13/06/08 (B451) L’Erythrée, condamnée par l’ONU, est invitée à se retirer de la frontière de Djibouti (4 dépêches)

_________________________________________ Reuters

par Omar Hassan et Jack Kimball

DJIBOUTI/ASMARA (Reuters) – Pays arabes et occidentaux ont exhorté jeudi l’Erythrée à retirer ses forces de la frontière avec Djibouti à la suite d’affrontements qui ont fait au moins six morts et plus de 50 blessés dans les rangs de l’armée djiboutienne.

Des responsables ont indiqué que ces combats, les premiers depuis 1996 entre les deux pays de la Corne de l’Afrique, avaient cessé mercredi soir.

Mardi soir, le ministère djiboutien de la Défense avait indiqué que les combats avaient éclaté dans le secteur du mont Gabla, dans le nord de Djibouti.

Cette zone, également connue sous le nom de Ras Doumeira, est située sur le détroit de Bab el Mandeb, entre la mer Rouge et la mer d’Oman, un point de passage stratégique pour la navigation entre l’Europe et le Moyen-Orient.

L’Erythrée entretient des relations difficiles avec les Occidentaux qui l’accusent de soutenir des insurgés somaliens et d’avoir expulsé
des casques bleus à sa frontière avec l’Ethiopie.

Soulignant la nécessité de respecter la souveraineté de Djibouti, la Ligue arabe s’est réunie d’urgence pour discuter de la question et  a demandé à l’Erythrée de retirer immédiatement ses forces de la zone frontalière, rapporte l’agence égyptienne Mena.

Les Etats-Unis et l’Ethiopie ont imputé les affrontements à l’Erythrée. La France a demandé à Asmara de se montrer « coopérative » et de laisser une partie neutre faire la navette entre les deux capitales pour mener des discussions.

La situation dans la zone frontalière reculée n’a pu être observée de source indépendante.

Sans démentir ou confirmer les affrontements, les autorités d’Asmara ont accusé mercredi soir Djibouti de mener « des tentatives futiles et réitérées destinées à entraîner le gouvernement érythréen dans le climat d’animosité qu’il a créé ».

Le ministère érythréen des Affaires étrangères a affirmé qu’il ne se laisserait pas entraîner dans cette spirale.

SOUTIEN LOGISTIQUE FRANCAIS

Le ministère français de la Défense a fait part de sa « préoccupation » après les « accrochages » qui se sont produits à 150 km au nord de Djibouti, « le long de la frontière érythréenne, sur quelques centaines de mètres ».

Paris, qui possède à Djibouti sa base militaire la plus importante en Afrique.

« Nous apportons aux Djiboutiens un soutien logistique, notamment médical, et un soutien renseignements »
, a fait savoir le porte-parole du ministère français, Laurent Teisseire, lors d’un point de presse. Il n’y a pas d’engagement physique militaire de la France dans cette affaire, a-t-il précisé.

Aux Nations unies, le Conseil de sécurité a discuté du conflit et ses membres ont exprimé leur profonde préoccupation et invité les deux parties à faire preuve d’un maximum de retenue et à renouer le dialogue, a déclaré l’Américain Alejandro Wolff, qui assure la présidence du Consei de sécurité.

Au nom des Etats-Unis, Wolff a dénoncé « l’agression » de l’Erythrée qui, a-t-il dit, entre dans le cadre d’un « comportement irresponsable de déstabilisation de la part de l’Erythrée ».

La situation est tendue depuis deux mois entre Djibouti et Asmara en raison d’un différend frontalier. Mais les observateurs affirment que des affrontements à cet endroit sont inattendus parce que la frontière n’y est pas contestée.

Selon Djibouti, les combats ont commencé quand des Erythréens ont pénétré sur son territoire pour construire des défenses. Le président érythréen Isaias Afwerki a démenti toute agression.

Les deux pays traversent depuis la mi-avril une crise diplomatique, Djibouti accusant l’Erythrée de construire des retranchements en territoire djiboutien.

