22/06/11 (B609) Point de vue. Qui ne dit mot, consent ! Nous devons nous préparer à l’éventualité d’une sécession de l’état Afar. (Par Omar Gabassé)

Ismaël Omar Guelleh (IOG), qui avait commencé ses deux précédents mandats en éliminant la majorité des Afar des postes de l’appareil de l’État, va-t-il utiliser son 3ème mandat finir le travail ?

Cette élimination progressive est vérifiable dans les chiffres :
– armée nationale : 40 officiers Afar sur 280,
– police nationale : 23 officiers Afar sur 180,
– gendarmerie : 14 officiers Afar sur 50.
– garde républicaine : aucun officier Afar. Sur un effectif de plus de 1.000 soldats et sous-officiers, il n’y a que 50 Afar.

Cela montre le degré de tribalisme d’IOG.

De plus, après la manifestation du 18 Février 2011, IOG a ordonné le recrutement de jeunes pour renforcer ces différents corps.
Ainsi : – police nationale: 600 jeunes ont été recrutés, dont 20 Afar.
– gendarmerie nationale: 250 recrutés dont 30 Afar.
– garde républicaine: 250 recrutés dont 10 Afar.

Cette mise à l’écart quasi systématique d’une ethnie, fortement représentée dans la population, ne s’arrête pas seulement au niveau des différents corps. On retrouve le même phénomène l’administration:

– l’ancien Ministre de la santé, Abdallah Miguil a fait embaucher plus de 1.000 fonctionnaires durant son mandat et parmi eux aucun Afar.

– le Ministre des biens wharfs, Hamoud, arrivé au pays en 1989, naturalisé en 1992, a aussi recruté plus de 100 personnes entre 2009 et 2010 et seulement 6 Afar.

– entre avril et mai 2011, le frère d’IOG, Saad, ancien nettoyeur de vedette, devenu « Directeur général du Port » sous le règne de son frère, a embauché des centaines des jeunes au port et il aurait même dit que les Afar n’avaient pas leur place dans son administration.

– le nouveau Ministre de l’emploi et gendre de la première dame, dont les parents sont arrivés d’Éthiopie en 1975, aurait dit, en prenant ses fonctions que ce « ministère » était une « réserve » Afar, uniquement parce qu’il avait rencontré 3 ou 4 hauts cadres issus de cette ethnie. Réaction d’autant plus étonnante, quand on sait qu’il est marié à une femme issue de cette communauté !

Décidément, les naturalisés récents appliquent à la lettre les directives de leur patron !

– l’ancien Ministre de l’intérieur, Yacin Elmi Bouh, avait ordonné aux préfets du Nord, en 2005, de ne plus prononcer de jugements supplétifs qui permettaient de délivrer des cartes d’identité nationales aux citoyens vivant en brousse, alors qu’il avait autorisé les préfets du sud à continuer de les faire !

– l’ancien Ministre de l’éducation, Abdi Ibrahim, arrivé au pays en 1974, a éliminé tous les cadres Afar de l’éducation. Il s’est même permis de promouvoir une secrétaire à l’une des directions en remplacement d’un afar qui occupait le poste d’adjoint.

C’est comme cela qu’IOG continue l’épuration systématique des Afar de tous les emplois publics.

Face à constat, il nous appartient, à nous les Afar, de ne pas attendre les bras croisés, la mort lente qui a été programmée par le dictateur. L’impartialité commande de préciser que si les Afar sont les principales victimes de l’épuration ethnique, elle n’a pas touché que cette communauté puisqu’un grand nombre de vrais djiboutiens (natifs du pays), quelle que soit leur appartenance ethnique, ont aussi été victimes des purges au profit de « fraichement » naturalisés qui ont été placés à tous les rouages de l’administration avec en plus un « permis » de détournement des fonds publics.

Pour faire échec au plan d’IOG:

– Nous devons impérativement nous mobiliser dès maintenant pour préparer la sécession. Déjà, des jeunes, de l’intérieur du pays, ont pris conscience de ces injustices et ils réclament le retour à l’égalité ou sinon la naissance d’un État fédéral Afar.

– Nous devons cesser de nous quereller pour déployer une force commune contre ceux qui nous privent de nos droits légitimes et qui veulent notre disparition,

– Nous organiser des groupes linguistiques (anglophones, arabophones, francophones) de lobbying pour diffuser nos messages à travers le monde en informant et en préparant l’opinion internationale à la nécessité impérieuse d’assurer la coexistence pacifique et harmonieuse entre les différentes composantes de la République. Un régime dictatorial au pouvoir, avec aux commandes des djiboutiens fraichement naturalisés, sans foi ni loi, sans culture et systématiquement hostiles aux véritables détenteurs du droit du sol, n’est plus possible.


Nous mobiliser aussi pour soutenir les opposants de l’intérieur et de l’extérieur, financièrement, moralement et matériellement. Il n’est plus possible de rester un spectateur passif de al dégradation de notre existence en tant qu’ethnie de la région. Chacun de nous doit agir à son niveau. Déjà, en 1991, nous avions mis en échec le plan de Monsieur Ismaël Guedi et consorts qui prévoyait de réduire de moitié le nombre des députés Afar. Aujourd’hui, selon le recensement de 2009, publié par la Présidence, la population Afar représenterait plus de 50 % de la population djiboutienne.

Donc, mettons nos problèmes internes de côté et mobilisons nous pour préparer la sécession de nos 87% des 23000km2 qui plongerait la capitale dans un avenir incertain.

Omar Gabassé