18/05/03 (B198) DAF contre-attaque contre le ‘sulfureux’ Général Zakaria. Mémoire en défense de DAF, pour le procès en appel.(Info MRD de Belgique)

 

A
Djibouti, qui gagnera, le crime ou la vertu ?
Réponse devant la Cour d’Appel

D’un côté,
le crime, sous la forme d’un général ‘sulfureux’, que
certains disent être un amateur de ballets particuliers et de
fêtes spéciales qu’il pourrait organiser à l’intérieur
même du camp Cheik Osman

De l’autre,
la vertu. Un leader politique de l’opposition, sans cesse harcelé
par le régime et par ses barons, dont l’inénarable Ministre
Elmi Bouh. Il croupit dans la sinistre prison de Gabode, pour avoir
diffusé la vérité.

Affaire Djibouti,
le 04 mai 2003
du RP 841/03


CONCLUSIONS EN RÉPLIQUE

Pour
Monsieur Daher Ahmed Farah, président du Mouvement pour le Renouveau
démocratique et le Développement (MRD) et directeur de publication
du Renouveau Djiboutien
Contre : Général Zakaria Cheik Ibrahim

En présence du
Ministère public

PLAISE A LA CHAMBRE
CORRECTIONNELLE DE LA COUR D’APPEL

I : RAPPEL DES FAITS

L’hebdomadaire le Renouveau
Djiboutien que je dirige a publié, en son édition n°469
du jeudi 6 mars 2003, aux pages 4 et 5, un article intitulé :  »
Le commandement militaire procède à des renvois politicards
« 
qui critique l’attitude peu neutre, politiquement parlant, de l’Armée
et de son commandement. Ce court article est le suivant :  » LE COMMANDEMENT
MILITAIRE PROCEDE A DES RENVOIS POLITICARDS. Décidément, le
commandement militaire n’a que faire du devoir de réserve et de neutralité.
Il se pense comme le bras armé du régime et agit en conséquence.
C’est ainsi que le général Zakaria Cheik Ibrahim, Numéro
deux de l’armée, ne fait aucun mystère de sa fidélité
active au pouvoir et bat la campagne en toutes saisons.

C’est aussi pourquoi
quatre cadres (trois sous-officiers et un caporal-chef ancien) viennent d’être
renvoyés de l’institution militaire pour manque de ferveur pour le
régime. Il s’agit des Adjudants-chefs Ali Mohamed Farah et Osman Omar
Guedi, du Sergent-chef Abdo Mohamed Turki et du Caporal-chef ancien Youssouf
Ali Mohamed.

Il leur a été
clairement reproché de ne pas faire campagne pour la liste du pouvoir
aux dernières élections législatives et de pencher pour
les candidats de l’opposition. Comme si tout citoyen n’avait pas le droit
de voter pour qui il veut.

Le Général
Zakaria Cheik Ibrahim, qui menaçait les cadres logés aux Cités
Gabode I et II de représailles sévères en cas de non-respect
à ses consignes de soutien au RPP, c’est-à-dire à l’UMP,
a donc ainsi mis en exécution ses menaces.

Nous condamnons vivement
ces renvois abusifs et exigeons la réintégration des victimes.
Comme nous mettons en garde le Général Zakaria contre tous agissements
pro-régime. Nous lui demandons de respecter l’honneur militaire ainsi
que la valeur des galons de Général qu’il porte et de cesser
de se comporter en caporal sous-claniste. « 

Dans une requête
de plainte référencée 841/03, le Général
Zakaria Cheik Ibrahim, Numéro deux de l’Armée avec le titre
de Chef d’Etat-Major de la Défense, s’est dit diffamé par cet
article et la chambre correctionnelle du Tribunal de première instance
lui a donnée gain de cause en me condamnant par jugement n°154/03
du 7 avril 2003 en ces termes :

– Déclare
Daher Ahmed Farah coupable du délit de diffamation ;
– En répression, le condamne à la peine de six mois d’emprisonnement
avec de sursis et 200 000 FD d’amende ferme ;
– Délit prévu et réprimé par l’article 429 al
1er du Code Pénal ;

Action Civile :

– Reçoit Monsieur
le Général Zakaria Cheik Ibrahim en sa constitution de partie
civile ;

– Condamne Monsieur Daher
Ahmed Farah payer à Monsieur le Général Zakaria Cheik
Ibrahim la somme de 200 000 FD à titre de dommages et intérêts
pour les préjudices subi ;

– Ordonne la publication
du présent jugement dans les deux numéros du journal le Renouveau
Djiboutien qui suivent le jugement sous peine d’astreinte de 10 000 FD par
jour de retard ainsi que dans deux (2) autres journaux paraissant à
Djibouti au choix du requerrant et aux frais du prévenu dans le même
format et avec les mêmes caractères que l’article incriminé
conformément à l’article 107 al 3 de la loi du 15/09/92 ;

– Ordonne l’exécution
provisoire sur minute et avant enregistrement en ce qui concerne la publication
conformément aux articles 107 al 2 et 3 et 70 al 7 de la loi du 15/09/92.