L’armée djiboutienne a annoncé que près des trois quarts de ses 11.000 hommes étaient déployés à la frontière de l’Erythrée. Ce dernier pays, l’un des plus militarisés d’Afrique, a une armée de plus de 200.000 hommes.

Djibouti abrite deux bases militaires étrangères, l’une française, l’autre américaine, cette dernière composée principalement d’unités antiterroristes.

C’est aussi le seul débouché vers la mer de l’Ethiopie, le grand rival de l’Erythrée. Les deux pays se sont affrontés entre 1998 et 2000 dans une guerre qui a fait 70.000 morts.

Depuis, les Éthiopiens ont envoyé des troupes en Somalie soutenir le gouvernement de transition face aux rebelles islamiques.

Avec Elizabeth Pineau à Paris
version française Guy Kerivel,
Gregory Schwartz
et Nicole Dupont

_______________________________________ ONU (AFP)

Djibouti-Erythrée: l’ONU condamne l’action militaire de l’Erythrée

NEW YORK (Nations unies) – Le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné jeudi « l’action militaire de l’Erythrée contre Djibouti » à la frontière entre les deux pays, dans une déclaration adoptée à l’unanimité.

Le Conseil « condamne l’action militaire de l’Erythrée contre Djibouti à Ras Doumeira et dans l’île de Doumeira », dit cette déclaration qui a été lue en séance par l’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, Zalmay Khalilzad, président du Conseil en juin.

Le Conseil appelle les deux parties à s’engager à un cessez-le-feu et les exhorte, en particulier l’Erythrée, à faire preuve d’un maximum de retenue et à ramener leurs forces à leurs positions d’avant l’incident ». Six soldats djiboutiens ont été tués lors d’un accrochage mardi dans le nord de Djibouti entre troupes érythréennes et djiboutiennes, dans la région frontalière.

________________________________ XINHUA

La Ligue arabe appelle l’Erythrée à se retirer de Djibouti

LE CAIRE, 12 juin (Xinhua) — La Ligue arabe, bloc pan-arabe basé au Caire, a pressé jeudi l’Erythrée de retirer ses troupes du territoire djiboutien et de résoudre les différends par le dialogue.

Le secrétaire général assistant de la Ligue, Ahmed Ben Helli, a lancé cet appel lors d’une conférence de presse après une réunion d’urgence.

L’officiel a dit à la presse que la Ligue arabe aurait des contacts avec l’Erythrée pour être informée de sa position, notamment à la lumière des récents événements qu’il a qualifié de très négatifs.

L’Erythrée a accepté de recevoir une commission pour enquêter sur les affrontements de mardi avec Djibouti et résoudre le différend pacifiquement, a annoncé M. Ben Helli.

Dans une résolution à l’issue de la réunion d’urgence, la Ligue arabe a insisté sur le respect du principe de bon voisinage.

L’Erythrée a nié jeudi avoir des intentions hostiles envers son voisin Djibouti après les affrontements qui se sont produits mardi à la frontière entre les deux pays et lors desquels au moins deux soldats djiboutiens sont morts.

____________________________________ XINHUA

L’Egypte inquiète des affrontements à la frontière entre Djibouti et l’Erythrée

LE CAIRE, 12 juin (Xinhua) — L’Egypte a pressé jeudi Djibouti et l’Erythrée de se contenir et d’éviter l’escalade des tensions dans la région où les affrontements ont repris à la frontière entre les deux pays, a informé le ministère égyptien des Affaires étrangères.

Dans un communiqué de presse, le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères Hossam Zaki a exprimé la vive préoccupation de son pays au sujet des récents affrontements, demandant aux deux parties de donner une chance aux efforts de médiation pour maîtriser la situation et restaurer des relations normales.

Jeudi, l’Erythrée a nié toute intention hostile envers son voisin Djibouti après les affrontements frontaliers de mardi dans lesquels au mois deux soldats djiboutiens ont trouvé la mort et 21 autres ont été blessés. Des échanges de tirs ont eu lieu avec les forces érythréennes le long de frontière, du côté des routes maritimes stratégiques de la mer Rouge, selon Djibouti.