27/12/08 (B480) Le journal de la flibuste. Les japonais entrent en action à leur tour pour ne pas être absent de ce premier rendez-vous mondial ? On pourrait imaginer (et craindre) que ce ne soit la répétition avant une troisième guerre mondiale ? Chaque pays veut-il utiliser le prétexte de lutter contre le fléau, qu’est la piraterie, pour marquer son retour en force dans le concert international des grandes puissances maritimes ? Aucun ne semble vouloir manquer ce grand rendez-vous historique. (10 articles en Français)

__________________________________ 10 – Le Figaro avec AFP

Somalie: les pirates libèrent un navire

Un bateau de pêche yéménite, capturé par des pirates somaliens dans le golfe d’Aden début décembre, a été libéré avec dix pêcheurs à bord, a annoncé Andrew Mwangura, responsable d’un programme d’assistance aux marins basé au Kenya.

« Le bateau de pêche yéménite, appelé Falloujah, a été libéré par les pirates avec dix pêcheurs à bord; selon nos informations, ces pêcheurs sont déjà arrivés à Aden », a indiqué M. Mwangura. Il ne précise pas la date de libération du bateau par les pirates.

Le Falloujah avait été capturé le 10 décembre dans le golfe d’Aden, en même temps qu’un autre bateau de pêche yéménite.

__________________________________ 9 – Le Matin (Ma)

Taro Aso ordonne la préparation de l’envoi de navires

Par : Abdallah Darkaoui

Le Premier ministre japonais Taro Aso a donné l’ordre vendredi de préparer l’envoi de navires de guerre au large de la Somalie pour lutter contre la piraterie, a annoncé le ministère de la Défense.

« (M. Aso) m’a demandé d’accélérer les préparatifs afin que les Forces d’autodéfense puissent prendre des mesures contre la piraterie le plus tôt possible », a dit aux journalistes le ministre de la Défense Yasukazu Hamada, utilisant le nom officiel de l’armée au Japon.

Le Japon a toutefois une marge de manœuvre étroite en raison de sa constitution pacifique héritée de la Seconde Guerre mondiale, qui stipule que la marine ne peut protéger que les navires battant pavillon japonais ou transportant des ressortissants japonais.

Selon l’agence de presse Kyodo, le gouvernement pourrait dès janvier émettre un ordre de « mission de police maritime » en accord avec la loi sur les Forces d’autodéfense.

Les patrouilles pourraient débuter en février. Il s’agirait de la première mission de police de la marine japonaise à l’étranger depuis la fin de la guerre.

__________________________________ 8 – XINHUA

Un navire de guerre allemand fait fuir des pirates somaliens

Un navire de guerre allemand a déjoué une attaque menée par des pirates, qui tentaient de détourner un cargo égyptien au large des côtes somaliennes, a déclaré le Bureau maritime international (BMI) basé à Kuala Lumpur.

Un des membres de l’équipage a été blessé par balle lors de l’attaque, quand le cargo traversait le Golfe d’Aden pour se rendre en Asie, a indiqué Noel Choong, chef du centre anti-piraterie du BMI .

« Les pirates tiraient au hasard sur le bateau, et l’un des membres de l’équipage du bateau égyptien a été blessé par balle à la jambe », a-t-il déclaré.

La frégate Karlsruhe de la marine allemande a déployé un hélicoptère sur les lieux après avoir reçu un appel de détresse d’un bateau et les pirates se sont enfuis au moment de son arrivée, selon un communiqué publié par l’armée allemande.

Le membre blessé de l’équipage a reçu un traitement médical sur le Karlsruhe, ajoute le communiqué.

M.Choong a averti que les attaques des pirates restaient encore fréquentes en dépit des efforts déployés récemment par la communauté internationale pour assurer la sécurité des côtes somaliennes, une des voies navigables les plus empruntées au monde.