– Condamne le prévenu
aux entiers dépens.  » Condamnation dont j’ai interjeté
appel.

Le plaignant se fonde
sur les phrases et expressions suivantes de l’article à l’appui de
sa plainte.  » Le commandement militaire n’a que faire du devoir de réserve
et de neutralité. Il se pense comme le bras Armée du régime
et agit en conséquence. C’est ainsi que le Général Zakaria
Cheik Ibrahim, Numéro deux de l’armée, ne fait aucun mystère
de sa fidélité active au pouvoir et bat la campagne en toutes
saisons. C’est aussi pourquoi quatre cadres (trois sous-officiers et un caporal-chef
ancien) viennent d’être renvoyés de l’institution militaire pour
manque de ferveur pour le régime. Il s’agit des Adjudants-chefs Ali
Mohamed Farah et Osman Omar Guedi, du Sergent-chef Abdo Mohamed Turki et du
Caporal-chef ancien Youssouf Ali Mohamed.

Il leur a été
clairement reproché de ne pas faire campagne pour la liste du pouvoir
aux dernières élections législatives et de pencher pour
les candidats de l’opposition. Comme si tout citoyen n’avait pas le droit
de voter pour qui il veut.

Le Général
Zakaria Cheik Ibrahim, qui menaçait les cadres logés aux Cités
Gabode I et II de représailles sévères en cas de non-respect
de ses consignes de soutien au RPP, c’est-à-dire à l’UMP, a
donc ainsi mis en exécution ses menaces.

Nous condamnons vivement
ces renvois abusifs et exigeons la réintégration des victimes.

Comme nous mettons en
garde le Général Zakaria contre tous agissements pro-régime.

Nous lui demandons de
respecter l’honneur militaire ainsi que la valeur des galons de Général
qu’il porte et de cesser de se comporter en caporal sous-claniste . »

II : DISCUSSION

Aux yeux du Général
Zakaria Cheik Ibrahim, ces phrases et expressions constituent des  » allégations
ou imputations de faits portant atteinte à son honneur et à
sa réputation et constituent le délit de diffamation « .

Or, que disent les passages
incriminés de l’article ? Deux choses. La première est la critique
de l’attitude du commandement militaire qui manque de neutralité politique.
Ce qui est contraire au devoir de réserve de l’institution militaire
en matière politique. Composée d’hommes et de femmes en armes,
formés, équipés et entraînés au combat,
l’armée a pour mission de défendre le territoire national. Elle
n’a donc pas à s’ingérer dans le jeu politique et à prendre
parti. Et ce pour des raisons d’équilibre démocratique et républicain
évidentes. Cela dit, ses membres sont des citoyens et ont, à
ce titre, le droit de voter pour qui ils veulent lors des élections.
Le devoir de réserve n’excluant pas, bien entendu, le droit de vote.

La seconde chose, c’est
l’illustration de cette attitude par le cas du Général Zakaria
Cheik Ibrahim, Numéro deux de l’Armée, ainsi que par le renvoi,
au lendemain des législatives du 10 janvier 2003, de quatre cadres
militaires, déjà intimidés lors de la campagne électorale
en raison de leur manque de soutien à la liste des candidats du parti
au pouvoir et de ses alliés baptisée  » Union pour la Majorité
Présidentielle  » (UMP).

L’une comme l’autre de
ces deux choses sont de notoriété publique et bien connues des
Djiboutiens. Que le commandement militaire intervient sur la scène
politique et apporte ouvertement son soutien au pouvoir en place, n’est un
secret pour personne dans ce pays. Nous, à l’opposition, le dénonçons
régulièrement depuis l’ouverture démocratique de 1992.

Il n’est pas, par exemple,
d’élections où le commandement militaire ne participe pas au
bourrage des urnes à travers ses troupes à grands renforts d’ordres
de missions et d’ordonnances. Qui n’a pas vu ces camions chargés de
soldats passer de bureau de vote en bureau de vote, particulièrement
en zone rurale du district de Djibouti et dans les régions de l’Intérieur
? Qui n’a pas entendu ces soldats raconter leur bourrage d’urnes ou leur vote
forcé aux lendemains des élections ?

