18/04/2023 (Brève 2216) Déplacés et victimes de violences sexuelles : Soulager la double peine des femmes et des enfants réfugiés vulnérables (Nations Unies)

Lien avec l’article : https://unsdg.un.org/fr/latest/stories/deplaces-et-victimes-de-violences-sexuelles-soulager-la-double-peine-des-femmes-et

Si une partie du monde a surrmonté la phase aigüe de la pandémie de COVID-19, beaucoup de pays subissent encore aujourd’hui ses effets sanitaires, sociaux et économiques. Dans ces pays, conjuguée à l’impact de la crise en Ukraine et aux effets du réchauffement climatique, la pandémie continue à miner la vie et le bien-être des femmes et des enfants vulnérables, notamment de ceux en situation de déplacement forcé – réfugiés, migrants, déplacés internes, demandeurs d’asile -, qui encourent un risque accru de subir des violences fondées sur le genre.

Dans le camp de réfugiés de Merkazi, à Djibouti, les femmes et les enfants peuvent désormais compter sur le soutien de leaders formés, grâce à l’ONU, à prévenir, repérer et prendre en charge rapidement ces violences.

++ S’engager pour sa communauté – Objectif : zéro cas de violence

Régina, 23 ans, est originaire de Taez, au Yémen. En septembre 2017, alors qu’elle n’avait que 18 ans, elle s’est réfugiée à Djibouti, dans le camp de Merkazi. Installé à Obock, au nord du pays, ce camp de réfugiés accueille depuis 2015 plus de 3.000 personnes, principalement venues du Yémen, comme Régina.

La jeune femme est contente : elle a suivi une formation sur les violences faites aux femmes et aux enfants organisée en juin dernier au profit des sages, leaders communautaires et membres des différents comités du camp (comités de protection de l’enfant, des femmes, des parents d’élèves, des services WASH, etc.), entre autres.

Organisée par l’UNICEF, cette formation lui a permis de comprendre les différences entre les violences de genre faites aux femmes et celles faites aux enfants, de détecter précocement les deux types de violences et de faire le nécessaire pour que les victimes soient prises en charge rapidement et de manière adéquate.

Pour Régina, dont le propre frère, âgé de 13 ans, a été victime d’une tentative d’agression sexuelle dans le camp, cette formation était incontournable :

« Il est important de faire en sorte que ces violences cessent », insiste-t-elle. « Cette formation nous a été très utile, car elle nous a permis de mieux connaître les droits de l’enfant et nos propres droits et surtout de savoir identifier ce type de violences et y réagir en aidant les personnes et les enfants qui pourraient en être victimes ».

++ Violences de genre, un phénomène endémique: quelques faits et chiffres

Les violences fondées sur le genre (ou « violences de genre ») peuvent toucher les adultes et les personnes plus âgées, femmes ou hommes, ainsi que les enfants, filles ou garçons, même si la majeure partie des personnes concernées sont des femmes et des enfants.

Ces violences sont endémiques dans tous les pays, présentes dans toutes les cultures. Et les chiffres parlent d’eux-même. Selon des données compilées par ONU-Femmes à partir de différents rapports – ONU-Femmes, OMSONUDC, UNICEF, PNUDDépartement des affaires économiques et socialesSecrétaire général de l’ONU – près d’une femme sur trois âgées de 15 ans et plus dans le monde a été victime de violences physiques et/ou sexuelles au moins une fois dans sa vie. Parmi celles qui ont été en couple, près d’une adolescente sur quatre âgée de 15 à 19 ans a subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime ou d’un mari.

Avec la pandémie de COVID-19, les appels passés aux plateformes de signalement des violences de genre ont été multipliés par cinq dans certains pays et, lorsque leur nombre a diminué dans les autres pays, c’est parce que les survivant(e)s ont été empêché(e)s de réagir par les mesures de confinement et de distanciation sociale, alors même que leur isolement les exposait à un risque accru de subir des violences domestiques.

Quant au nombre de mariages d’enfants, qui avait baissé entre 2010 et 2020, il a connu un rebond avec la pandémie, apportant son cortège de conséquences psychologiques et de risques liés aux grossesses précoces. On estime en outre que 10 millions de filles en plus risquent d’être mariées avant l’âge de 18 ans dans les dix prochainesp>

De nombreux pays ont intégré, avec l’appui de l’ONU, des mesures de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles dans leur plan national de réponse à la COVID-19.

De plus, dans 7 des 8 pays africains de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), à savoir Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan du Sud, le Soudan et l’Ouganda, plusieurs entités onusiennes travaillent ensemble pour renforcer les moyens de prévention de la violence de genre et de prise en charge des survivant(e)s dans le contexte de la COVID-19 à travers un programme régional spécifique : le Programme de riposte à la COVID-19 UE-IGAD* (« EU-iGAD COVID-19 Response Programme », en anglais), qui permet de former à la lutte contre les violences de genre les travailleuses et travailleurs de première ligne dans les communautés de migrants, de réfugiés et de personnes déplacées internes des différents pays.

++ C’est dans le cadre de ce programme qu’a été organisée la formation suivie par Régina au camp de Merkazi.

« Les acteurs [qui interviennent] dans la réponse et la prévention des GBV [violences de genre] devraient avoir le maximum de connaissances pour assurer un accompagnement adéquat surtout pour les victimes, mais aussi afin de mieux préparer les actions de prévention », explique Karen Andriamampianina, Chargée de protection de l’enfance à l’UNICEF.

Forte des connaissances et outils qu’elle a acquis grâce à cette formation, Régina est plus que jamais décidée à lutter activement contre toutes les formes de violence au sein de sa communauté :

« Je veux qu’il n’y ait plus aucun cas de violence ici et je me suis engagée avec d’autres personnes du camp à faire en sorte d’atteindre cet objectif « , confie-t-elle, avant de reconnaître que pour y parvenir, plus de moyens seront nécessaires, notamment un lieu de réunion, des supports de communication et davantage de formations.

Les organismes de l’ONU continueront à travailler de concert pour faire avancer, partout dans le monde, la cause de l’élimination de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes, des enfants et des autres groupes de population vulnérables.

(*) Financé par l’Union européenne (UE), géré par l’UNOPS, coordonné par l’IGAD et mis en œuvre par l’OIM, l’UNICEF, l’UNOPS, TradeMark East Africa et GIZ, le programme de Riposte à la COVID-19 UE-IGAD, d’un montant de 60 millions d’euros, aide les pays bénéficiaires à coordonner plus largement leurs ripostes nationales face à la COVID-19 sur les fronts sanitaire et socio-économique au niveau de 55 sites transfrontaliers.


Cet article a été écrit par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des activités de développement (BCAD) sur la base notamment d’un article de Karen Andriamampianina publié le 5 juin 2022 sur le site de l’UNICEF et d’un article de Faycal Oulmi publié le 7 juillet sur le site de l’UNICEF et celui de l’ONU à Djibouti.

Pour en savoir plus sur l’action menée par l’ONU à Djibouti, consultez le site Djibouti.un.org/fr.

Pour des informations chiffrées sur l’appui fourni par l’ONU aux pays de programme en matière de lutte contre les violences de genre dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et dans les autres domaines relatifs aux objectifs de développement durable (ODD), lisez la section consacrée aux ODD du Rapport 2022 de la Présidente du GNUDD sur le BCAD.