01/06/06 (B352-B) Somalie : les violences continuent …. AFP, Le Monde (Deux articles signalés par un lecteur)

1 – MOGADISCIO (AFP) – L’alliance de chefs de guerre somaliens soutenue par les Etats-Unis a attaqué jeudi une base des milices des tribunaux islamiques à la sortie nord de Mogadiscio, faisant trois tués, après avoir perdu la veille une position clé dans la bataille pour le contrôle de la capitale.


Les combattants de l’alliance ont lancé une offensive contre les miliciens des tribunaux dans le village d’El Arfid, à la périphérie nord de la capitale somalienne, selon des habitants.

Au total, les deux camps ont engagé dans les combats plus de 500 miliciens, équipés de dizaines de véhicules armés de mitrailleuses, et les villageois ont fui la zone, selon des témoins.

« Les combats ont commencé dans les zones d’El Arfid et de Dermoley », a déclaré à la mi-journée Moalim Ashi, chef coutumier dans la ville voisine de Balad, à environ 30 km au nord de Mogadiscio.

« Au moins trois personnes ont été tuées et sept blessées », a déclaré Abdi Ibrahim, médecin à l’hôpital Al-Hikma situé au nord de Mogadiscio.

Les forces de l’alliance ont reçu des renforts venus de Jowhar (90 km au nord de Mogadiscio) et se préparaient depuis le début de la matinée jeudi à attaquer les miliciens des tribunaux à El Arfid, selon des habitants.

Le début des combats a interrompu tout trafic routier entre Mogadiscio et Jowhar, selon des témoins.

« Nous avons appris que les chefs de guerre ont reçu des renforts de Johwar et prévoient d’attaquer El Arfid, mais nous sommes prêts », avait commenté avant le début des affrontements Mustafa Ali, membre de l’un des 11 tribunaux islamiques de la ville.

Dans la capitale somalienne, quelques tirs sporadiques ont été entendus jeudi matin dans le quartier de Sukahola (nord-est), enjeu des combats de mercredi. « A part des tirs sporadiques, Sukahola est relativement calme », a affirmé un résident, Abdulahmed Noor, qui, comme les autres habitants du quartier, craignaient de nouveaux affrontements.

« Les miliciens sont toujours sur les lignes de front », a expliqué une autre habitante du quartier, Amina Mohamed.

Les combattants des tribunaux ont attaqué et pris mercredi une position-clé de l’alliance des chefs de guerre à Sukahola, dans le but de couper une ligne d’approvisionnement de leurs adversaires reliant Mogadiscio à Jowhar.

Selon une source hospitalière, trois miliciens, qui n’avaient pas été comptabilisés dans les pertes de mercredi, ont également été tués.

Depuis la semaine dernière, les combats ont fait au moins 78 morts dans la capitale, selon un dernier bilan établi jeudi auprès d’habitants et de sources hospitalières.

Depuis la création en février de l’Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT), qui regroupe des chefs de guerre soutenus financièrement par les Etats-Unis et qui combat la montée en puissance des tribunaux islamiques, les affrontements entre les deux groupes dans les rues de Mogadiscio et ses environs ont fait au moins 316 morts.

Selon un rapport d’experts de l’Onu datant du 10 mai, les tribunaux islamiques – qui ont déclaré la « guerre sainte » aux chefs de guerre et sont soupçonnés par les services secrets occidentaux d’abriter des extrémistes musulmans – ont pris l’avantage sur l’ARPCT et contrôlent environ 80% de la capitale.

La Somalie, pays pauvre de la Corne de l’Afrique, est en guerre civile depuis 1991. Son gouvernement, mis en place en 2004, se montre incapable de rétablir l’ordre et assiste impuissant aux combats dans la capitale.

______________________________________ Extrait Le Monde

2 – Regain de violences en Somalie, l’ONU craint un « désastre majeur »
(Le Monde 31/05/2006)

Sept personnes ont été tuées à Mogadiscio, la capitale de la Somalie, mercredi matin 31 mai, après trois jours d’accalmie, dans l’attaque d’une position des miliciens de l’Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT) par les miliciens des tribunaux islamiques.

Les combats, intenses et dans lesquels les deux camps utilisent de l’artillerie et des mortiers, sont localisés dans le quartier de Sukahola, dans le nord-est de la capitale, selon des habitants du quartier. Toujours selon eux, les tués sont des miliciens – quatre de l’Alliance et deux des tribunaux – et un civil.



La Somalie au bord un « désastre majeur », selon l’ONU

La Somalie est au bord d’une crise majeure provoquée par les effets combinés des combats à Mogadiscio, de la sécheresse et du chaos qui règne dans le pays depuis le début de la guerre civile en 1991, a averti, mardi 30 mai,le directeur des services humanitaires de l’ONU pour les personnes déplacées, Dennis McNamara.

La Somalie a été « un de ces points noirs que nous avons collectivement ignorés depuis trop longtemps et nous ne pouvons plus nous le permettre », a déclaré M. McNamara. « Si ce conflit n’est pas circonscrit rapidement, nous pourrions bien nous retrouver face à une nouvelle crise (…) Nous avons un désastre humanitaire à petite échelle, ce sera un désastre majeur », a-t-il ajouté en critiquant la faible mobilisation des donateurs pour venir en aide à la Somalie.

Plus d’un million d’habitants du pays, qui en compte environ 10, sont frappés par la sécheresse qui touche l’Afrique de l’Est. Environ 400 000 personnes ont dû fuir leurs régions à cause de cette sécheresse et de la guerre. Quelque 250 000 déplacés vivent ainsi à Mogadiscio dans des bidonvilles. – (Avec AFP)

Selon plusieurs témoins, l’attaque vise apparemment à couper une ligne d’approvisionnement des forces de l’Alliance reliant Mogadiscio à la ville de Jowhar, à environ 90 km au nord. « Les combats sont actuellement très violents et les milices des tribunaux semblent s’être bien préparées pour l’attaque », a expliqué un habitant du quartier. Les miliciens des tribunaux « sont arrivés tôt ce matin avec des camions (…) C’est la première fois que l’un des camps fait une telle attaque surprise », a commenté, de son côté, un ancien officier somalien, Mohamed Hassan.

REGAIN DE VIOLENCES

Depuis la semaine dernière, au moins 69 personnes ont été tuées et des centaines blessées, essentiellement des civils, lors des affrontements, qui avaient connu une accalmie depuis dimanche. Les combats opposent les milices des tribunaux islamiques, soupçonnés ar les services de renseignements occidentaux d’abriter des extrémistes musulmans, et les forces de l’ARPCT, qui a reçu un soutien financier américain dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

L’ARPCT compte dans ses rangs des chefs de guerre qui contrôlent Mogadiscio depuis le début de la guerre civile, en 1991, qui a fait 300 000 à 500 000 morts. Ces chefs de guerre entendent contrer la montée en puissance des tribunaux islamiques qui menacent leur pouvoir.



Les affrontements, qui ont débuté dès la création de l’Alliance, en février, ont fait depuis quelque 300 morts. Ils sont les plus sanglants depuis le début de la guerre civile en Somalie. Le gouvernement de transition, installé en 2004, assiste impuissant à ces combats dans la capitale.



Avec AFP