12/02/08 (B434) TV5 avec AFP / Djibouti/Affaire Borrel: le recours à la CIJ « a été suggéré » par la France
Le procureur général de la République de Djibouti, Djama Souleiman Ali, a affirmé mardi que le recours à la Cour internationale de Justice (CIJ) par Djibouti, dans l’affaire de la mort du juge français Bernard Borrel, avait été suggéré par le gouvernement français.
« C’est le gouvernement français, dont certains responsables proches du président de l’époque, Jacques Chirac, qui nous ont suggéré de faire un recours devant la CIJ pour obtenir le dossier Borrel », a déclaré M. Ali dans un entretien accordé à l’AFP.
« Il s’agissait de trouver une sortie à l’impasse politique dans laquelle nous nous trouvions, le gouvernement français ne souhaitant pas prendre la responsabilité de nous transmettre le dossier », ajoutant que si la décision venait de la CIJ, « c’était plus facile à faire accepter ».
« C’est pourquoi la France a accepté de se soumettre à cette juridiction. Aujourd’hui on ne comprend pas l’attitude du gouvernement dans cette procédure alors que tout ce que nous demandons, c’est la transmission des contre-expertises médico-légales », a-t-il expliqué.
La CIJ est la plus haute instance judiciaire des Nations unies et siège à La Haye. Elle tranche les différends entre Etats.
Le corps calciné du juge d’instruction français avait été retrouvé en 1995 dans un ravin à Djibouti, où il travaillait dans le cadre de la coopération judiciaire bilatérale.
L’enquête djiboutienne a conclu au suicide, mais la France privilégie la thèse de l’assassinat, plongeant les deux pays dans un imbroglio politique, diplomatique et judiciaire.
Djibouti a accusé Paris de refuser de lui communiquer des éléments de son enquête et porté l’affaire devant la CIJ en janvier 2006, se basant sur deux traités de coopération et d’entraide judiciaire, signés en 1977 et 1986.
« Selon les traités, il appartient au président de trancher, mais c’est sûr que ce n’est pas facile vu la force des syndicats de la magistrature français et l’influence de Mme Borrel sur eux », a estimé M. Ali.
« La CIJ va prendre sa décision, mais ça va mettre du temps, probablement pas avant l’été.
Si on gagne tant mieux, mais si on perd ce sera au président Nicolas Sarkozy de gérer ça politiquement », a-t-il averti.