22/05/08 (B448) AFP / Trois humanitaires, dont deux Italiens, enlevés en Somalie

MOGADISCIO (AFP) – mercredi 21 mai 2008 – 11h07 – Trois employés, dont deux Italiens, d’une organisation humanitaire ont été enlevés mercredi en Somalie par des hommes armés cherchant vraisemblablement à obtenir une rançon, en dépit d’un appel des autorités et de l’opposition à laisser l’aide parvenir à la population.

Ces enlèvements, dans un pays ravagé par 17 ans de guerre civile et des successions de catastrophes naturelles, portent à quatre le nombre d’étrangers travailleurs humanitaires actuellement otages de bandes armées.

Le 1er avril, un Kényan et un Britannique, employés d’une société indienne sous contrat avec une agence d’aide de l’ONU, ont été enlevés par des hommes armés près de la ville portuaire de Kismayo (500 km au sud de Mogadiscio) et sont toujours détenus par leurs ravisseurs.

Un enseignant kényan en poste à l’université de Mogadiscio, lui aussi enlevé par des inconnus armés dans la capitale, est également toujours otage depuis le 13 mai.

Mercredi matin vers 06h30 (03h30 GMT), « trois travailleurs humanitaires, parmi lesquels deux Italiens, un homme et une femme, ont été enlevés par des hommes armés qui leur ont mis un bandeau sur les yeux et les ont emmenés », a indiqué un chef coutumier, Mohamed Ibrahim Ali.

Les enlèvements ont eu lieu à Awdhegle, à 70 km au sud de Mogadiscio. Un responsable local de la sécurité, Ali Mohamed Gele, a assuré que les forces de l’ordre cherchaient à localiser les otages.

Le troisième otage est Abderahman Yusuf Arale, qui dirige localement les activités de l’ONG.

Un porte-parole du ministère italien des Affaires étrangères a confirmé « l’enlèvement mercredi matin de deux Italiens, un homme et une femme, membres de l’ONG Coopération italienne Nord-Sud (CINS) ».

Ces nouveaux enlèvements marquent l’impuissance du gouvernement de transition somalien – qui combat avec le soutien de l’armée éthiopienne une insurrection dominée par des islamistes – à assurer la sécurité des organisations humanitaires.

Le 16 mai, le gouvernement et la principale coalition de l’opposition avaient encore appelé toutes les parties au conflit en Somalie à faciliter l’acheminement de l’aide aux victimes de la guerre.

« Nous, en tant que patriotes somaliens représentant le gouvernement de transition et l’Alliance pour une nouvelle libération de la Somalie (ARS, coalition de l’opposition dominée par les islamistes) appelons tous nos partisans et tous les Somaliens (…) à faciliter l’accès humanitaire et la livraison d’aide à la population »,
avaient-ils demandé dans un rare communiqué commun.

Selon l’ONU, 2,6 millions de Somaliens souffrent actuellement de graves pénuries alimentaires et ont un besoin urgent d’aide.

Le 30 avril, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait prévenu que la population était arrivée à la limite de sa résistance après des années de guerre et de mauvaises récoltes, provoquées par des successions de sécheresses et d’inondations.

Dans un pays où, selon l’expression d’un responsable humanitaire, « il est plus facile de trouver un Kalachnikov qu’un stylo », le chaos engendré par la guerre favorise les activités de bandes criminelles à la recherche d’otages étrangers – humanitaires, journalistes, enseignants… – pouvant être monnayés.

Ces activités mafieuses prospèrent également dans les eaux somaliennes, avec le développement de la piraterie maritime.

Aussi, malgré les besoins criants de la population, la plupart des agences humanitaires sont contraintes de limiter, voire d’arrêter purement et simplement leur travail.

Début avril, Médecins sans frontières (MSF) a ainsi cessé toute activité à Kismayo, après l’assassinat en janvier de trois de ses employés – un Français, un Kényan et un Somalien – dans la ville