28/10/02 En continuant à assurer un soutien abusif et sans faille au dictateur sanguinaire de Djibouti, la France pourrait-elle un jour être accusée de complicité de crimes contre l’humanité ? La question peut-être posée, d’autant plus que la France ne pourra pas se prévaloir du fait qu’elle n’était pas au courant de ce qui se passait à Djibouti.
La France, après
avoir affiché une certaine fermeté et exprimé son refus
de céder au chantage de Guelleh (durant son séjour à
Paris), vient finalement de lâcher 10 millions d’euros au dictateur,
sans aucun objectif précis, ni mesurable, ni vérifiable
Les observateurs s’accordent généralement à penser que
cet argent permettra d’alimenter les comptes personnels du dictateur et de
ses proches. Les retombées sur la population devraient être infimes.
Guelleh en utilisera certainement
une partie pour remporter les prochaines élections, en achetant des
membres de l’opposition, des électeurs et des observateurs.
Trois
raisons possibles qui auraient pu faire modifier radicalement l’attitude française
en quelques jours.
Pour quelles raisons,
la France a-t-elle changé son langage en quelques jours ?
Entre le discours de Paris
: ‘oui à la renégociation des accords de défense,
mais non à modifier les aspects financiers’ et la position inverse
d’aujourd’hui » oui à des subventions complémentaires,
mais non à la renégociation des termes des accords « ,
que s’est-il passé ?
1 – D’abord, il
y a eu un attentat contre un pétrolier français qui
est survenu, comme par hasard, juste après le refus affiché
de la France. Mais, hormis la coïncidence heureuse pour Guelleh, nous
serions bien incapable d’établir un lien, que seuls certains responsables
d’État pourraient confirmer ou infirmer
2 – Ensuite, Guelleh
aurait pu déléguer un ex-opposant ‘reconverti’ à Paris pour renégocier
sa position. Aurait-il fait valoir ses anciens états de service
et aurait-il utilisé son image de Défenseur reconnu des Droits de l’Homme pour se porter
garant auprès des français, d’un hypothétique changement intervenu subitement dans la personnalité de Guelleh et qui aurait transformé par un coup de baguette magique le loup en agneau ? Cela est toujours possible
!
3 – Enfin Guelleh
aurait pu utiliser de façon dynamique la concurrence franco-américaine.
La Ministre a bien ressenti le besoin d’expliquer longuement qu’il n’y avait
pas de concurrence franco-américaine et que les objectifs de nos alliés
n’étaient pas de s’implanter durablement à Djibouti. Cela est-il
suffisant pour accréditer cette thèse ? Le bon sens populaire dit que « Ce n’est que confronté
à un problème, que l’on ressent le besoin de se justifier
.
S’il n’y a pas de problème, on a pas besoin d’en parler. Alors ?
Il
y a peu de chances que cet argent profite au peuple !
Tout le monde sait bien
que ce nouvel apport d’argent frais n’a pas beaucoup de chance de profiter
à ceux qui en auraient besoin : les populations civiles. La France
ne peut pas l’ignorer. Il lui suffit de lire notre site pour savoir tous les
crimes commis par Guelleh. On peut même craindre que ces nouvelles subventions
donnent des moyens supplémentaires à Guelleh pour renforcer
la pression et l’étranglement du peuple.
D’ici à ce que
certains commencent à parler de la complicité hypothétique
de la France avec le régime de Guelleh qui viole les Droits de l’Homme,
qui fraude les élections et qui asservit un peuple, il y a un pas qui
pourrait être franchi assez rapidement.
Attention
aussi , car l’affaire Borrel pourrait revenir sur le devant de la scène.
Le dossier Borrel n’est
pas clos. Des prochains rebondissements pourraient orienter les suspicions
vers des proches du Chef de l’Etat et peut-être vers lui-même
en personne. Ces rebondissements prévisibles donneront-ils aux enquêteurs
sinon des preuves, au moins des indices ou des pistes à suivre ? Les
informations parcellaires, dont nous disposons, pourraient le laisser supposer.
Et que dirait alors la
France qui soutient abusivement le dictateur, s’il était convaincu
d’avoir participé directement ou indirectement à l’assassinat
d’un juge français ? La justification sera bien difficile. Il faudra
que les communicateurs du Gouvernement se creusent la tête pour dire
qu’ils n’en savaient rien ….
Peut-on dire en synthèse
que la France prend un énorme risque en continuant de subventionner
abusivement un personnage qui pourrait être impliqué dans l’assassinat
de l’un de ses représentants ?
Sauf à essayer
(en complicité avec Guelleh) d’étouffer l’affaire Borrel, ce
qui n’est pas du tout exclu … et qui a certainement déjà été
tenté … Si cela n’a pas encore réussi, c’est grâce à
la conviction et au courage de Mme Borrel (et de certains témoins qui
refusent de se faire acheter) qui font obstacle à toutes ces manoeuvres
honteuses.