03/12/02 (B174 / 2) Revue de presse ‘non exhaustive’ de la journée …

Après la diffusion
de l’émission de Canal +, la presse commente largement les nouvelles
révélations sur l’affaire de l’assassinat du juge Borrel et
nous apprenons ainsi que quatre experts infirment désormais la thèse
du suicide.

________________________Extrait
AFP

Mort du juge Borrel: des expertises infirment la thèse du suicide

PARIS, 3 déc (AFP)
– Quatre nouvelles expertises versées au dossier d’instruction sur
les circonstances de la mort du juge français Bernard Borrel en octobre
1995 à Djibouti vont dans le sens de l’infirmation de la thèse
du suicide, a-t-on appris mardi auprès de plusieurs parties civiles.

"Ces expertises,
non seulement viennent infirmer la thèse du suicide mais elles proposent
de surplus une explication sur les circonstances dans lesquelles Bernard Borrel
a été assassiné", a déclaré dans un
communiqué transmis à l’AFP, un avocat de la veuve du magistrat,
Me Olivier Morice.

Ces expertises ont été
réalisées après un transport sur les lieux de la mort
des experts et du juge, fin février, et à la suite de la deuxième
exhumation du corps de Bernard Borrel, en juin, en Haute-Garonne (sud-ouest
de la France).

"Nous ne sommes pas
au bout des investigations, il y a encore des zones d’ombre dans ce dossier
et nous attendons encore le rapport définitif des experts", a
déclaré à l’AFP Anne Crenier, ancien président
du Syndicat de la magistrature (SM), également partie civile.

Selon elle, les experts
vont bien "dans le sens de l’infirmation de la thèse du suicide,
mais restent prudents".

Selon Me Morice, une première
expertise -sur les quatre versées au dossier- réalisée
par trois professeurs de médecine des instituts médico-légaux
de Lyon (centre-est), Montpellier (sud) et Lausanne (Suisse), conclut que
la thèse de l’immolation par le feu précédemment avancée
n’est pas "plausible" et qu’il faut privilégier une "piste
extérieure".

Deux autres expertises,
toxicologiques, évoquent une "manipulation", a-t-il déclaré
à l’AFP.

Le corps calciné
du juge Borrel avait été trouvé le 19 octobre 1995 à
environ 80 km de Djibouti-ville.

La veuve du juge, Elisabeth
Borrel, a toujours estimé que son mari, alors conseiller du ministre
de la Justice djiboutien, avait été victime d’un assassinat
politique.

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Comme toujours, maladroitement
et à contretemps, Djibouti proteste et fait paraître une dépêche
AFP pour tenter l’incendie déclenchée par les révélations
d’Hassan Saïd sur Canal +, d’Alhoumekani, d’Iftin, ainsi que de Me Morice
qui affirme que des experts estiment que le Juge Bernard Borrel n’a pas pu
se suicider. N’est-il pas trop tard ??

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Extrait AFP

Vive réaction
de Djibouti à une enquête sur le "suicide" du juge
Borrel

PARIS, 3 déc (AFP)
– Les autorités djiboutiennes ont vivement protesté mardi à
Paris, après la diffusion à la télévision d’une
enquête sur la mort à Djibouti du juge français Bernard
Borrel, qualifiée de "suicide" par les autorités et
d’assassinat politique par son épouse.

Le corps calciné
de M. Borrel, conseiller auprès du ministre djiboutien de la Justice
depuis 1994, avait été retrouvé en octobre 1995 au bord
d’une piste du désert djiboutien, à 80 km de la capitale.

Selon un premier rapport
médico-légal, le magistrat se serait suicidé en s’aspergeant
d’essence puis en s’immolant. Son épouse, Elisabeth, n’a jamais accepté
cette thèse, privilégiant la piste d’un assassinat politique.

Elle avait obtenu une
exhumation du corps pour une nouvelle autopsie en juin 2002, et avait, dans
un entretien au journal la Dépêche du Midi, souligné "qu’il
n’y avait pas de suie dans les poumons" de son mari et qu’un expert lui
avait "tout de suite annoncé qu’il était impossible que
mon mari soit mort par le feu".

L’enquête de Canal
Plus, diffusée lundi soir dans le cadre de l’émission télévisée
"90 minutes", tend à démontrer que le magistrat a
été tué parce qu’il était en train de remonter
jusqu’aux auteurs d’un attentat commis à Djibouti en 1990 au Café
de Paris (1 mort, 11 blessés), lieu de rendez-vous de nombreux Français,
à un moment où la présence française était
contestée par certains milieux djiboutiens.

La diffusion de cette
enquête, qui s’appuie sur plusieurs témoignages mettant en cause
des proches d’Ismaël Omar Guelleh, neveu et chef de cabinet du président
de la République Hassan Gouled Aptidon, depuis devenu président
de Djibouti, a été suivie mardi matin par un communiqué
de l’ambassade de Djibouti à Paris.