« En dépit du renforcement des patrouilles navales, les pirates continuent à attaquer les bateaux, car les navires de guerre ne peuvent pas surveiller de tous côtés au même moment. Mais nous sommes safisfaits de l’assistance immédiate fournie par la force de coalition », a affirmé M.Choong.

Plus d’une douzaine de navires de guerre déployés par la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Iran et l’Inde, patrouillent actuellement dans le Golfe. Et deux destroyers et un navire de ravitaillement chinois doivent partir vendredi de Sanya, dans le sud de la Chine, pour se joindre à la flotte internationale.

Selon le BMI, plus de 120 attaques se sont produites sur les eaux somaliennes cette année et plus de 240 membres d’équipage sont encore otages des pirates.

__________________________________ 7 – REUTERS

Le Japon réfléchit aussi à une mission navale

Le Japon a annoncé vendredi 26 décembre qu’il envisageait d’envoyer prochainement des navires militaires aux larges des côtes somaliennes pour participer à l’effort international de lutte contre la piraterie. Cette annonce intervient alors que trois bâtiments chinois mettaient le cap sur la corne de l’Afrique. Le premier ministre japonais Taro Aso a demandé au ministre de la défense de faire progresser ses consultations sur les moyens armés d’agir contre les pirates, a expliqué à la presse le porte-parole du gouvernement. « Il a ordonné au ministre de la défense d’accélérer sa réflexion afin que nous puissions agir rapidement », a dit le secrétaire général du gouvernement Takeo Kawamura.

L’éventuel déploiement de navires de guerre serait un casse-tête pour le gouvernement japonais, dont la constitution pacifiste rédigée après la seconde guerre mondiale limite strictement les activités militaires à l’étranger. La loi actuelle sur la sécurité marine n’autorise l’envoie de bâtiments que pour des missions de protection de bateaux japonais.

__________________________________ 6 – Le Monde

Mission historique de la marine chinoise au large de la Somalie

La marine chinoise s’est engagée, vendredi 26 décembre, dans une mission historique « d’escorte antipiraterie » au large de la Somalie, la première des forces navales chinoises en plusieurs siècles. Trois bâtiments – deux destroyers et un navire de ravitaillement – avec huit cents hommes à leur bord ont pris la mer depuis le port de Sanya, sur l’île tropicale de Hainan, pour rejoindre les forces multinationales patrouillant au large de la Somalie. Leur mission pourrait durer trois mois, selon l’agence officielle Chine nouvelle.

« La participation militaire de la Chine envoie un message politique fort à la communauté internationale : la Chine, avec sa force militaire et économique actuelle, veut jouer un plus grand rôle dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales », a souligné un chercheur spécialiste de l’antiterrorisme de l’Institut des relations internationales contemporaines, Li Wei, cité par le China Daily.

UNE PREMIÈRE DEPUIS LE XVE SIÈCLE

Cet événement est une première à plusieurs égards. C’est la première mission de ce type menée par l’Armée populaire chinoise depuis sa fondation, il y a 81 ans, et c’est également la première fois que la marine chinoise s’éloigne à tel point de ses côtes depuis le XVe siècle et la dynastie Ming. Il faut remonter aux grandes croisières de l’amiral Zheng He sur les côtes de l’Afrique de l’Est et de l’Arabie méridionale pour retracer une telle opération lointaine de navires de guerre chinois, estiment les spécialistes.

Pékin a décidé la semaine dernière de se joindre aux efforts contre les pirates qui infestent les eaux au large de la Somalie, afin de veiller à la sécurité des navires marchands, notamment chinois, ainsi que des bateaux transportant de l’aide humanitaire. Le tout « en stricte conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et les lois internationales », a assuré Pékin. Avec une grande part de son commerce transitant par ces eaux, la quatrième puissance économique mondiale est excédée des attaques qui, depuis le début de l’année, ont visé sept de ses navires ou transportant des équipages chinois ou encore des cargaisons en provenance de Chine.

