29/01/05 (B283A) Honneur à un grand djiboutien décédé. (P. et S. Falcou)

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Nous
venons d’apprendre, ce soir, le décès de Laurent.

Quelle
grande tristesse et aussi quelle perte pour tous: famille, proches, amis, anciens
élèves ou ex-enseignants.

Mais
rien ne pourra remettre en cause tout ce qu’il a fait pour le pays, pour ceux
qui ont été avec lui dans ce grand espoir qu’il nourissait pour
donner l’instruction, diffuser le savoir dans ces classes élémentaires
et techniques, ces fameux « cours du soir », qui ont permis pendant des
dizaines d’années à tous et toutes, surtout ceux qui ne pouvaient
pas suivre les cours ordinaires parce que trop agés, ou trop pauvres ou
trop ceci ou celà, ou bien pas assez dans le profil de l’enseignement général
public ou religieux, à Djibouti, d’apprendre à lire, à écrire,
à compter.

Quels
sont ceux qui pourront le pleurer ou bien regretter qu’il n’ait pas eu tout ce
respect qu’il méritait, qu’il aurait dû recevoir lorsque le pays
est devenu majeur et mature un certain jour de 1977 ?

Certainement
oui, ceux des élèves du quartier 4 ou de l’école du Stade
qui ont appris, lus et revus les programmes d’enseignement élémentaire
et primaire, dans ces salles des quartiers populaires, certaines prétées
grâcieusement et généreusement par des soeurs chrétiennes,
d’autres habilement remplies de tables et de chaises entourées de murs
en planche et surmontées de plaques de tôles ondulées, en
équilibre précaire.

Certainement
aussi ceux qui, trop vieux pour pouvoir s’inscrire à l’école publique,
y ont posé leur cartable et ont sorti des livres dont ils ne comprenaient
rien mais qu’ils essayaient de décrypter, le soir, après une journée
de labeur harassante, sous l’oeil attentif et les conseils parfois hésitants
mais toujours écoutés d’enseignants venus de très loin.

Mais
si le passé est révolu, si l’eau a coulé sous les ponts,
comme l’on dit familièrement, qu’au moins tout ce qui a apporté
éducation, savoir, lecture, culture, écriture, dictées et
dissertations de tout style;

Que
ceux qui se sont investis dans cette haute fonction qui s’appelle l’école,
que tous ceux-là maintenant aient le respect et la reconnaissance de leurs
pairs;
et en premier lieu pour celui qui a été parmi les précurseurs,
Laurent Said Dirié.

Que
Dieu te garde et te protège, pour toujours.

Patrick et Saida