12/12/2013 (Brève 335) Affaires Borrel / Alhoumékani (Ouest-France) Article mis à jour à 17h30
1 – 9 déc 2013 Le comité Borrel espère une avancée du dossier Lisieux
Le vendredi 13 décembre, Élisabeth Borrel, la veuve du juge assassiné en 1995 à Djibouti, rendra visite au juge d’instruction à Paris.
L’enjeu, convaincre la justice française de l’implication de Djibouti et de son président, Omar Guelleh, dans l’assassinat de Bernard Borrel, ancien procureur de Lisieux entre 1988 et 1995.
« Le témoin clé de cette affaire, Mohamed Saleh Alhoumekani, qui a la double nationalité belge et yéménite, a été arrêté sans raison au Yémen en octobre, et Djibouti a demandé son extradition.
Nous considérons cela comme une preuve de l’implication de Djibouti », affirme André Lucas, coprésident du comité de soutien lexovien.
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2 – 12 déc 2013 Affaire Borrel : un témoin veut parler aux juges
Affaire Borrel : un témoin veut parler aux juges
Au terme dune fuite rocambolesque au Yemen, un ancien officier qui met en cause le président de Djibouti dans la mort du magistrat Bernard Borrel, explique les ressions subies pour quil se taise.
Mohamed Saleh Alhoumekani a retrouvé
sa famille à Bruxelles. Il est lun
des témoins clés dans laffaire de la
mort non élucidée de Bernard Borrel,
ce magistrat français, ancien procureur
de Lisieux, retrouvé brûlé en
1995, à Djibouti.
De nationalité belgo-yéménite, Alhoumekani
était officier à la garde
présidentielle à Djibouti, le 19 octobre
1995, quand il a entendu cinq
personnes annoncer la mort de Bernard
Borrel au président IsmaëlOmar
Guelleh. « Le juge fouineur est mort,
il ny a plus de traces. »
Emprisonné pour
dénonciation calomnieuse
Ces révélations, en 1999, ont battu
en brèche la thèse du suicide dabord
privilégiée par les autorités françaises
et djiboutiennes. Mohamed Alhoumekani
a obtenu lasile politique en
Belgique, où il a été entendu par la
juge française Morrachini, en 2000.
Laffaire a rebondi le 23 août. Au
Yémen pour voir son fils, Mohamed
Saleh Alhoumekani est arrêté à sa
descente davion à laéroport de Sanaa,
la capitale. « Un policier ma
dit : cest Djibouti qui a mis un arrêt
international contre toi », relate lexofficier.
Il comprend vite : son témoignage
continue de déranger le président
djiboutien.
Alhoumekani est emprisonné pendant
trois mois pour dénonciation
calomnieuse contre lÉtat djiboutien.
Au cours de cette détention, le chef
détat-major des armées djiboutien,
un député et lambassadeur de Djibouti
auraient tenté de le faire revenir
sur son témoignage. « Je dispose de
tous les enregistrements et dengagements
écrits prouvant cette négociation.
»
Le président Guelleh aurait réclamé
en vain son extradition en
promettant « un million de dollars ».
Mais il tient bon : « Ils mont dit :
vous devez dire que ce sont des
personnes malveillantes en France
qui vous ont dicté ce témoignage,
et que vous lavez fait dans un moment
de faiblesse et à des fins personnelles.
»
Il est finalement libéré, au début octobre,
sous la pression de proches et
de la Belgique. Avant de rentrer en
Europe le 23 novembre, Alhoumekani
a échappé à une dernière intimidation
: deux balles touchent sa
voiture.
Cest finalement grâce à un
« pays occidental » dont il préfère
taire le nom quil parvient à quitter
clandestinement le pays « sans carte
didentité ni passeport ».
Mohamed Alhoumekani veut que la
justice française lève ses doutes. « Estelle
indépendante ou bien, comme
me la affirmé lambassadeur de Djibouti
au Yémen, la France a-t-elle
fait des promesses pour que laffaire
soit classée ? Si elle est indépendante,
alors je suis, de nouveau, à
sa disposition pour témoigner. » Un
message quÉlisabeth Borrel, la veuve
du juge, pourrait relayer ce vendredi
aux deux juges dinstruction français.
Yann-Olivier BRICOMBERT.