__________________________________ 5 – ElJadida (Maroc)

Entre le ‘home stick’ et le mal de la mer, le capitaine Guendaoui raconte son exploit !

Quand il nous a répondu, au bout du fil, de sa voix si discrète, passive mais pleine d’assurance, Monsieur Kamal Guendaoui nous confirma le rendez-vous fixe, pour une première rencontre de courtoisie et de reconnaissance. Perplexes, nous l’attendions, (moi et Driss) adossés aux chaises d’une table de chez « Tweeds ». Au bout de quelques minutes, une voiture s’arrêta et un homme vêtu en sport y descendit. Je me précipitais vers mon ami Driss Lebbat et lui disais, « C’est lui, j’en suis sûr ! « Capitaine Kamal Guendaoui », avais-je lancé sans réserve !

Le moment valait-il une telle indiscrétion ?

Avec un sourire timide mais naturel, Le Capitaine, me répondait : « Oui c’est lui-même, mais bon soir, et Salam Alykoum.. ». Discrétion, courtoisie, simplicité, cœur ouvert, esprit éveillé, mémoire vive, optimisme, patriotisme et citoyenneté, régionalisme et nationalisme, universalisme et humanisme. Tous ces adjectifs, lui vont à merveille, et bien d’autres titres, de noblesse, de reconnaissance, de gratitude et de modestie. « C’est vous qui avait « conduit » ce gros bateau surnommé « INTILLAQUA », en plein mer, quatre mois durant, de La Chine au Maroc (au Port Jorf lasfar à El Jadida) ! Le capitaine Guendaoui, répondait, en conteur ou en narrateur rêveur. Voici son récit, rapporté avec une complicité, mais complaisance aussi.

« Notre départ vers la Chine (de Rizhao à l’extrême nord de la Chine) a été vécu par l’ensemble de l’équipage comme une croisière. Et le voyage n’a pas connu de surprise ni d’incident ! Arrivés à Rizhao, nous nous sommes empressés de prendre contact avec les responsables de la société chinoise, chargée de nous livrer le bateau » INTILLAQUA  » devenu propriété de la société marocaine DRAPOR.

L’opération, s’est déroulée, loin des normes d’usage reconnues. C’est-à-dire suivant les traditions de la marine ! On a eu la relève au mouillage. Une fois l’équipage marocain à bord du bateau, l’équipage chinois à pris la clef des champs. Nous étions livrés à nous même. Ni consignes précises ni assistance technique adéquate. IL nous a fallut découvrir le bateau par nous même. Et je vous laisse le soin d’ imaginer une personne recevant un véhicule (qu’elle a acheté via internet) en plein autoroute, ignorant les techniques de démarrage et celles relatives au reste des manœuvres !!

Notre départ vers le Maroc, qui a été prévu le 25 Juillet 2008 fut reporté au16 Aout de la même année ! Les tractations bureaucratiques et certaines surprises techniques y ont été pour beaucoup.

Apres 2 jours de navigation, la météo nous annonça le passage d’un typhon (Le Nuri) qui se déplaçait à une vitesse de 12 nœuds, direction nord-est.

Nous nous dirigions vers le sud, ce qui signifiait que la catastrophe nous avait fixé rendez-vous ! Afin d’éviter un tel sort, on a été obligé d’effectuer des manœuvres anticycloniques, ce qui nous a aussi permis de gagner du temps. De Taiwan à Hong Kong et de Singapour au détroit de Malakka, la traversée était ennuyeuse. Mais un repos était mérité et ce détroit, nous a été dédié pour nous ravitailler et reprendre notre chemin ! Apres, nous nous sommes mis à la merci de l’Océan Indien avec ses moussons bombardiers (et c’était leur période).

Dix huit jours d’affilée, à travers forces des vagues et peurs des longues nuits, routes maritimes incertaines et boussoles en constantes orientations imprévisibles, nous étions livrés à nous-mêmes, et à la miséricorde du Grand Dieu. Quand soudain le Chatt El Arabe nous accueillait ! Puis L’île de Sumatra : carrefour des pirates par excellence ! Et le Golf d’Aden. Une semaine d’alerte maximale (pour un équipage qui n’a jamais quitté les côtes marocaines (!!??).

