21/06/06 (B355_B) Un correspondant nous adresse un poème à la façon de Kipling « Tu seras un homme, mon fils » … (Bouh Warsama)
Tu seras un tyran, mon fils.
Si tu peux
- confisquer du pays son indépendance et en violer la Constitution
- Imposer tes propres lois, mener un peuple à la faillite sociale, à la misère
- Avoir discours mensongers, ne survivre que par promesses et mystifications
- Contraindre la liberté à fuir au loin, la poursuivre jusqu’en d’autres terres
Si tu peux
- falsifier honteusement toutes élections, être des artifices le maître
- Faire sans cesse braire tes ânes, déclamer des odes à ta prétendue gloire
- Imposer terreur dans le pays, interdire à l’opposition d’exister, de parler et d’être, ignorant que l’histoire est plus rancunière que les hommes car elle garde mémoire
Si tu peux
- corrompre des esprits faibles, d’argent en faire leur seule vérité
- Tromper honteusement, t’approprier mille biens d’autrui, spolier ainsi la Nation
- Organiser attentats, fomenter des révoltes en ce pays et en d’autres contrées afin d’asseoir ton frêle trône sur la terreur ; sans foi, ni loi, ni simple passion
Si tu peux
- ordonner que Justice soit suicidée puis mentir effrontément
- Laisser salir le nom d’un Juge intègre, être capable des pires attitudes
- Avec mépris te considérer au dessus de tout, imposer chantage menaçant pour tenter de couvrir tes lâchetés, indignités, manigances et turpitudes
Si tu peux
- tenter de suborner témoins, hommes et femmes de courage
- Puis face à l’échec, faire maltraiter leurs familles, de leurs biens les spolier
- Faire emprisonner, torturer sans raison êtres humains, quel que soit l’âge pour contraindre tes opposants à se taire et face à ton diktat s’incliner
Si tu peux
- faire détruire par tes soudards l’ouvrage de tant de vies
- Faire incarcérer, supplicier des vieillards, des enfants et des femmes
- Déplacer, chasser des populations, les avilir et insulter ainsi leur ethnie
- Agir sans humanité, sans respect, sans un geste et sans état d’âme.
Si tu peux
- outrager, faire brûler drapeau de celui à qui tu dois beaucoup
- Exercer odieux chantage pour couvrir malversations et accords indécents
- Prendre ses familles en otage, faire chanter et diplomatie mettre à genoux
- Pour que te soient octroyés honneurs, décoration, dons et encore argent
Si tu peux
- faire construire en des lieux paradisiaques résidences et palais
- Te gausser des tartufferies du « grand frère » qui se couche à tes ordres
- Engranger sans cesse biens, finances publiques ; détourner, piller, ruiner
- Faire de l’État ta propriété sans y instaurer prospérité mais désordres
Si tu peux
- outrager chaque jour ainsi ton Dieu et les Saints Versets du Coran
- Puis le soir venu te réfugier en ton précaire Palais, t’y vautrer en pleine aisance
- Penser que pardon d’Allah te serait octroyé à chaque pèlerinage, une fois l’an
- Oubliant que le triomphe n’appartient qu’à l’homme qui croit et agit en conscience
Alors et malgré tes richesses et la croix couleur du sang de tes victimes accrochée à ton veston fripé ; tu ne seras pas un homme, mon fils, mais tout simplement un tyran.
Bouh Warsama
à la façon de Kipling