08/11/09 (B524) Plainte déposée par l’UDT (Djibouti) auprès du BIT pour obstruction aux droits d’organisations et interdiction de l’activité syndicale.

à Monsieur le Directeur général

Bureau International du Travail

Genève – Route des Morillons, 4

CH- 1211 Genève – SUISSE

Objet : Plainte pour obstruction aux droits d’organisations et interdiction de l’activité syndicale.

Monsieur le directeur général,

Le 13 octobre 2009, tôt dans la matinée, les forces de l’ordre ont, sur ordre de la primature,
investis le palais du peuple où se tenait le séminaire de formation syndicale pré-congrès,
organisé par l’UDT et interrompu la poursuite du séminaire en dispersant de force les
participants dont l’accès aux salles furent interdits.

Dans la foulée deux des camarades participants refoulés furent arrêtés et conduis dans les
locaux de la brigade criminelle avant d’être relâchés en fin de matinée après avoir été astreint
à un interrogatoire par la police.

Il s’agit du secrétaire général du syndicat des travailleurs
d’électricité de Djibouti (STED) le camarade Anouar Mohamed Ali et Abdourachid
Mohamed Arreh, membre du syndicat des enseignants du primaire(SEP).

Dans la même journée, la direction de Djibouti Sheraton Hôtel nous informa que la
réservation de la salle de conférence que nous avions conclu avec elle en vue d’y tenir l’assise
du 4eme congrès national ordinaire de l’UDT, a été annulée et résiliée d’office sur ordre de la
primature également. La direction de l’Hôtel nous annonça de plus qu’elle ne pourrait
accueillir au Sheraton notre congrès que si nous pouvions fournir une autorisation écrite du
ministère de l’intérieur à cet effet.

Nous nous rendîmes au ministère de l’intérieur pour savoir ce qui s’est passé, mais un des
responsable du ministère qui nous a reçu nous annonça d’emblée que ces mesures ne
concernaient pas uniquement l’UDT mais concernaient sans distinction toutes le deux
centrales nationales dont toutes activités relatives au congrès ou aux séminaires sont
désormais interdites jusqu‘à nouvel ordre : « ce sont les directives et ordres que nous venons
de recevoir et je vous conseille de ne pas vous fatiguer à chercher une éventuelle autorisation
à cet effet ni à essayer de contourner ces dispositions car aucune structure Hôtelière ou établissement publique ou privée ne sont autorisés à accueillir ces genres de rassemblement
jusqu‘a nouvel ordre. »

Le 14 octobre 2009 dans l’après midi, encore une fois sur ordre de la primature, le secrétaire
de l’UDT, le camarade Adan Mohamed Abdou fut interdit d’accès au siège de l’UDT qu’il
dirige et deux policiers furent d’ailleurs affectés à l’entrée dudit siège pour en contrôler
l’accès.

Ceci n’est rien d’autre que la mise en application des dispositions antisyndicales du nouveau
code de travail qui est aussi en contradiction flagrante avec les conventions internationales du
travail de l’OIT numéros 98 et 87 et plus spécialement du premier alinéa de l’article 215 qui
stipule clairement que l’existence légale des syndicats est subordonnée à des formalités de
dépôt et de contrôle de la légalité du syndicat.

D’ailleurs un groupe d’entrepreneur qui voulait
créer, au début de l’année 2009, une centrale syndicale d’employeur indépendante à Djibouti
a essuyé le même revers et sont sommés de ne plus à y penser.
L’arbitraire à l’encontre des syndicats libre vient d’atteindre, notamment à l’endroit de
l’UDT, son paroxysme et la liberté syndicale est ouvertement violée et n’a plus par
conséquent droit de cité dans le pays : le simple fait de la revendiquer est désormais un délit
pour les pouvoirs publics Djiboutiens au premier rang desquels le premier ministre en
personne.

Nous portons plainte contre le gouvernement djiboutien auprès de BIT et lui demandons de
prendre ses responsabilités vis-à-vis de Djibouti et de son gouvernement qui depuis presque
une décennie et demi viole et bafoue sans retenue aucune, les conventions et
recommandations du BIT comme les dispositions constitutionnelles de l’OIT.

Dans l’attente, nous vous prions d’agréer, monsieur le directeur général, l’expression de notre
haute considération.