Notre radio recevait, 24h/24, des mises en gardes provenant de bateaux navigants sur « le corridor de la mort ». On a recensé plus d’une quarantaine d’attaques, effectuées à intervalles rapprochés par les pirates, maîtres des lieus (et des nœuds !). Ces derniers surgissaient de partout et de nulle part ! Notre bateau naviguait à une vitesse ne dépassant pas les 8 nœuds. Il était le moins rapide et facilement accessible (avec 1 mètre de hauteur).

Nous étions donc la proie inattendue et alléchante! La situation imposait une maitrise de rigueur, mais aussi un comportement spécial. J’ai réussi à préparer psychologiquement mon équipage à toute attente. Encouragements, consignes de vigilance d’un côté, récompenses et promesses d’un autre. Notre patriotisme, notre abnégation, notre fidélité et loyauté à notre marocanité ont été pour beaucoup dans notre mobilisation.

Le drapeau marocain flottant devant nous, nous soufflait le vent du sacrifice. Pas loin de nous, je distinguais un groupe de pirates à bord de 2 chalutiers russes (piratés probablement) et un remorqueur de château bleu. Les assaillants se servaient de matériels de haute technologie pour détecter les déplacements des bateaux navigants, ainsi que leur vitesse (GPS/AIS/UHF..).

Notre habilité, et peut être notre ruse nous ont été d’un grand secours, puisqu’on a réussi à déjouer la manœuvre d’intimidation visant à nous piéger ! La forme du bateau « INTILLAQUA » y était pour beaucoup. Avec une hauteur de plus de 22m et une longueur de 94m sur une largeur de 16m et un poids de 3070 tonnes, plus des moteurs de 3500×2 de puissance, notre bateau inspirait la crainte au pirates.

L’ont-ils pris peut-être pour un patrouilleur militaire !

C’était un moment décisif, un temps mort où ont a frôlait la Mort. L’idée d’allumer tous les coins de notre engin et hisser une banderole portant l’expression suivante : ALLAH AKBAR (en arabe) à sa droite, était aussi géniale.

La nuit nous portait conseil, mais d’autres pirates ont essayé de prendre la relève, en nous abordant cette fois de face, prétendant que des filets de pêche risqueraient de toucher notre hélice, et il nous conseillait de prendre une virée à notre droite ! Suivant ou répondant à mon instinct de marin et de capitaine rodé, j’ai effectué la manœuvre demandée, mais complètement à gauche !

Une fois encore mon équipage et mon bateau sauvés de justesse ! Mais ce n’était que partie remise. Car vers minuit, 2 chalutiers assaillants ont essayé de nous accoster par surprise. »Ca serait le tout pour le tout » me disais-je. « On ne doit pas nous faire prendre, nous les marocains ! » Avais-je assommé les membres de mon équipage. On doit arriver, saints et saufs chez nous à bord de notre bateau. Et vive le Maroc.

Des moments longs, lourds et cauchemardesques nous ont « piratés ». Mais je réalisais avec le temps que nous nous éloignions des pirates. « Chaillah a barakt elwalidine (que la bénédiction des parents soit avec nous) avait lançait une voix, parmi l’équipage.

Dieu est tout Puissant, lui répondait presque tout le monde. Juste derrière nous, AL’ MANSSORA, un bateau égyptien lançait, en vain, des SOS. Il a été dépouillé par les pirates. D’autres bateaux ont été attaqués, malgré les appels lancés par eux aux autorités yéménites ! Leurs voix de détresse nous parvenaient via notre radio. « Ils sont armés de kalachnikov et portaient des RPJ » avait annoncé l’une d’entre-elle. En raison des successions des attaques et de l’impuissance des autorités yéménites, on a évité l’accostage au port d’Aden où l’on devait nous ravitailler. J’ai préféré un arrêt à Djibouti.

