19/09/04 (B264) Message de condoléances à Ahmed Dini ! Homme propre, homme probe !

.Un ami m’a appelé
depuis Djibouti et m’a raconté, ému, la chose suivante.

-Rarement, me dit -il,
mort n’aura suscité autant de tristesse, d’émotions et d’indignation.

-Rarement encore, la disparition
d’un responsable politique n’aura drainé et entraîné autant
de foules immenses, même un ministre aussi fort sympathique soit=il
mort dans l’exercice de ses fonctions n’a eu un tel hommage, un vibrant hommage.

-La dernière fois
qu’une foule immense, en liesse, dans l’allégresse et l’Euphorie générale
s’était retrouvée, c’est lorsque la personne dont je vais vous
parler avait proclamé avec brio, l’indépendance de Djibouti
arrachée de haute lutte:mais depuis on connaît la suite,l’humiliation,la
désillusion,les vexations ont supplanté la joie ;le bonheur
et le vivre ensemble.

Il s’agit, vous l’avez
deviné de Ahmed Dini.

Septantaine consommée,
visage expressif aux lunettes fumées, cheveux blancs, stature imposante,
ce héros national, courageux et intègre, forçait le respect
et l’admiration de tous.

Depuis dimanche, il n’est
plus parmi nous : toute la population a entamé son deuil.
En silence, le cercueil a été déposé à
l’entrée de la maison. Des hommes, beaucoup d’anonymes en pleurs sont
partis creuser des fosses près du cimetière PK 12, vêtus
de foutas, visages livides, hébétés un groupe de jeunes
gens se cherchent, errent de famille en famille pour consoler ici des amis,
là un groupe de femmes, alors que d’autres psalmodient les versets
du coran.

Les premières cérémonies
religieuses, sobres, selon le rite musulman, surtout selon les vœux du
défunt ont eu lieu dimanche à Djibouti où la victime
a été inhumée dans la soirée.

Les uns après les
autres, des couples d’amis, des anonymes, des inconditionnels et des parents
viennent donner leurs condoléances. Les femmes à l’intérieur
de la maison, les hommes se tiennent et restent à l’extérieur,
devant les frères et membres de la famille de la victime avant de les
embrasser.

Alors que la nuit a plongé
Djibouti dans l’obscurité et vidé le lieu de son inhumation,
mon correspondant me répète ce mot c’est, dit-il, la dernière
demeure de Dini, demeure à partir de laquelle il ne sera plus attaqué,
ni ne subira plus les affres, les ignominies et autres coups bas dont il fut
l’objet…durant un demi siècle.

Homme de paix et de dialogue,
homme de culture et de justice, Ahmed Dini a marqué, indéniablement
l’histoire politique de Djibouti : de toute façon il y aura un avant,
et un après Ahmed Dini.

Anti-colonialiste convaincu,
farouche opposant à la politique repéssive du président
GOULED il avait consacré une partie importante de sa vie pour la cause
Djiboutienne en général, et les droits de la personne humaine
en particulier.

Une fois l’indépendance
acquise et aux commandes du gouvernement, il n’hésitera pas à
claquer la porte pour se retirer la tête haute de la vie publique, lorsque
les idéaux, l’éthique et la probité, pour lesquels il
s’était tant battu sont bafoués, alors que d’autres à
sa place, obnubilés par l’argent et la notoriété, s’accrochent
lamentablement……..au pouvoir.

Mais le pouvoir empêtré
dans des considérations de politique partisane lui enverra plusieurs
fois le signal, mais il a toujours décliné l’offre arguant qu’il
n’était pas taraudé par l’envie de redevenir Ministre en l’état
actuel des choses.

Lorsqu’en 1991 avec quelques
personnes il essaiera de changer le cours des évènements qui
prennent une tournure inquiétante à DJIBOUTI, il sera trahi
par certains, sa déception fût immense, mais son moral reste
intact et la volonté de poursuivre les réformes nécessaires
aussi.

Décliné
aussi l’offre,dire cela n’est pas trahir un secret, qui lui a été
faite de le faire évacué sanitaire (prémonition ?) à
l’étranger par ceux là même qu’ils l’ont dénigré,
rabaissé, jeté en pâture, en n’épargnant ni son
honneur, sa vie, ni même sa propre famille.

Ultime provocation ou
manœuvres dilatoires, le Président de la République, s’est
fendu dans un communiqué laconique déclarant que Monsieur Ahmed
Dini avait la dimension de la fonction d’homme d’Etat, qu’il s’est toujours
battu pour la justice sociale et ainsi que pour l’Islam : c’est ridicule,
c’est risible…mais il n’est jamais trop tard pour réhabiliter
le père de la NATION DJIBOUTIENNE.

Il faut qu’un honnête
homme ait l’estime publique sans y avoir pensé et, pour ainsi dire
malgré lui. Celui qui la cherchée donne sa mesure, dit un adage
français.

Pour ma part, je garderai
de lui le souvenir d’un homme simple, humble malgré les honneurs et
l’aura dont il bénéficiait, il était résolument
attaché aux valeurs de l’Islam.

Bravo l’artiste:car par
ton art, ton éloquence et ta vision tu as réussi à illuminer
les cœurs de milliers de personnes. Bon voyage et repose en paix : tes
détracteurs ajouteront, peut -être, : bon débarras.

A l’heure où j’écris
ces lignes, une nouvelle nous apprend la disparition d’un autre dirigeant
historique qu’était Monsieur CHEHEM DAOUD : J’adresse mes condoléances
les plus attristées à sa famille, ses proches et ainsi qu’à
tous les militants.

Djilani