alhoumekani, un de ceux qui ont évoqué cette thèse, a « été arrêté samedi à la demande des autorités djiboutiennes », croit savoir l’Association pour le respect des droits de l’homme à Djibouti (ARDHD). Dimanche, un haut responsable djiboutien « serait arrivé par vol spécial à Sanaa pour réclamer son extradition vers Djibouti », ajoute l’ARDHD. En 2004, l’homme a été condamné par contumace à un an de prison ferme et 1 million de francs djiboutiens d’amende (4 200 euros) pour dénonciation calomnieuse.

Officier dans la garde républicaine, Mohamed Saleh Alhoumekani avait mis en cause en 1999 auprès des autorités judiciaires françaises l’actuel président djiboutien et son entourage. Il avait affirmé avoir entendu, le jour de la mort de Bernard Borrel, cinq hommes déclarer à Ismaël Omar Guelleh, alors directeur de cabinet de son prédécesseur, que le  »juge fouineur est mort » et qu »’il n’y a pas de trace ». Le magistrat Borrel enquêtait, notamment, sur l’attentat du Café de Paris (en 1990), un lieu de rendez-vous de nombreux Français à Djibouti, qui avait fait un mort et 11 blessés.

La crainte d’une extradition vers Djibouti

Le ministère belge des Affaires étrangères n’avait pas encore confirmé lundi l’identité du ressortissant arrêté. Il a indiqué avoir été « informé » de l’arrestation d’un Belgo-yéménite « par des membres de la famille » et a promis de lui apporter « une aide consulaire habituelle ». Lorsque sa famille avait été bannie de Djibouti et expulsée vers le Yémen, Mohamed Saleh Alhoumekani avait sollicité l’asile en Belgique où il est depuis domicilié et dont il a obtenu la nationalité.

« Nous n’avons pas beaucoup d’informations sur son interpellation », a indiqué Luc Cambier, avocat de Mohamed Saleh Alhoumekani. « Nous craignons qu’il ne soit prochainement extradé vers Djibouti, et donc pour sa sécurité. (…) Nous avons alerté les autorités belges afin que la sécurité de monsieur Alhoumekani puisse être assurée », a-t-il indiqué. Dimanche, des informations relayées par l’agence de presse Belga indiquaient qu’un cousin de l’opposant avait pu lui rendre visite dans un local de la brigade criminelle à Sanaa. Il l’avait trouvé « en slip et présentant des hématomes ».

10/05/2012 (B655) France 24 / Que doit faire François Hollande pour mettre fin à la Françafrique ? Nos Observateurs africains répondent (Info lecteur)

« La France répudiera sans regrets les miasmes de la Françafrique », a promis le candidat François Hollande le 22 octobre dernier. Depuis, le socialiste a été élu à la tête de l’État français. Nos Observateurs d’Afrique de l’ouest, qui ont suivi cette élection de très près, imaginent quels pourraient être les premiers chantiers du président élu pour mettre un terme aux mauvaises pratiques héritées de l’époque coloniale.

L’expression « Françafrique » désigne un système occulte de liens politiques, économiques et militaires entretenus par la France avec ses anciennes colonies pour y conserver son influence et ses intérêts après leur indépendance. En 2007, Nicolas Sarkozy, alors candidat à l’élection présidentielle, avait promis de tordre le cou à la Françafrique. Mais dès le lendemain de son élection, le président avait déclaré que « l’homme africain » n’était « pas assez entré dans l’histoire », des propos qui avaient suscité une polémique en Afrique. Après ce retentissant discours de Dakar, que de nombreux journaux africains avait qualifié d’insultant, Nicolas Sarkozy s’était rendu au Gabon pour exprimer son soutien à Ali Bongo, élu à la présidence après un scrutin contesté. Un voyage là encore mal perçu par bon nombre de médias africains, qui y voyaient la preuve que la Françafrique avait encore de beaux jours devant elle.

Le prochain président, François Hollande, parviendra-t-il à convaincre les Africains que la Françafrique est révolue ? 

« Casser le monopole de Bolloré et de France Telecom »

Israël Yoroba Guebo est journaliste et blogueur à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

Pour en finir avec la Françafrique en Côte d’Ivoire, il va falloir casser le monopole de Bolloré au port d’Abidjan. Certes, ce groupe donne des emplois à des Ivoiriens, mais il ne permet pas aux entreprises nationales de se développer.

{Depuis 10 ans, le groupe industriel français a massivement investi dans les secteurs portuaire et ferroviaire du pays. Il est aujourd’hui le principal gestionnaire du port d’Abidjan. Bolloré Africa Logistics est aussi le premier réseau logistique en Afrique. Présent dans 50 pays du continent, il occupe une place prépondérante dans les économies de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Cameroun et du Congo, ndrl].

Le secteur des télécommunications est un autre exemple de la Françafrique. Ici, l’opérateur national de téléphonie fixe est ‘Côte d’Ivoire Telecom’, une filiale du groupe français France Telecom. Étrangement, France Telecom propose en métropole les appels gratuits d’un téléphone fixe vers un fixe, mais pas en Côte d’Ivoire. Il faudrait ouvrir ce secteur à la concurrence.