La présence de la marine française nous inspirait confiance, quiétude et liberté !

Une semaine de repos a été méritée. Et mon équipage en a profité pour se ressaisir. En quittant Djibouti, le temps fut clément et une chaleur nous coupait le souffle. La mer rouge nous déstressait. Mais Le mauvais temps était au rendez-vous en plein Méditerranée. Une semaine de tous les goûts à la merci des vagues, des tonnerres et nuits sombres et longues. Et comme le mal (ou les maux) n’arrive (ent) pas seul, nous avions découvert un clandestin au sein de notre bateau. Il avait profité de notre inattention durant notre escale à Djibouti. Sa remise aux autorités égyptienne fut une autre histoire !

Comme celle du bateau qui nous a touchés accidentellement, en nous ayant cause un long retard à Singapour ! Mais les vagues de notre Méditerranée nous ont rassuré et nous ont redonné se goût de la vie, cette lueur d’espoir, mais aussi cet esprit de défi, de sacrifice. Il nous a encore une fois donné envie de naviguer !

Le capitaine Kamal Guendaoui s’arrêtait à plusieurs reprises durant son récit, pour nous préciser un fait, ou nous raconter certaines anecdotes qu’il a vécu avec les membres de son équipages. Il nous a en plus, fait part de ses confidences, ses occupations du présent et d’avenir, ses projets associatifs, ses loisirs, mais son amour sans limite de sa M’rezika. Nous vous promettons de vous faire découvrir, dans notre prochain article Guendaoui, le jdidi maître des hautes mers !

Auteur : Mabrouk Benazzouz

__________________________________ 4 – XINHUA

Le Japon projette d’envoyer des navires de guerre en Somalie

– Un pays de plus ! (*) Note de l’ARDHD –

Le Premier ministre japonais, Taro Aso, a donné l’ordre vendredi à son ministre de la Défense, Yasukazu Hamada, d’étudier la possibilité d’envoyer des navires de guerre au large de la Somalie pour lutter contre la piraterie, a rapporté Kyodo News.

Afin de protéger les bateaux japonais, le gouvernement devrait émettre un ordre sur des « activités de police maritime » en accord avec la loi sur les Forces d’autodéfense dès le début du mois de janvier prochain.

Les activités de police maritime en accord avec la loi, dont la mission est cantonnée à la protection de navires battant pavillon japonais ou transportant des ressortissants japonais, sont ordonnées par le ministre de la Défense puis approuvées par le Premier ministre.

______________________________ 3 – Aujourd’hui la Chine (Chine)

En Somalie, la Chine veut retrouver sa puissance maritime

La piraterie au large de la Somalie va donner à la Chine une occasion en or de marquer son retour au premier rang des puissances maritimes, sur les lieux mêmes où la dernière grande flotte chinoise de haute mer avait croisé… 600 ans plus tôt.

Des militaires chinois, sur un navire appareillant pour la Somalie Deux destroyers et un navire ravitailleur doivent appareiller le 26 décembre pour les côtes somaliennes, a annoncé Pékin samedi, invoquant les attaques des pirates contre des navires chinois. Le dernier cargo chinois à avoir été leur cible, le Zhenhua 4, n’avait été sauvé le 17 décembre que grâce à l’intervention de navires d’autres pays.

Pékin a souligné que les unités chinoises allaient « travailler », dans le cadre des résolutions anti-piraterie de l’ONU, avec la douzaine de navires des autres pays croisant dans les parages. Notamment avec les vaisseaux français, britannique, allemand et grec qui participent à l’opération Atalante de l’Union européenne. Leur mission sera identique: escorter les cargos du Programme alimentaire mondial (PAM) et protéger les navires marchands, en priorité ceux battant pavillon national.

