14/03/08 (B438) Nouvel OBS : affaire Borrel / Un an de prison avec sursis requis contre les accusés.

Les deux hauts dignitaires djiboutiens sont accusés de "subornation de témoin" dans l’affaire du juge français tué en 1995. Sa veuve a affirmé à l’audience avoir subi "des pressions invraisembables".

Un an de prison avec sursis a été requis, vendredi 14 mars, au tribunal correctionnel de Versailles à l’encontre de deux hauts dignitaires djiboutiens jugés en leur absence pour "subornation de témoin" dans l’affaire Borrel.

"Ces deux hommes sont coupables du délit de subornation : ils l’ont fait pour détourner les soupçons de la République djiboutienne, pour les faire porter ailleurs", a estimé le procureur Jean-Michel Desset dans un réquisitoire de dix minutes.

Le procureur, Djama Souleiman, et le chef des services secrets de Djibouti, Hassad Saïd, sont accusés d’avoir fait pression sur deux témoins clefs du dossier pour annuler ou discréditer un témoignage mettant en cause l’actuel président de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, comme le possible commanditaire du meurtre du juge français Bernard Borrel, en 1995 à Djibouti.

"Des pressions invraisemblables"

Elisabeth Borrel, la veuve du juge tué en 1995 à Djibouti, a déclaré, de son côté, qu’elle avait elle-même "subi des pressions invraisemblables".

"Moi aussi, j’ai subi des pressions invraisemblables", a-t-elle expliqué au tribunal correctionnel de Versailles, première juridiction française à évoquer le fond de l’affaire Borrel en douze ans de procédure.

"Comme on ne m’avait pas donné de preuve sur la mort de mon mari, je suis allée les chercher", a-t-elle ajouté. "De très hautes autorités françaises, des magistrats ont voulu me faire passer pour folle, m’expliquant qu’il ne fallait pas que je cherche la vérité car je serais déçue par mon mari".

"Dans une démocratie, on ne peut pas accepter qu’un témoin essentiel dans l’assassinat d’un magistrat fasse l’objet de pressions", a-t-elle déclaré.

Corps en partie calciné

Le corps en partie calciné du magistrat Borrel avait été retrouvé en 1995 à Djibouti, où il travaillait, dans le cadre de la coopération, auprès du ministre de la Justice.

La thèse d’un suicide a longtemps été privilégiée avant que des expertises n’orientent l’enquête vers un homicide.