26/02/08 (B436) Lu sur le site Indymedia / Grenoble :Hubert Védrine, invité du déshonneur
écrit le 26/02/08 à 11:42:57 par Hugo – Cet article n’a pas encore été modéré.
Monsieur Védrine est l’invité d’honneur de la Grenoble Model United Nation. Le choix est audacieux, surtout pour une édition du G-MUN dédiée à la résolution de la crise du Darfour.
En effet, Hubert Védrine connaît vraisemblablement ce dossier, pour avoir été secrétaire général de l’Elysée à une époque (1994-195) où la France a activement aidé le régime d’Omar El Béchir : réhabilitation diplomatique auprès de l’Europe, des Etats-Unis, de la Banque Mondiale, du FMI, rééchelonnement de dettes, caution d’un prêt, ouverture du Centrafrique et du Zaïre pour prendre à revers les rebelles, photos satellites de leurs positions au sud Soudan, armement et formation militaire « anti-guérilla »… (FX Verschave, La Françafrique, 1998)
Cependant, Hubert Védrine est peut-être plus familier du Tchad. Le 30 mai 1998, le député Yorongar est arrêté. Infatigable opposant non-violent à Idriss Déby, sont sort est aujourd’hui incertain. Il écrivait le 20/09/1998 « l’ambassade de France co-gère mon arrestation », pour une prison centrale de N’Djamena qui « est un grand mouroir ». À Paris, les députés Verts interpellaient le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, qui se félicitait de l’influence française sur le régime tchadien, au chapitre des droits de l’homme… (FX Verschave, Noir Silence, 2000, p.58)
En matière de droits de l’homme, le 26 juillet 1999, le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine se félicitait dans le Journal Officiel de la reprise de la coopération franco-djiboutienne en matière de justice, qui « permettra sans doute des améliorations significatives ». « Par l’aide qu’elle apporte à Djibouti, la France entend soutenir le développement de ce pays, et notamment l’enracinement de l’État de droit et le respect des droits de l’homme ». Le 23 septembre, les unités spéciales de la police donnent l’assaut de la résidence du principal opposant au « président » de Djibouti. Ils tirent à balles réelles et lancent des grenades. Une dizaine de personnes sont atteintes, dont l’épouse et la fille du leader de l’opposition, qui est incarcéré. Un jeune homme meurt de ses blessures. Les arrestations des manifestants se comptent par centaines d’après la Ligue des Droits de l’Homme.( FX Verschave, Noir Silence, 2000, pp. 135-136)
Plus intenable encore est la position d’Huber Védrine avant, pendant et après le génocide Rwandais. Pour lui, soutenir une armée ethnique 100% Hutu était un bienfait naturel, comme il l’a soutenu devant la mission d’information parlementaire : «D’autant que les recrues hutu représentaient 80 % de la population. On a ailleurs formé des armées moins représentatives. » Il convient de souligner que « Parmi les collaborateurs de François Mitterrand, Hubert Védrine et les généraux Christian Quesnot et Jean-Pierre Huchon sont ceux qui se sont les plus impliqués dans cette politique rwandaise de la France. »(JP Gouteux, Histoire d’un génocide sans importance, pp. 96-97)
En toute logique, « Védrine fut aussi de ceux, au sein du gouvernement, qui combattirent le projet de Cour pénale internationale, aux côtés de l’Élysée et de l’État-major. » (FX Verschave, Noir Silence, 2000, p.304). L’impunité des génocidaires, comme la privatisation de la guerre, ne semblent pas inquiéter Hubert Védrine. A propos de la convention de l’ONU sur les mercenaires, il a ainsi estimé que le texte de cette convention n’a tenu « que partiellement compte des positions défendues par la France et d’autres pays occidentaux » ; une concertation entre administrations est en cours « pour déterminer si notre pays peut envisager d’adhérer à cette Convention, le cas échéant en formulant des déclarations interprétatives ou des réserves ». (Noir Silence, p.82)
Alors inviter « d’honneur » Hubert Védrine pour résoudre, même en guise d’exercice, la crise du Darfour, est-ce vraiment raisonnable ?