Affaire Borrel : «La justice française pas indépendante»
Propos recueillis par Aziz Zemouri, Le Figaro Magazine.
INTERVIEW Nicolas Sarkozy sest entretenu mardi avec le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh. En exclusivité, le président djiboutien a répondu aux questions dun de nos journalistes.
«La France et Djibouti entretiennent des relations dEtat à Etat de confiance » a déclaré, le porte-parole de lElysée, David Martinon à lissue de la rencontre entre Nicolas Sarkoy et le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh. Les deux hommes ont longuement évoqué lenquête sur lassassinat du juge Borrel mais rien na filtré sur cette affaire à lissue de la rencontre.
Magistrat détaché à Djibouti, Bernard Borrel a été retrouvé mort en 1995, le corps en partie carbonisé, en contrebas dun ravin, à 80 km de Djibouti.
Lenquête française a privilégié dans un premier temps la thèse du suicide avant de retenir celle dun assassinat après de nouvelles expertises.
Vous vous êtes entretenus mardi avec Nicolas Sarkozy de laffaire Borrel entre autres ?
Ismaël Omar Guelleh, Président de la République de Djibouti : En effet. Jai dit à Nicolas Sarkozy que la justice française nest pas indépendante. Tous les éléments qui infirment la thèse défendue par le juge Sophie Clément et Mme Borrel ne sont pas retenus. Exactement comme dans laffaire Outreau !
Le dernier en date : lexpertise adn du principal suspect, un Tunisien, sest révélée négative. Plutôt quentériner ce fait, la juge veut désormais procéder elle-même au prélèvement adn alors quelle avait demandé à un magistrat tunisien de sen occuper par commission rogatoire. Comment peut-elle mener une instruction indépendante alors que dans cette affaire tous les syndicats de magistrats sont partie civile et partisans de Mme Borrel ?
De nouveaux éléments sont apparus, la thèse judiciaire qui prévaut aujourdhui est celle dun homicide, quen pensez-vous ?
Je narrête pas de lire en France que les autorités djiboutiennes ont conclu à un suicide dans laffaire Borrel. Cest totalement faux. Cest un communiqué de lambassade de France qui la affirmé le jour de la découverte du corps du magistrat. Ce sont des militaires français qui ont découvert le corps. Il a été transféré dans un hôpital français, les médecins qui lont autopsié sont Français. Nous navons absolument rien à voir avec cette histoire.
Pourquoi avoir fait expulser la famille dun de vos principaux accusateurs?
Nous navons pas expulsé la famille de M.Aloumekani (ancien militaire djiboutien, il a accusé Guelleh dêtre le commanditaire de « lassassinat » de Borrel ndlr). Nous nexpulsons pas nos propres ressortissants. Tous les membres de la famille sont citoyens djiboutiens. Ils sont actuellement au Yémen car lopinion djiboutienne en a plus quassez de cette histoire et nous avons eu peur quun individu sen prenne violemment à elle. Que ne dirait-on pas sil leur arrivait quelque chose.
Quavez-vous retenu au final de votre rencontre avec Nicolas Sarkozy ?
Il souhaite que les relations entre nos deux Etats ne soient pas court-circuitées par cette affaire. La justice suit son cours mais nous ne devons pas nous empêcher davoir des relations entre nos deux pays. Je suis daccord avec ce point de vue. Dans le même temps, jai le sentiment quil aime prendre constamment le contre-pied de son prédécesseur Jacques Chirac doù son affichage avec Mme Borrel.