15/12/07 (B426) LE MONDE La crise s’apaise entre Paris et Djibouti (Info lectrice)

Le président Nicolas Sarkozy a accepté l’invitation à se rendre à Djibouti qui lui a été faite, mardi 11 décembre, par le chef de l’Etat de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, à l’issue d’un entretien à l’Elysée, selon une source bien informée. La date de la visite n’a pas encore été fixée mais « le plus tôt sera le mieux », a indiqué au Monde un collaborateur de Nicolas Sarkozy.

L’accord de principe pour une visite du président français marque un rapprochement spectaculaire entre les deux pays.

Il y a environ deux mois, Djibouti envisageait de rompre les relations diplomatiques avec la France, son ancienne puissance coloniale. Le président Omar Guelleh s’en était ouvert à plusieurs de ses interlocuteurs étrangers dont le commissaire européen chargé du développement, le Belge Louis Michel. Celui-ci avait incité le chef de l’Etat de Djibouti à ne pas mettre sa menace à exécution.

Egalement consulté, Paul Kagamé, le chef de l’Etat rwandais (un pays qui, après avoir rompu ses relations diplomatiques avec Paris, souhaite les rétablir), avait abondé dans le même sens, selon une autre source.

L’affaire Borrel, du nom du juge français mort dans des conditions suspectes en 1995 à Djibouti, est au coeur de la crise qui empoisonne les relations entre les deux pays. Après avoir privilégié la thèse du suicide, l’enquête française a retenu celle d’un assassinat tandis que des témoins mettaient en cause le chef de l’Etat de Djibouti (ce qu’il n’était pas à l’époque) et d’autres dignitaires du régime. Si le dossier Borrel a été évoqué, mardi à l’Elysée, entre les deux présidents, rien n’a filtré des discussions sur ce sujet. « Il n’y a pas de liens entre les procédures judiciaires et les relations entre les deux pays », s’est borné à indiquer le porte-parole de l’Elysée, David Martinon.

COOPÉRATION MILITAIRE

Conséquence du réchauffement des relations bilatérales, Paris va accroître la coopération militaire avec Djibouti en formant sur place, à Atar, des officiers. La France dispose à Djibouti d’une base militaire, la plus importante en Afrique (2 850 hommes), mais elle se heurte aux ambitions des Etats-Unis, également présents sur place via la task force pour la Corne de l’Afrique. En début de semaine, le secrétaire américain à la défense, Robert Gates, se trouvait à Djibouti.

La France veut aussi se renforcer sur le plan économique face aux pays du Golfe, de plus en plus actifs dans l’ancienne colonie française. Le chef de l’Etat de Djibouti a été reçu, mercredi, par le Medef International. Et, avant son départ, prévu samedi, il devrait avoir des entretiens avec les dirigeants de Total (énergie), Vinci (construction), Degremont (traitement des eaux), et CMA-CGM (transport maritime).

Jean-Pierre Tuquoi