"Ces allégations
reposent essentiellement sur des amalgames, des déclarations tronquées
et isolées de leur contexte, les affirmations de personnages douteux
ayant quitté le pays et dont le principal, ancien membre de la garde
présidentielle, fait l’objet de poursuites judiciaires pour exactions
graves", affirme l’ambassade.

Mardi, les parties civiles
ont annoncé à l’AFP que quatre nouvelles expertises allaient
dans le sens de l’infirmation de la thèse du suicide.

"Ces expertises,
non seulement viennent infirmer la thèse du suicidemais elles proposent
de surplus une explication sur les circonstances dans lesquelles Bernard Borrel
a été assassiné", affirme un avocat de Mme Borrel,
Me Olivier Morice.

Dans l’enquête de
Canal Plus, qui a lieu à Djibouti, Addis Abeba et Paris, un ancien
officier de la garde présidentielle, Mohamed Saleh Alhoumekani affirme
avoir entendu au palais présidentiel le jour du décès
du juge une conversation au cours de laquelle plusieurs hommes annonçaient
à Ismaël Omar Guelleh que le "juge fouineur" était
mort et qu’il "n’y avait pas de trace".

Le témoignage d’Alhoumekani
avait été d’abord contredit par le chef de la garde présidentielle,
Ali Iftin, mais Iftin affirme maintenant avoir été contraint
de faire un faux témoignage.

A l’époque, témoigne-t-il,
"ceux qui dérangeaient étaient éliminés purement
et simplement", "la règle de base" était "de
faire passer les éliminations en accident ou en suicide".

Ali Iftin, craignant pour
sa vie, a fui Djibouti pour l’Ethiopie, avant, indique l’enquête de
Canal Plus, d’obtenir l’asile en Belgique, après un refus de la France.

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Extrait du Soir de Bruxelles

Djibouti : Deux anciens
de la garde présidentielle réfugiés en Belgique impliquent
l’actuel chef de l’Etat

« Le juge fouineur
est mort… »

RÉCIT
RENÉ HAQUIN

Le 18 octobre 1995,
Bernard Borrel, ancien procureur à Lisieux, devenu en 94 conseiller
du ministre djiboutien de la Justice, meurt là-bas, dans des circonstances
troubles. Son corps est retrouvé le 19 octobre à demi carbonisé
dans un ravin au lieudit Le Goubet, face à l’île du Diable.
L’enquête de la brigade criminelle conclut hâtivement et malgré
des indices contradictoires à un suicide par immolation.Mais une
première contre-expertise sollicitée en France par sa veuve,
la magistrate Elisabeth Borrel, convaincue de la thèse de l’élimination,
constate l’absence de produits de carbonisation dans le corps et conclut
au rejet de la notion de carbonisation vitale. Le juge était mort
avant d’être brûlé.

Aujourd’hui, deux anciens
de la garde présidentielle de Djibouti, réfugiés en Belgique,
affirment avoir été témoins, au palais présidentiel,
de conversations sur la mort du juge Borrel.

Entré avec ses
enfants en Belgique en septembre 1998, l’ancien lieutenant de la garde, Mohamed
Saleh Alhoumekani, a fini par obtenir ici le statut de réfugié
politique, après la reconnaissance par la Sûreté belge
du risque réel d’être refoulé vers Djibouti si la Belgique
le renvoyait en France.

En 1999, il révèle
à son avocat, Me Luc Cambier, avoir personnellement surpris le 19 octobre
1995, dans le jardin de la présidence, une courte discussion relative
à l’élimination du juge Borrel. Le 19 octobre 1995 vers 14 heures,
dit-il, cinq hommes, parmi lesquels les chefs des services secrets (Hassan
Saïd) et de la gendarmerie (le colonel Mahdi), deux étrangers
ainsi qu’un certain Awalleh Guelleh Asseweh, mis en cause dans un attentat
antifrançais à Djibouti et condamné par contumace en
1998 à la perpétuité en France, arrivent à la
présidence à bord de deux 4X4. Selon Aloumekhani, ils ont été
accueillis par le chef de cabinet de l’époque, Omar Guelleh (actuel
président de la République). Asseweh a dit : Ça y est.
Le juge fouineur est mort. Guelleh aurait alors demandé : Le travail
a été fait correctement ? Réponse d’un des étrangers
: Pas de trace. Mais il faut demander au colonel de récupérer
la main courante (les registres tenus par la police aux points de contrôle).
Réplique du colonel Mahdi : C’est fait.

A Djibouti, on présente
Alhoumekani comme un affabulateur. Ali Iftin, qui commandait la garde à
l’époque, a signé une lettre manuscrite qui le décrédibilise.
Mais en avril dernier, le même Ali Iftin, qui à son tour a fui
Djibouti, révèle à Addis Abeba où il se cache
avoir été contraint d’écrire cette lettre par le chef
des services secrets Hassan Saïd.