Que la Chine, quatrième puissance économique mondiale en pleine ascension, manifeste son intérêt pour la liberté des mers n’a rien de surprenant. Mais la décision de Pékin est à la fois historique et de grande portée.

Historique car ce sera la première fois que des navires de guerre chinois partiront en opération lointaine depuis les grandes croisières de l’amiral Zheng He sur les côtes de l’Afrique de l’Est et de l’Arabie méridionale, au XVe siècle. Son armada de jonques avait alors hanté ces mêmes confins de la mer Rouge, où s’échangeaient perles, porcelaine, épices et soie, jusqu’à ce qu’un empereur Ming interdise ces croisières. Décision qui allait faciliter la domination des mers par les Occidentaux.

S’il tranche avec un isolationnisme séculaire, le geste de Pékin est aussi significatif pour l’avenir. La marine chinoise n’avait jusqu’à présent « mené d’opérations que dans la Mer de Chine méridionale », s’étant pour le reste bornée à des exercices avec la flotte russe ou à des escales diplomatiques dans des ports d’Europe ou d’Amérique latine, a souligné cette semaine la revue de défense britannique Jane’s. « Depuis la naissance de la République populaire de Chine en 1949, ce sera le premier vrai déploiement opérationnel d’unités chinoises loin de leur base et avec un préavis aussi court, sur alerte », renchérit un spécialiste belge de stratégie navale, Joseph Henrotin. « Cela veut dire que la Chine n’envisage plus de se cantonner à la défense de ses côtes et des archipels qui se trouvent autour », a-t-il souligné à l’AFP.

Dans les années 80, l’amiral Liu Huaqing avait circonscrit la zone d’intérêt maritime de la République populaire de Chine en énonçant la doctrine dite des « chaînes d’îles » sur lesquelles Pékin devait avoir un oeil. A commencer par Taiwan et les Spratleys, revendiquées par la Chine. Limitée au Pacifique (Australie, Hawaï), la doctrine chinoise ne parlait pas de projection de puissance dans l’océan Indien.

Dans les années 1990, après la fin de la Guerre froide, est apparue une stratégie complémentaire, dite du « collier de perles ». Elle passe par des accords avec des pays amis de la région – Bangladesh, Birmanie et Pakistan – pour faire bénéficier des navires de guerre chinois de droits d’escale permanents, afin de sécuriser l’approvisionnement pétrolier depuis le Golfe. Le Pakistan a ainsi ouvert récemment à la Chine ses installations à Gwadar, sur la mer d’Arabie.

Selon le Jane’s, « la démonstration du potentiel maritime croissant de la Chine sera, d’un point de vue stratégique à long terme, observée avec appréhension par ses rivaux ». Même s’il faut 20 à 30 ans pour bâtir une marine de haute mer digne de ce nom.

______________________________ 2 – Quotidien du Peuple (Chine)

Des bâtiments de guerre chinois protègeront les navires chinois et étrangers

Les navires de guerre chargés de patrouiller en mer au large des côtes de Somalie partiront vendredi 26 décembre pour leur première mission outre-mer, avec l’engagement de protéger les navires chinois et étrangers contre les pirates au large des côtes de Somalie.

Le vice-amiral Du Jingchen, commandant de la mission, a dit que deux destroyers, un grand navire de ravitaillement et environ 1 000 membres d’équipage quitteront la base de la marine près de Sanya de la province du Hainan, aujourd’hui aux environs de 13H30 de l’après-midi. Ils sont préparés pour une « mission compliquée et à long terme » au moins pendant trois mois.

« Puisque c’est la première mission outre-mer de la marine chinoise (depuis 1949), il est possible pour nous de rencontrer des situations imprévues. Mais nous y sommes préparés », a dit le vice-amiral.

Interviewés par des journalistes chinois à bord de « Wuhan », un des deux destroyers et vaisseau amiral de la mission, Du Jingchen a dit qu’une force spéciale de 60 soldats avait été désignée pour escorter les navires chargés de la tâche de protection au large des côtes de Somalie.

