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03/08/2017 (Brève 1048) Djibouti: mort de l’opposant Mohamed Ahmed, dit Jabha (RFI)

Lien avec l’article : http://www.rfi.fr/afrique/20170802-djibouti-mort-opposant-jabha-mohamed-ahmed

Il est devenu le symbole des détentions arbitraires à Djibouti. L’opposant Mohamed Ahmed dit «Jabha» est décédé mercredi 2 août dans l’après-midi. Accusé par le régime d’être un agent érythréen, il avait été arrêté en 2010 puis avait attendu pendant 7 années son procès avant d’être condamné à 15 ans de prison ferme en juin dernier. Selon l’opposition il était «le plus ancien prisonnier politique» du pays. Pour ses avocats, la mort de Jabha n’a rien d’accidentel.

« C’était la chronique d’une mort programmée » estime son avocat, Maître Zacharia, empli d’une grande amertume. Ces derniers mois, il n’avait cessé d’alerter sur l’état de santé de son client, atteint d’une grave maladie, et qui s’affaiblissait de jour en jour. La dernière fois qu’il l’avait vu, Jabha était trop faible pour parler.

Mohamed Ahmed avait été arrêté par l’armée le 1er mai 2010 dans le nord du pays, accusé d’être membre du FRUD, la rébellion armée qui opère dans le la région. « C’est un Érythréen en service commandé », avait dit le président Ismail Omar Guelleh dans un entretien à Jeune Afrique.

L’opposition tient les autorités pour responsables de la mort de Jabha. Selon elle, le Premier ministre en personne s’était opposé à sa libération, lorsqu’en 2016 la Chambre d’accusation avait « annulé » l’ensemble de la procédure contre lui.

Mais le parquet avait fait appel. Et Jabha avait finalement été reconnu coupable « d’intelligence avec une puissance étrangère et organisation d’une formation paramilitaire ». Il avait écopé de 15 ans de prison ferme en juin dernier. Une condamnation « à mort » pour ses avocats, prédisant déjà qu’il ne tiendrait pas jusqu’au bout de sa peine.

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« Assassinat judiciaire »

« C’est l’épilogue tragique d’un assassinat judiciaire programmé, commente son avocat français, maître Bérenger Tourné. On l’avait condamné à 15 ans de réclusion sur la base d’un dossier vide. (…) Je n’ai pas cessé d’alerter l’Elysée, le gouvernement, depuis sept ans que cette mauvaise farce judiciaire suivait son cours. Maintenant on arrive à l’aboutissement. »

L’annonce de sa mort n’a pas surpris son avocat, en raison de la maladie dont Jabha était victime. Mais face au manque d’informations, maître Tourné n’écarte aucune option non plus. « Je ne saurai même pas vous dire s’il est mort des suites de sa maladie. Je n’exclus pas qu’il ait été purement et simplement liquidé par les services spécialisés de Djibouti. Mais en tout cas on savait que, de toute façon, son état de santé ne lui permettrait pas d’aller jusqu’au bout de sa peine. C’est peut-être ça, le plus terrible, dans cette affaire… »

03/08/2017 (Brève 1049) De nouvelles exactions policières dans le quartier d’Arhiba : plusieurs blessés civils dont certains par balles. (Info correspondant)

Non content d’avoir utilisé la torture contre un jeune docker qu’il avait pris pour cible et dont il a causé la mort, le sergent Ibrahim Ali Ibrahim, promu par la dictature au grade de Chevalier dans l’Ordre prestigieux des Bourreaux de la République, a-t-il décidé de poursuivre ses exactions à l’encontre des populations civiles innocentes et sans défense ?

La réponse est OUI. Fier de son impunité garantie par le pouvoir, il a décidé de faire arrêter un cousin proche de la victime
Mohamed Hamadou et de le garder à vue au poste de Police du quartier.

Dans la soirée du 1er août, les proches de cette nouvelle victime, soutenus par la population du quartier, se sont massés devant le poste de Police pour empêcher qu’il ne soit transféré vers un centre de torture et qu’il ne subisse le même sort que feu son cousin.

Dans un premier temps, les policiers ont du renoncer à affronter la foule en colère et ils se sont réfugiés dans leur commissariat d’où ils ont appelé des renforts. Arrivés sur place, les renforts n’ont pas hésité à arroser les manifestants de dizaines de tirs de gaz lacrymogène puis à faire feu avec leurs armes de service chargées avec des vraies balles. Des témoins citent les noms de 16 blessés par balles, qui auraient été pris en charge par les hôpitaux de la ville.

Aux dernières nouvelles, le nouveau Chevalier de
l’Ordre des Bourreaux aurait été exfiltré avec sa famille et positionné dans un lieu secret pour échapper à la vindicte populaire et légitime. Il bénéficie toujours d’une immunité complète puisqu’en dépit des lourdes présomptions qui pèsent sur lui, aucune enquête n’a été diligentée à son encontre et le Procureur n’a pas ouvert une instruction préalable.

Espére-t-il gravir un nouvel échelon en étant promu Officier dans l’Ordre des Bourreaux en reconnaissance de sa cruauté à l’égard des civils sans défense ?