04/02/07 (B381) AP / Les jeunes combattants des tribunaux islamiques en Somalie se cachent après la défaite

MOGADISCIO
(AP) – Adirisaq Khalid Ahmed, 16 ans à peine, cirait des chaussures
dans le dédale du marché de Mogadiscio quand un milicien de
l’Union des tribunaux islamiques lui a demandé s’il voulait venir combattre.

L’adolescent
a répondu oui.

Deux
mois plus tard, après la défaite des islamistes, il se cache,
comme un nombre, non précisé, d’autres jeunes combattants enrôlés
par la milice avant la débâcle.

Si les
forces gouvernementales et les Tribunaux islamiques démentent avoir
recruté des enfants-soldats, de nombreux témoignages laissent
penser le contraire, selon Christian Balslev-Olesen, représentant en
Somalie de l’UNICEF, l’agence onusienne pour l’enfance.

"J’ai
combattu l’ennemi et j’ai été blessé", raconte Ahmed,
qui se cache à Mogadiscio, soigné par son oncle pour ses blessures
au dos et à la jambe. Par crainte de représailles, il refuse
d’être pris en photo.

Selon
Balslev-Olesen, les Tribunaux islamiques ne se sont guère cachés
de recruter des enfants-soldats, derniers en date de la longue série
d’enfants et adolescents enrôlés dans les guerres africaines.

"Si
vous avez des jeunes et des enfants qui vivent ce genre de combats et de tueries,
cela influence leur mentalité, leurs pensées et leur état
d’esprit pour le restant de leurs jours", estime-t-il.

Awale
Sheik Osman, 14 ans, raconte pour sa part avoir tué plusieurs soldats
"hostiles", sans savoir s’il s’agissait de soldats éthiopiens
ou gouvernementaux, à Idale, 60km au sud-ouest de Baidoa, l’ancien
bastion gouvernemental à l’époque où les Tribunaux contrôlaient
la capitale. De retour à Mogadiscio, il vit avec sa mère et
a peur de sortir de chez lui. "Malheureusement, j’ai reçu une
balle à la main gauche, mais je voulais mourir pour défendre
ma religion", ajoute le jeune homme, qui dit avoir été
recruté à la mosquée de son quartier.

Trois
autres jeunes garçons racontent quant à eux comment ils ont
réussi à éviter de justesse l’enrôlement. "Ils
sont venus à nous et nous ont demandés si nous étions
de bons musulmans", raconte Hassan Abdi Haji, 15 ans. "Ils nous
ont donné des fusils et nous ont dit qu’ils reviendraient avec des
uniformes".

Mais avant
le retour des recruteurs, les forces éthiopiennes et gouvernementales
somaliennes avaient chassé les islamistes de la capitale au terme d’une
guerre-éclair.

"Nous
avons jeté les armes. Puis nous avons appelé nos parents",
ajoute Haji.

AP
nc/v/sb