20/04/08 (B444) AFP : Somalie: 47 morts dans d’intenses combats à Mogadiscio durant le week-end

MOGADISCIO (AFP) — Quarante-sept personnes, majoritairement des civils, ont été tuées lors d’intenses combats opposant forces gouvernementales somaliennes soutenues par les soldats éthiopiens aux insurgés islamistes à Mogadiscio durant le week-end, selon des témoins et des responsables.

Un précédent bilan faisait état dimanche soir de 44 morts en 48 heures et d’une centaine de blessés, selon un décompte établi par l’AFP sur la base d’informations recueillies auprès de témoins, de responsables des forces de sécurité gouvernementales et des insurgés.

Trois autres personnes sont mortes et 19 ont été hospitalisées après de nouveaux affrontements qui ont éclaté dimanche soir, portant à 47 le nombre des personnes tuées en deux jours, a indiqué un médecin travaillant à l’hôpital Madina à Mogadiscio.

Les combats les plus intenses se sont déroulés dans le quartier nord de la capitale somalienne, Huriwaa, où les affrontements n’ont pas cessé depuis samedi et au cours desquels des civils se sont retrouvés piégés dans des tirs croisés.

Des explosions d’obus et des tirs d’armes pouvaient toujours être entendus à la tombée de la nuit dimanche.

Un habitant, Muse Hassan Ali, a déclaré à l’AFP que les forces éthiopiennes avaient tué au moins cinq civils dans son voisinage. « Deux d’entre-eux travaillaient pour une compagnie de traitement de l’eau. Les trois autres ont été tués alors qu’ils étaient en train de se cacher dans un abri », a-t-il dit.

Plus tôt dans la journée, dans le quartier de Madina, des insurgés islamistes ont pris en embuscade un véhicule des forces de sécurité tuant deux soldats et un commerçant, touché lors d’échanges de tirs, a indiqué à l’AFP un témoin.

Dans un district nord de la ville près de l’université, trois civils ont, selon plusieurs témoins, été tués d’une balle dans la tête par des soldats éthiopiens.

« Les forces éthiopiennes sont entrées dans une enceinte où se trouvait mon frère et l’ont tué d’une balle en pleine tête », a rapporté Husein Abdelaziz.

« Nous voulons enterrer les morts mais le cimetière est dans une zone contrôlée par les Ethiopiens », a-t-il dit.

Cette nouvelle flambée de violences survient alors que samedi 18 personnes, dont de nombreux civils, avaient déjà trouvé la mort lors d’intenses combats entre forces gouvernementales somaliennes soutenues par les soldats éthiopiens et insurgés islamistes.

Quatre blessés ont succombé dimanche à leurs blessures parmi la centaine de personnes hospitalisées après les combats de samedi, selon des sources médicales.

Six civils blessés ont été admis à l’hôpital Madina, dont deux sont également morts dimanche, selon le directeur adjoint de l’établissement Dahir Dhere. Trente-six autres blessés ont été transportés à l’hôpital Keysaney de Mogadiscio.

La journée de samedi avait notamment été marquée par un drame dans un restaurant bondé: au moins cinq civils sont morts quand un obus d’artillerie a atterri dans le petit établissement où des familles se restauraient.

Mogadiscio est le théâtre d’attaques quasi quotidiennes depuis la débâcle des islamistes qui, en décembre 2006-janvier 2007, ont perdu les régions sous leur contrôle après une offensive des forces éthiopiennes venues soutenir le gouvernement somalien.

Le Premier ministre somalien Nur Hassan Hussein a justifié dimanche les opérations menées contre les insurgés par les forces gouvernementales et éthiopiennes. « Nous souhaitons la paix et faisons tout pour cela mais il faut faire la guerre à tous ceux qui favorisent la violence », a déclaré M. Hussein.

Depuis un an, les civils de Mogadiscio paient le prix fort de la guerre civile commencée en 1991.