[Le groupe français est implanté dans 19 pays d’Afrique et du Moyen-Orient, notamment au Sénégal, au Mali, en Côte d’Ivoire, au Cameroun et en Centrafrique. Il est le premier opérateur du continent et entend y doubler son chiffre d’affaires d’ici à 2015, ndrl].

« Arrêter de cautionner des élections truquées »

George Mpaga est président du Réseau de Bonne Gouvernance à Libreville au Gabon.

D’abord, nous aimerions que François Hollande dénonce les irrégularités qui ont porté Ali Bongo au pouvoir et que la France arrête de cautionner des élections truquées [En 2009, Ali Bongo a succédé à son père Omar dans des conditions contestées]

Nous attendons aussi de la France qu’elle encourage la tenue d’élections législatives pour renouveler une Assemblée où l’opposition est inexistante [le Parti démocrate gabonais, parti d’Ali Bongo, a raflé 113 sièges de députés sur 120 en décembre dernier].

Pour assainir les relations entre les deux pays, il faut enfin que le nouveau président permette que le dossier des biens mal acquis soit porté devant les tribunaux et qu’un procès puisse enfin avoir lieu.

[Deux juges français enquêtent depuis décembre 2010 sur les conditions dans lesquelles trois chefs d’État africains, dont Ali Bongo, ont acquis un important patrimoine immobilier et mobilier en France. En 2008, l’ONG Transparence International France avait déposé plainte contre ces trois chefs d’État pour « recel de détournement de fonds publics », ndrl].

« Retirer les troupes françaises dont la présence sur notre sol n’est plus justifiée »

Allaissem est professeur à la faculté de sciences de N’Djamena, au Tchad.

L’année dernière, il a été question du retrait des soldats français de l’opération Épervier de N’Djamena. Mais rien n’y a fait, l’armée française est encore là alors que les conflits avec les rébellions venues des pays voisins [comme le Soudan] sont terminés. [En 2011] la France a même cautionné la victoire du président Idriss Déby, malgré un scrutin très contesté. Certes, l’armée rend service à la population en intervenant sur des incendies et en permettant l’accès à son centre de santé. Mais rien d’autre ne justifie vraiment sa présence sur notre sol.

[L’opération Épervier est un dispositif mis en place en 1986 à la demande du président Hissène Habré pour se protéger d’une offensive venant de la Libye. En juillet 2011, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé avait annoncé qu’un « nouvel accord de coopération » était en discussion avec le Tchad. Cette annonce fut d’abord interprétée comme une volonté française d’appliquer la « rupture » promise par Nicolas Sarkozy au début de son mandat. À ce jour, les troupes françaises sont toujours présentes au Tchad, mais aussi au Gabon, au Cap-Vert, à Djibouti et en Côte d’Ivoire. En 2010, le président sénégalais Abdoulaye Wade a obtenu la fermeture de la base militaire de Dakar].

« Abolir le système scolaire à la française pour s’adapter à nos besoins »

Ferdinand Koungou est informaticien à Yaoundé au Cameroun.

Mettre fin à la Françafrique ne signifie pas détester la France et effacer les noms de rues empruntés à des personnalités françaises. Mais nous avons besoin de nous émanciper de l’influence française pour permettre de nous enrichir par nous-mêmes. Cela passe par la modification de notre système scolaire, qui est depuis la colonisation calqué sur celui de la France, avec les classes de la 6e à la terminale et des cours théoriques d’histoire et de géographie. Il n’est pas adapté au pays sous-développé qu’est le Cameroun. Les jeunes ont besoin de formations techniques et pratiques pour développer notre industrie.

En France, il faut quelques heures pour produire des milliers de téléviseurs, qui nous sont revendus entre 400 et 600 mille Francs CFA [entre 600 et 900 euros]. Le Cameroun vend sa tonne de cacao à environ 100 000 Francs CFA [152 euros], après des mois de culture et de récolte. Le rapport entre nos exportations et nos importations nous est défavorable.

22/12/2011 (B635) France 2 / Affaire Borrel : selon Gérard Longuet, « l’armée ne savait pas » (Info lecteur)

Interrogé ce jeudi sur France 2, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a vivement contesté le témoignage d’un militaire français, en poste à Djibouti à l’époque, qui affirme que l’armée savait dès 1995 que le juge Borrel avait été assassiné.

AFP – Gérard Longuet, ministre de la Défense, interrogé jeudi sur l’affirmation par un témoin que l’armée française avait su très vite que le juge Bernard Borrel, mort en 1995 à Djibouti, avait été assassiné, a assuré que « l’armée ne savait pas ».

M. Longuet était interrogé par France 2 sur le témoignage d’un militaire français en poste à Djibouti à l’époque, au sein d’une unité chargée des écoutes. Selon cet appelé, l’armée française a été informée de l’assassinat du juge, via des écoutes de la police djiboutienne, peu après son décès.

Nous n’avons rien à faire dans cette affaire et nous sommes sereins.
Ismaël Omar Guelleh, Président de Djibouti

« L’armée ne savait pas. Si l’armée savait, elle a l’obligation, c’est dans le code pénal, article 40, de transmettre au magistrat toute information sur une affaire juridique », a déclaré M. Longuet.