La structure politique
de ce pays où le même parti (le Rassemblement Populaire pour
le Progrès) monopolise le pouvoir depuis l’accession à l’Indépendance
de 1977, n’est du reste pas étranger à cette attitude. D’autant
que le chef dudit parti, est également le chef de l’Etat, du gouvernement,
de l’administration et chef suprême des armées. C’est la culture
de la facilité qui, comme dans d’autres sphères de l’Etat, se
manifeste chez le commandement :

Faire allégeance
du parti dominant lui semble plus profitable que le respect d’un devoir de
réserve que les plus hauts responsables administratif de l’Etat foulent
eux-mêmes au pied. Sous le président Hassan Gouled Aptidon, Monsieur
Ismaël Omar Guelleh, actuel Chef de l’Etat, bien que alors fonctionnaire
et statutairement soumis a l’obligation de réserve, ne faisait-il pas
partie du Comité Exécutif du Rassemblement Populaire pour le
Progrès ?

Inutile de rappeler que
les témoins sont légion en ce qui concerne la politisation du
commandement militaire et de l’Armée. J’en cite d’ailleurs quelques-uns
dont moi-même, Daher Ahmed Farah, qui puis témoigner de cette
identification du commandement militaire au régime RPP pour avoir été
officier de 1984 à 1990 et servi dans l’Armée, notamment à
l’Etat-Major. Je joins aux présentes la liste d’autres témoins.

Il n’est donc pas étonnant
que le Général Zakaria Cheik Ibrahim s’inscrive dans cet état
d’esprit du commandement dont il fait partie. Sa fidélité active
au pouvoir en place est évidemment de notoriété publique.
Tant il est vrai qu’il ne s’en cache pas et, fait, par exemple, campagne pour
le régime lors des élections. Comme au dernier scrutin du 10
janvier 2003 où il a beaucoup agi. Certains de nos partisans ont dû
l’interpeller à l’entrée du siège central du RPP au centre
ville (ancien bar-dancing Mocambo).

Le caractère
notoire des activités politiques du Général en faveur
du régime s’illustre d’ailleurs en partie par les prestations de la
Troupe Harbi de l’Amée. Ce groupe d’artistes militaires qu’il a longtemps
dirigé, et dirige encore dans les faits, participe au grand jour à
la propagande politique du régime dont il chante à la gloire.
Ces chansons font partie du répertoire de la Radio Télévision
de Djibouti (RTD) qui les diffuse régulièrement au même
titre que les chansons des artistes civils. Le principal auteur du groupe,
qui fait office de collaborateur culturel du Général, le capitaine
Ali Dirieh Egal dit Ali Gaab, est bien connu pour sa contribution à
cette propagande. Il a été reçu, voilà quelques
années, à une émission culturelle de la RTD appelée
Salam calay kum où il affichait ses états de service.

Etats qu’a confirmés
le Général sur le plateau de la même émission peu
après. J’ai, moi-même, été témoin de conversations
entre Ali Dirieh (il était adjudant à l’époque) et le
Général (qui n’était alors que commandant) où
le second donnait au premier des consignes de composition pour la Troupe Harbi.

Voilà pourquoi
il n’a pas hésité à intimider les cadres militaires en
question lors de la campagne électorale, les menaçant notamment
de renvoi. Renvoi qui, comme par hasard, s’est fait dès le 19 janvier
2003, au lendemain des élections du 10 janvier 2003.

La décision de
mise à la retraite d’office les concernant (à lire ci-joint)
fait clairement ressortir le caractère punitif de leur départ
de l’armée. Elle fait notamment référence, dans ses attendus
à des  » instruction du commandement militaire « , précisant
ainsi que cette mise à la retraite d’office est consécutive
à la volonté du commandement militaire dont le Numéro
deux, le Général Zakaria Cheik Ibrahim, avait menacé
durant la campagne électorale les intéressés de renvoi
de l’Armée.

On le voit, le soutien
politique actif du commandement militaire et de son Numéro deux, le
Général Zakaria Cheik Ibrahim, est de notoriété
publique. N’en déplaise au conseil du Général qui tente
de faire valoir que, parce que je n’ai pas fourni de preuve écrites
dans les cinq jours suivant la signification de la citation directe, le Renouveau
Djiboutien a fauté et diffamé son client. Non sans passer sous
silence la présence abondante de témoins à l’audience
du 31 mars 2003 devant le premier juge et la remise à celui-ci par
mes soins d’une copie de la décision de mise à la retraite d’office
de quatre militaires. Du reste, il ne me paraît pas inutile, de ce point
de vue, de joindre aux présentes une copie du compte rendu de l’audience
par le Renouveau Djiboutien.

Nier le bien-fondé
de la critique du Renouveau Djiboutien, qui vise finalement à une réaction
salutaire du Commandement militaire et du Général Zakaria Cheik
Ibrahim, c’est, on le remarque, nier l’évidence et se voiler volontairement
la face sur la vérité. Loin de diffamer le Renouveau djiboutien
a fait un constat critique et appeler qui de droit à s’amender.

PAR CES MOTIFS :


Voir annuler le jugement de première instance ;
– Voir débouter le Général Zakaria Cheik Ibrahim de toutes
ses prétentions
– Voir mettre le plaignant aux entiers dépens