19/11/1999 – Les Afars veulent l’arrêt des combats entre Éthiopiens et Erythréens (Dini) Par Guebray BERHANE. (AFP et A. DINI – FRUD Paris)

(Source AFP : MINITEL : 08 36 29 36 19 et A. DINI – FRUD PARIS).

« La population Afar, présente à Djibouti, en Éthiopie et en Erythrée, est « la plus concernée » par la guerre opposant Addis Abeba et Asmara depuis plus de 18 mois et « veut l’arrêt immédiat des combats », a affirmé à l’AFP à Paris l’opposant djiboutien Ahmed Dini.
« Le groupe Afar est le plus intéressé et le plus concerné par l’arrêt des combats » entre les deux pays voisins de la Corne de l’Afrique car « nos frères meurent sur plusieurs champs de bataille », a déclaré jeudi le chef de l’aile radicale de la rébellion du Front pour la Restauration de l’Unité et la Démocratie (FRUD), qui a demandé l’asile politique à la France.

Les Afars vivent traditionnellement de part et d’autre des frontières séparant Djibouti, l’Éthiopie et l’Erythrée.

La guerre entre l’Éthiopie et l’Erythrée, déclenchée en mai 1998, et qui risque d’embraser la Corne de l’Afrique, a déjà fait plusieurs dizaines de morts et des centaines de milliers de déplacés.
« Le but final dans la région semble être le conflit et non le développement » économique, a estimé M. Dini jugeant ce conflit « irrationnel ».

Il a, par ailleurs, nié tout rapprochement de son mouvement avec les autorités d’Asmara en soulignant « ne pas être au service de l’Erythrée ».
Toutefois, l’opposant afar a précisé « qu’en principe, il est légitime que si le gouvernement de Djibouti est soutenu par l’étranger, nous le combattions par un soutien étranger ». « Mais ce n’est pas le cas pour nous », a-t-il ajouté. novembre 1998 après que l’Erythrée ait accusée Djibouti de « soutenir l’effort de guerre éthiopien ».

Ahmed Dini Ahmed, hostile au président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, a réaffirmé : « nous continuons nos actions militaires car aucune de nos revendications, et en premier lieu, le dialogue, n’a été satisfaite ».

Les derniers combats entre l’armée djiboutienne et le FRUD remontent à août 1999 dans le district de Tadjourha (nord), selon le front qui affirme avoir abattu un hélicoptère de l’armée. Le ministère djiboutien de la Défense avait parlé d’un accident qui a fait huit morts.

Par ailleurs, M. Dini, qui a vécu au début des années 90 à Addis Abeba avant de quitter ce pays pour le Yémen à la demande des autorités éthiopiennes, a regretté le soutien actuel accordé par l’Éthiopie au gouvernement djiboutien.

Outre le transit via Djibouti de la quasi-totalité de son import-export et le récent accord entre l’Éthiopie et Djibouti destiné à « préserver la sécurité à leur frontière », l’Éthiopie a accueilli M. Guelleh début novembre à Addis Abeba pour une visite d’État de trois jours.

« Nous considérions l’Éthiopie comme une garantie de sérieux mais ce n’est plus une référence », a confié l’opposant djiboutien.

Interrogé sur les conséquences de l’amendement proposé le 10 novembre par le député français Arnaud Montebourg (socialiste), également président du groupe d’amitié France-Djibouti, de réduire l’aide directe de la France à Djibouti en 1999 de 95 millions de francs français, M. Dini a estimé que « le peuple ne s’en apercevra même pas car il n’en profite déjà pas ».

Le dirigeant de l’aile radicale du FRUD a également qualifié de « gesticulation » la récente initiative djiboutienne visant à régler la crise en Somalie, en proie à une guerre civile depuis 1991.
« La solution ne viendra pas de l’extérieur mais d’eux-mêmes », a conclu Ahmed Dini. »