Va-t-il lever le secret défense, comme le demande la veuve du juge Borrel?

« Naturellement, mais il y a une procédure », a répondu le ministre. « Toute demande de levée du secret défense passe par une commission composée de trois magistrats et deux parlementaires, un de la majorité et un de l’opposition », a-t-il expliqué.

« Mes prédécesseurs ont toujours donné, et j’ai toujours donné, les documents demandés, dès lors qu’ils sont autorisés par la commission », a-t-il ajouté.

« La recherche de la vérité, c’est très bien, l’armée française, pour sa part, n’a rien à cacher », a affirmé M. Longuet.

Quant au témoin, « s’il savait depuis 1995, il fallait le dire immédiatement au juge », a observé M. Longuet. « Le juge se retourne vers l’armée et nous demande des documents et tous les documents qui seront demandés par le magistrat seront délivrés au juge. »

Magistrat français détaché à Djibouti, Bernard Borrel avait été retrouvé mort le 19 octobre 1995, le corps en partie carbonisé, en contrebas d’un ravin, à 80 km de Djibouti. L’enquête française a privilégié dans un premier temps la thèse du suicide, avant de retenir celle d’un assassinat après de nouvelles expertises.

22/12/2011 (B635) France 24 / Marc Perelman reçoit Guelleh. (Info lecteurs)

EXCLUSIF – Ismaël Omar Guelleh, Président de la République de Djibouti

Marc Perelman reçoit le président de la République de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh à l’occasion de la signature d’un nouveau traité de coopération en matière de défense. Ils évoquent le rôle de Djibouti dans la région, face aux Shebab et à la piraterie au large de la Somalie. Ils reviennent enfin sur l’affaire Borrel.

29/07/10 (B562) A la veille du 14 juillet et du défilé contesté des troupes africaines à Paris, Olivier Thimonier de SURVIE, exprimait sur France 24 qui l’avait invité, la position de SURVIE et les raisons de l’Appel à manifester le 13 juillet pour dénoncer « 50 ans de Françafrique ». Appel qui a été signé pour Djibouti par l’ARD et Uguta-Toosa.

L’ARDHD a pu récupérer le passage d’Olivier Thimonier sur le site de France 24, (les internautes voudront bien excuser une petite dégradation au niveau de la qualité des images). L’ARDHD partage l’analyse de SURVIE.

07/04/10 (B545) Les traits de l’Erythrée / France 24 avec AFP / le journaliste Dawit Isaak emprisonné près d’Asmara

Le journaliste suédo-érythréen Dawit Isaak est détenu dans des conditions très dures dans la prison de haute sécurité d’Eiraeiro, à environ 50 kilomètres de la capitale Asmara, affirme le quotidien suédois Dagens Nyheter (DN) mercredi, citant un gardien réfugié en Ethiopie. AFP – Le journaliste suédo-érythréen Dawit Isaak est détenu dans des conditions très dures dans la prison de haute sécurité d’Eiraeiro, à environ 50 kilomètres de la capitale Asmara, affirme le quotidien suédois Dagens Nyheter (DN) mercredi, citant un gardien réfugié en Ethiopie.

Dawit Isaak, détenu sans procès en Erythrée depuis plus de huit ans, est enfermé menotté et à l’isolement dans une cellule de 12 mètres carrés sans fenêtre, sans meuble, avec uniquement des toilettes à la turque, selon le journal, qui a choisi de ne pas révéler le nom de sa source, un gardien âgé de 37 ans, pour sa sécurité.

Selon les informations de DN, le journaliste, dont la tête a été rasée, est "amaigri", mais considéré par les gardes comme "suffisamment fort pour être menotté la journée".

Aucune information précise n’était jusque là connue sur le lieu et les conditions de la détention de Dawit Isaak.

Dans la même prison sont détenus d’anciens membres du gouvernement érythréen opposés au président Isaias Afewerki, parmi lesquels l’ex-ministre des Affaires étrangères Haide Woldetensae, l’ex-ministre de l’Information Beraki Ghebreselasie ou celui de la Pêche Petros Solomon, selon le quotidien.

D’autres journalistes, comme Amanue Asrat ou Fisahaye Yohannes, ou encore la réalisatrice Meriem Hagos, sont détenus dans cette prison de haute sécurité ouverte en 2003, selon DN.

Près de 15 des 35 détenus sous plus haute sécurité d’Eiraeiro sont déjà morts et 9 des survivants sont en très mauvaise santé, ajoute le quotidien.

Le gouvernement suédois de centre-droit a été critiqué, notamment par l’opposition de gauche, pour ne pas faire assez afin d’obtenir la libération de Dawit Isaak, emprisonné depuis 3.118 jours dans son pays d’origine.

Stockholm affirme mener une "action diplomatique discrète", la plus efficace à ses yeux.

Le Conseil de l’Europe a appelé fin mars les autorités érythréennes à la libération du journaliste et dramaturge de 45 ans, doté de la nationalité suédoise depuis 1992.