En septembre dernier,
Ali Iftin rejoint Alhoumekani à Bruxelles. Il affirme avoir lui aussi
entendu le chef des services secrets Hassan Saïd dire au futur président
Guelleh, à propos du juge Borrel : Ce monsieur s’occupe d’affaires
qui ne le concernent pas. Il devrait, pour son propre intérêt,
s’occuper de ses affaires. Iftin ajoute : Il n’était pas question d’élimination.
Mais tous ceux qui ont dérangé Ismael Omar Guelleh ont été
liquidés. C’était la règle au palais : faire passer les
éliminations en accidents, suicides…

Un reportage de Bernard
Nicolas et Jean-Claude Fontan que Canal + Belgique doit diffuser mercredi
(après sa diffusion hier sur Canal+ France) tente de démontrer,
nouveaux témoignages à l’appui, que le juge Borrel a été
éliminé parce qu’il était en train de remonter aux auteurs
de l’attentat du Café de Paris, qui fit un tué (français)
et onze blessés en 1990 à Djibouti. Dans ce reportage, Ali Iftin
confirme avoir été contraint de faire un faux témoignage
contre son ancien lieutenant Alhoumekani. Les deux hommes ont été
entendus sur ces faits vendredi au palais de justice de Paris par la juge
d’instruction Sophie Clément, en charge du dossier Borrel.

A l’annonce de la diffusion
de ce reportage, Awalleh Guelleh Asseweh, auquel Alhoumekani attribue la phrase
Le juge fouineur est mort, a porté plainte dès le 17 novembre
à Djibouti pour faux témoignage et dénonciation calomnieuse.·

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Extrait de la Dépêche du Midi

CANAL + – Retour sur
l’étrange mort du magistrat toulousain, ce soir à 22 h 40 Djibouti
: l’impossible suicide du juge borrel

« J’irai jusqu’au
bout, mais dans cette affaire, je ne fais plus confiance à personne.
» Ainsi s’exprimait le 29 juin dernier dans les colonnes de «
La Dépêche du Midi », Elisabeth Borrel. Qui, depuis 7 ans,
se bat pour connaître la vérité sur la mort de son mari.

Une affaire étrange,
complexe, touffue, où l’on sent, à l’évidence l’ombre
de la Raison d’Etat planer. Au détriment de l’apaisement d’une famille.

Canal + a choisi de relater
cette affaire, à travers un reportage de Bernard Nicolas.

L’affaire commence à
Djibouti, un de ces petits coins du monde où l’on croise tous les comploteurs
de la planète.

Le 19 octobre 1995, au
pied d’une falaise, on découvre le corps à moitié calciné
de Bernard Borrel. L’homme est âgé de 40 ans. Il est magistrat,
originaire de Toulouse, ancien substitut du procureur de la République
de Montauban.

A Djibouti, il est en
mission, détaché par son ministère.

Une enquête rapide
conclu à un suicide. « Par immolation », précise
le rapport. A partir de là, le dossier n’est plus qu’une accumulation
de bizarreries et de chausse-trapes.


AUTOPSIES DU CORPS ET DES RADIOS
C’est d’abord un conseiller juridique qui déboule chez la veuve, à
la recherche de documents « de la plus haute importance ». Ce
sont des sommes d’argent retirées à la banque par Bernard borrel
avant son décès. C’est une autopsie du corps et des radios qui
doivent être réalisées, et dont on n’aura jamais ni preuve
ni traces. Une seconde autopsie pratiquée en France assure qu’aucune
trace de suie n’a été relevée dans les poumons, et que
donc la victime est morte avant d’être brûlée…

Le dossier, lui, va naviguer
de juges en juges. Un dossier où Elisabeth découvre avec effarement
qu’on prêtait à son mari des pratiques pédophiles, ou
plusieurs maîtresses. « Mensonge d’Etat » accuse-t-elle.
Elle qui a fini par découvrir que son époux enquêtait
sur un attentat perpétré à Djibouti en 1990. Peut-être
sur un trafic de dollars, peut-être sur l’argent de la coopération.

Plus les éléments
d’enquête s’accumulent, plus la mort du juge borrel ressemble à
une exécution. Un contrat sur un homme qui en savait trop. Qui avait
eu accès aux secrets sulfureux réservés habituellement
aux officines occultes des états.

A force de ténacité,
Elisabeth borrel a obtenu qu’une seconde exhumation soit réalisée
en juin dernier, du cimetière de Frouzins (Haute-Garonne) où
repose désormais son mari. D’autres examens, d’autres investigations
vont être réalisées.

« Je ne sais pas
ce que l’on peut trouver sept ans après, expliquait alors Elisabeth
Borrel. Dans toute enquête criminelle, c’est tout de suite que l’on
cherche… »

Une mère de famille
qui porte au quotidien la douleur de ne pas savoir: « C’est horrible
de ne pas pouvoir répondre quand les enfants demandent s’il a souffert
quand il est mort. »