12/12/07 (B425) NOUVEL OBS avec AP : Sarkozy évoque l’affaire Borrel avec le président djiboutien

Le président Nicolas Sarkozy a évoqué mardi l’affaire du juge Bernard Borrel avec son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, selon le porte-parole de l’Elysée David Martinon.

Lors de leur entretien à l’Elysée, les deux hommes "sont tombés d’accord sur le fait que la France et Djibouti entretiennent des relations d’Etat à Etat qui sont des relations de confiance", selon M. Martinon. "Pour le reste, la justice est indépendante" et "les Etats n’ont pas à s’immiscer dans le travail des juges".

"Il n’y a pas de lien entre les procédures judiciaires et les relations entre les deux Etats", a ajouté M. Martinon. MM. Sarkozy et Guelleh "ont convenu qu’une bonne coopération entre les juges des deux pays, dans le respect du droit international, était dans l’intérêt d’une bonne justice".

Le président de Djibouti a quitté l’Elysée sans faire de commentaires, lançant juste à l’adresse des journalistes qui l’interpellaient: "coopération et amitié avec la France", avant de s’engouffrer dans sa voiture.

La République de Djibouti a saisi la Cour internationale de justice, principal organe judiciaire des Nations unies, en janvier 2006 pour une "violation" par la France de ses "obligations internationales" dans le cadre de l’affaire Borrel, ce magistrat retrouvé mort brûlé le 19 octobre 1995 face à l’Ile du Diable à Djibouti.

La version officielle djiboutienne parle d’un suicide par immolation, une hypothèse vivement contestée par la famille et démentie par des expertises indépendantes qui pointent des causes extérieures. La veuve du magistrat, Elisabeth Borrel, désigne le président Ismaël Omar Guelleh comme l’un des commanditaires de cet assassinat.

Le différend porté devant la CIJ concerne le refus des autorités gouvernementales et judiciaires françaises de transmettre à Djibouti le dossier de l’enquête ouverte en France sur la mort du juge.

Les autorités djiboutiennes protestent par ailleurs contre la convocation par la France de ressortissants djiboutiens bénéficiant d’une protection internationale, dont Ismaïl Omar Guelleh.

Selon le porte-parole de l’Elysée, le président français a expliqué mardi à son hôte que la "France est une amie fiable et sincère de Djibouti et qu’il comptait travailler avec le président Guelleh pour renforcer les liens entre la France et Djibouti, notamment économiques".

En particulier, "la France poursuivra sa coopération militaire avec Djibouti, notamment en matière de formation des cadres djiboutiens". Nicolas Sarkozy a dit qu’il "considérait Djibouti comme un maillon stratégique dans le dispositif militaire et diplomatique français à l’étranger".