28/12/06 (B375) Le gouvernement d’Addis en mal de légitimité (La Libre – Info lectrice)

Le
régime éthiopien se maintient au pouvoir grâce à
une forte répression et après des fraudes électorales.

La
tension entre l’Ethiopie et la Somalie survient alors que le gouvernement
d’Addis Abeba avait cessé d’être considéré par
les Occidentaux comme un « bon élève ».

La Grande-Bretagne
avait suspendu une partie de son aide à l’Ethiopie, il y a un an, pour
protester contre le déchaînement de violence du régime
du Premier ministre Meles Zenawi contre son opposition; l’Union européenne
avait emboîté le pas à Londres.

Ces décisions
avaient été prises alors que des affrontements entre pouvoir
et opposants, regroupés autour du Parti de la coalition pour l’unité
et la démocratie (CUDP), avaient fait plusieurs dizaines de morts en
novembre 2005 et que les autorités avaient arrêté plusieurs
milliers d’opposants.

Fraude
électorale

Ceux-ci
protestent contre les irrégularités perpétrées
par le régime lors des élections législatives de mai
2005, qui ont maintenu Meles Zenawi au pouvoir.

Selon
les observateurs de l’Union européenne, le scrutin avait été
marqué par « des irrégularités, des retards, l’opacité
dans le décompte des voix et la compilation des résultats »
qui furent publiés fin août seulement, sans compter « des
fraudes ultérieures » et un insatisfaisant traitement des plaintes
pour fraudes.

En septembre
2005, lors de son ouverture, le parlement – où le parti de Meles Zenawi
occupait la majorité des sièges – avait privé de leur
immunité les élus du principal parti d’opposition après
un discours du Premier ministre affirmant que ceux-ci risquaient de profiter
de leur immunité pour renverser le gouvernement.

OPA
sur le pouvoir

Meles
Zenawi est au pouvoir depuis 1991. Il dirigeait une des six rébellions
alors victorieuses de la dictature marxiste du colonel Mengistu, le Front
populaire révolutionnaire démocratique, qui s’appuyait sur la
minorité ethnique tigréenne. Cette OPA sur le pouvoir avait
mécontenté les autres mouvements rebelles, notamment le Front
de libération oromo, qui s’appuie sur le principal groupe ethnique
éthiopien, les Oromos. Ce Front est, aujourd’hui encore, la bête
noire du régime de M. Zenawi.

Les victoires
militaires des islamistes en Somalie ont clairement permis à M. Zenawi
de faire oublier à Washington les sujets qui fâchent en se faisant
passer pour le champion de la lutte contre « le terrorisme islamique ».

Marie-France
Cros