23/01/07 (B379) Le khat, ami du pouvoir ou ennemi des opposants ? (Lectrice)
Mastiqué
à longueur d’après-midi par une majorité de Djiboutiens,
le khat est-il devenu l’opium de notre peuple ? Peut-on sérieusement
se plaindre de salaires mal versés, de retraites amputées de
ses jambes, et d’autres joies semblables auxquelles est confrontée
la population djiboutienne, quand on sait que, peu ou prou, le salaire moyen
s’il est versé sera précipité dans le khat ?
Voilà
un gaspillage honteux dans un pays qui ne roule pas sur l’or ! Quel péché
avons-nous commis pour nous plier en masse à cette drogue, douce dit-on,
mais drogue sociale pure et dure, pour dire les mots justes ?
Entre
1981 et 1990, les dépenses consacrées au khat auraient représenté
l’équivalent d’un tiers des importations en alimentation (3 Milliards
contre 10 milliards de francs Djibouti). Autant dire que pour de nombreux
concitoyens, cette plante est quasiment aussi vitale que la nourriture, ce
qui est une constatation affligeante !
Rappelons
par exemple que l’année 1983, à en croire les rares statistiques
officielles, le comble a été atteint : alors que le budget de
l’éducation nationale était de 1,43 milliards de FDJ, les importations
de khat s’élevaient à 3,55 milliards de FDJ. D’où
cette morale de l’histoire : il valait mieux être "brouteur"
que professeur, vendre du rêve plutôt que du savoir!
Les adversaires
du régime se sont peut-être insuffisamment éclaircis sur
les méfaits de cette plante, qui détruit son homme, et qui détruit
sa femme de plus en plus, mais qui démolit aussi leur vie ainsi que
leur pays tout entier par extension.
Cette
situation porte des coups sévères aux motivations des citoyens
désireux de s’engager, assommant lourdement leur volonté
et leur efficacité dans la lutte contre ce système. Le khat
est le symbole par excellence de ce pouvoir, décidé bille en
tête à favoriser sa consommation à des fins manifestes
: engourdir les revendications, sinon les annihiler.
A-t-on
le droit de se coucher sous le poids de ce mal absolu et dire ne rien ressentir
dans sa chair ? De grâce, ouvrez les yeux, Djiboutiens, le khat est
l’ennemi de votre salubrité, le khat est l’ennemi de vos aspirations.
Le faux plaisir qu’il procure ne sera jamais votre compagnon dans la
lutte. En desservant votre pays, il altère un souffle à portée
de votre jeunesse pour un monde que vous pourriez changer.
Mariam