17/12/2015 (Brève 546) Afrik.com / Djibouti : interdiction de manifester, on casse de lopposant
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Depuis novembre, au lendemain des attentats de Paris, toute manifestation est interdite à Djibouti pour des raisons de sécurité, étant donné que la France a ses principales bases militaires dans le pays et quelle est visée par le terrorisme. En attendant, 38 membres de lopposition sont toujours emprisonnés et tous ceux qui tentent de contourner la mesure sont violemment réprimés.
La répression contre lopposition prend de lampleur à Djibouti, surtout depuis que toute manifestation est interdite pour deux mois pour des raisons de sécurité. Une mesure prise le 25 novembre, au lendemain des attentats de Paris du 13 novembre. Le pouvoir a estimé quétant donné que la France avait ses bases militaires dans le pays, et quelle est visée par le terrorisme, il est trop dangereux de permettre rassemblements dans la rue.
Seulement, la répression est croissante contre les membres et dirigeants de la coalition USN, regroupant la majorité des opposant du pays, soupçonnés de vouloir organiser des rassemblements. Selon le représentant de la coalition en France, Maki Houmed-Gaba, qui sest confié à Afrik.com, « au moins 38 militants de lUSN et simples sympathisants sont détenus entre les prisons de Gabode et Nagad à Djibouti-ville depuis le décret du 25 novembre 2015 interdisant tout rassemblement pendant deux mois pour mesure de sécurité, de nouvelles arrestations ont lieu ».
« Le pouvoir joue avec lopposition »
« Le pouvoir est en train de jouer avec lopposition pour gagner du temps par rapport à lélection présidentielle de 2016 », estime Maki Houmed-Gaba, qui dénonce une dérive du pouvoir qui « prétend appliquer cette nouvelle mesure pour en réalité réprimer les opposants et laminer lopposition ». Selon lui, « le jeudi 10 décembre 2015, en matinée, des agents de police accompagnés par le colonel Abdilalhi Abdi Farah, directeur général de la police djiboutienne, ont attaqué violemment et molesté les députés USN Ismael Assowé et Said Houssein Robleh à lintérieur du restaurant-café LHistoril, à la place Ménélik. Motif ? Lintention qui leur est prêtée, celle dune rencontre prévue avec des militants de lUSN en fin de matinée ! »
Durement frappés sur la tête, « ils ont été dabord détenus au centre de Nagad puis dépêchés à lhôpital militaire Bouffard pour recevoir des soins urgents, notamment des bandages sur le crâne », explique le représentant de la coalition en France. « Le même jour, 10 décembre, explique-t-il, les forces de police ont investi la région de Tadjourah dans le nord de Djibouti et effectué une fouille sur de dizaines de citoyens afin dempêcher les préparatifs dune tournée de lUSN programmée dans cette ville et intimider les éventuels participants. Sans compter que dimanche matin 13 décembre, une nouvelle vague darrestations anti-USN sest abattue sur les opposants, menée conjointement par la police et la gendarmerie ».
Série darrestations
Le responsable déplore aussi que « le Secrétaire général de lUSN, Abdourahman Mohamed Guelleh, ait été arrêté à son domicile par des agents de la police nationale et détenu une heure au commissariat du 2ème arrondissement de la capitale. Il a été libéré après la visite au commissariat dune délégation du Haut-Conseil de lUSN conduite par le vice-président de lUSN, Omar Elmi Khaireh venu senquérir des raisons de cette interpellation. Le motif évoqué est lenquête sur sa participation aux meetings interdits ». Daprès lui, « après ces arrestations, la police a de nouveau interpelé, à son domicile, le même dimanche 13 décembre, au matin, le Cheik Guirreh Maidal Guelleh, président du MODEL et membre du Haut Conseil de lUSN, dont on ignore toujours le lieu de détention. De plus, la police assiège, depuis lors, le domicile de Cheik Abdourahman Barkat God, également membre du parti MODEL », un parti dopposition.
Il dénonce aussi larrestation, le 14 décembre, de Daher Ahmed Farah, porte-parole de lUSN et président du MRD, près de son domicile, alors quil se rendait au palais de justice pour soutenir de jeunes démocrates arrêtés aussi . « Nous condamnons les arrestations des dirigeants et militants USN qui démontrent combien le Président djiboutien est décidé à passer son 4e mandat à sa succession par la répression de lopposition et de lensemble des citoyens, fustige Maki Houmed-Gaba. Nous appelons la communauté internationale à soutenir le peuple djiboutien dans sa lutte difficile pour la démocratie à Djibouti ».