Mais, a-t-il dit, ces navires de guerre n’ont pas de plan de prendre des actions contre les pirates sur terre et ne voudront pas échanger des coups de feu avec eux, à moins que les navires chinois, les civils ou les militaires chinois ne soient attaqués. « Nous chasserons les pirates ».

Ding He, 21 ans, un des soldats les plus jeunes à bord de « Wuhan », a dit qu’il était très fier de participer à cette mission.

« La fierté est également forte, parce que la mission a fait oublier toutes les peines causées par l’entraînement », a dit ce jeune né dans la province du Hebei, dans le nord de la Chine.

Comme Ding, le destroyer « Haikou », mis en service en octobre 2003, partira également pour sa première mission outre-mer.

Les deux destroyers et le grand navire de ravitaillement, provenant tous de la Flotte de la Mer de Chine méridionale, sont amarrés avec trois autres navires au port de Sanya jeudi 25 décembre. Des gens ordinaires peuvent voir ces navires peints en blanc et pavoisés aux bannières multicolores.

« Notre confiance vient de notre capacité », a dit le vice-amiral Du Jinchen. Les équipements avancés de ces navires reflètent la force de la marine chinoise. Les soldats ont suivi l’entraînement le bon matin et très tard le soir, parce que des pirates attaquent souvent des navires à ces moments.

Antérieurement, le Ministère des Communications a dit que les navires de guerre chinois devront protéger tous les navires chinois, comprenant ceux de Hong Kong, Macao et de Taiwan qui demandent la protection.

Les navires de guerre ont dit cependant qu’ils protègeront également des navires étrangers, si nécessaire.

Les pirates au large des côtes de Somalie constituent une grave menace pour les navires de pays du monde, parce qu’une des routes maritimes commerciales les plus empruntées passe par cette corne d’Afrique.

Des pirates ont saisi plus de 40 navires cette année et gagné environ 30 millions de dollars comme rançons.

La semaine dernière, le ministère chinois des Affaires étrangères a dit qu’environ 20% des 1 265 navires chinois traversant cette zone ont subi l’attaque des pirates cette année. Et 7 navires chinois avec leur équipage ont été piratés.

__________________________________ 1 – RFI

Un centre de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden


Le Sirius Star : la prise de ce superpétrolier saoudien le 17 novembre 2008 est le plus haut fait d’armes des pirates.

Pour lutter contre la piraterie maritime, le gouvernement yéménite a annoncé la création d’un centre régional de lutte contre la piraterie impliquant dix pays riverains du golfe d’Aden et de la mer Rouge, au moment où se renforce dans la région la présence navale multinationale. Ce centre sera opérationnel dans six mois.

Deux raisons, essentiellement, expliquent cette décision de créer un centre régional de lutte contre la piraterie maritime.

D’abord, la piraterie elle même, et le manque à gagner qu’elle génère. Plus d’une centaine de bateaux ont été attaqués depuis le début de l’année. 42 d’entre eux ont été capturés. Sans compter les rançons astronomiques qu’un armateur doit payer pour récupérer les équipages et les cargaisons. D’ailleurs, de plus en plus de navires, plutôt que d’avoir maille à partir avec des pirates, préfèrent se dérouter et empruntent d’autres routes que le canal de Suez pour parvenir à bon port.

Lutter contre la piraterie est donc aussi une nécessité économique pour le Yémen, l’Egypte, Oman, la Somalie, Djibouti, l’Arabie Saoudite, le Soudan et la Jordanie.

Seconde raison: tous ces pays redoutent qu’une armada de navires de guerres étrangers, occidentaux pour la plus part, n’encombre leurs eaux territoriales sous prétexte de lutter contre les pirates.

Pas question pour autant, pour tous les pays du golfe et de la mer Rouge, de créer une flotte commune pour intervenir. Ce sera à la marine du pays le plus proche d’un acte de piraterie d’intervenir le cas échéant.