28/12/05 (B330) Message d’adieu d’un lecteur.

Ayssa Mataaka !

C’est la première fois que j’entre dans l’arène et la dernière fois.

Pourquoi ? Qui ? Comment ? Bonnes questions !

Ce que j’appelle arène, c’est votre site qui vieillit bien !

C’est pour
avoir suivi de très près sa naissance, sa croissance avec ses crises
d’adolescence (acnés et trahisons) que j’apprécie aujourd’hui sa maturité.
Il est je crois parvenu à son apogée.

C’est pourquoi je crois opportun de
m’y exprimer ici et maintenant.

Tout ici bas étant limité, j’y veux expliquer les limites de la Patience
humaine, longuement définies par deux personnes dont je tiens ici à relater
les propos.

18 DEC 2005 :Il est près de 17h quand je vois arriver le cortège de
l’opposition à ARHIBA II, sans tambours ni trompettes .Au niveau du
dispensaire financé par un don Italien, est garé un véhicule banalisé des
R.G. Banalisé est bien le terme approprié, car ceux qui émargent à son
budget, de manière occasionnelle ou permanente sont banalement connus de
presque tous.

Le cortège salue le véhicule et ses occupants qui le lui
rendent. L’Heure n’est plus à la politique, « Yab Siyassak Tatreh ! »
Tout le monde se recueille. Quelques uns sur invitation expresse des
organisateurs prennent la parole, contraints.

Elle est brève.
L’espace d’un petit quart d’heure, je suis tour à tour kidnappé par deux
personnes.

Chacun interprétera selon sa conscience, leurs propos qui sonnent
encore dans mes oreilles comme un mot d’ordre et que je rapporte fidèlement
devant ALLAH et ses créatures

La première personne, un vieil homme, me dit en substance :
-« Vois-tu jeune homme, je suis un miraculé du 18 DEC 1991. J’ai perdu ce
jour là, mon neveu, ma femme, un fils et un frère. Cette folie meurtrière
s’est reproduite à quatre reprises sur le même lieu,, avec plus ou moins
d’intensité et de victimes.

En quinze ans ( 18 DEC1991-30 NOV2005), nous n’avons pas été indemnisés
malgré nos multiples recours en justice auprès de l’Etat. Nos demandes
d’assistance auprès des O.N.G, de nos partenaires et hôtes sont restées
lettre morte.

Néant ! Sinon une compassion feinte ou réelle, mais qui ne
guérit pas .La commémoration de cette journée, si elle donne bonne
conscience à ses organisateurs et participants ne me soulage pas.

Pire !
J’ai, à tort ou à raison la désagréable impression qu’on retourne le couteau
dans une plaie qui saigne encore. Notre seul tort à Arhiba est d’avoir
accueilli à bras ouverts des immigrés venus des quatre coins du monde et qui
aujourd’hui s’acharnent à expulser les indigènes Je ne te demande pas de
venger les morts.

ALLAH s’en chargera tout seul incessamment sous peu.

Ce
que je te demande, c’est d’agir inlassablement pour réparer ces torts. Par
tous les moyens autres que ceux épuisés. Avec discernement sans te tromper
d’ennemi. Inlassablement, par tous les moyens.Ayssa Maataaka ! » « Mataaka » dans le cas d’espèce signifie « Haro sur les Décaseurs !

C’est
pas tombé dans l’oreille d’un sourd .
Je quitte le vieux précipitamment en proie à un irrépressible instinct que
je cherche à dominer. En vain ! Aussitôt une autre personne m’entraîne à
l’écart.

Une vieille en guenilles, édentée, ravagée par les rides.
-« Sais-tu pourquoi ces malheureux tuent et meurent de manière chevaleresque
chaque fois qu’ils sont injustement agressés ?

Par instinct de survie !

Sais-tu pourquoi cet instinct leur fait défaut avant et après l’agression ?

Parce ce qu’ils ne connaissent pas leurs droits spoliés par de récents
immigrés venus d’Aïch’a et Guérissa. Seras-tu apte à les revendiquer ?

Mais c’est ce que nous faisons !

Vous le faites mal, l’injustice n’est effectivement pas une fatalité, mais
seuls peuvent convenablement la combattre les plus désintéressés et prêts
aux sacrifices. Sauras-tu en être ? »
Elle m’en arrache le serment.

Satisfaite elle s’assoit et attend. Je m’en
vais !

Le vieux a expiré le surlendemain.

La vieille toujours assise là-bas nous
attend tous.

Ebileh Koudouss