22/01/09 (B482-B) Le Journal de la flibuste … Les Suisses renoncent pour le moment à envoyer des militaires sur les navires marchands. L’Espagne renforce sa présence. Les Chinois multiplient les missions d’accompagnement de navires de commerce. (8 articles en Français)

___________________________ 8 – Le Figaro avec AFP

Somalie : l’Espagne envoie des renforts

Le Parlement espagnol a approuvé mercredi l’envoi de 395 militaires pour intégrer la force européenne de lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes, a annoncé le ministère de la Défense.

Les députés ont approuvé l’envoi de ce contingent à la quasi-unanimité, a annoncé le ministère dans un communiqué, précisant que le feu vert définitif serait donné vendredi en Conseil des ministres.

Cette opération "est d’une importance vitale pour la défense des intérêts géostratégiques et économiques de l’Espagne" et elle va "servir à apporter plus de sécurité à nos pêcheurs", présents près des côtes somaliennes, a déclaré mercredi au Parlement le ministre de la Défense, Mme Carme Chacon.

L’Espagne va envoyer une frégate militaire, un navire d’approvisionnement logistique, un avion patrouilleur, et un maximum de 395 militaires.

L’Union européenne a lancé le 8 décembre la première opération navale de son histoire, "Atalante", pour traquer les bandits des mers, avec six bâtiments et trois avions de patrouille sous commandement britannique.

L’Espagne devrait prendre au printemps le commandement de cette force créée à la suite d’une initiative commune avec la France.

___________________________ 7 – Ria Novosti (RU)

L’escorteur russe Neoustrachimy et le tanker Elnia font route vers l’Atlantique

L’escorteur russe Neoustrachimy et le tanker Elnia qui luttaient contre les pirates au large de la Somalie, ont traversé la partie centrale de la Méditerranée et se dirigent vers Gibraltar, a appris mercredi RIA Novosti d’une source au sein de l’état-major de la flotte russe de la Baltique.

"Le Neoustrachimy et le tanker Elnia sont passés la partie centrale de la mer Méditerranée et se dirigent vers le détroit de Gibraltar. Ils mettront ensuite le cap vers leur base (à Baltiisk). L’équipage accomplit sa mission, les équipements et armements sont en bon état", a indiqué le responsable.

Le Neoustrachimy a escorté une vingtaine de convois de cargos russes et étrangers au large de la Corne de l’Afrique entre octobre 2008 et janvier 2009. Le destroyer Admiral Vinogradov de la flotte russe du Pacifique a pris sa relève au large des côtes somaliennes.

Fin janvier, les navires Neoustrachimy et Elnia sont attendus à Baltiisk, la base de la flotte de la Baltique, avait annoncé plus tôt l’assistant du commandant en chef de la Marine russe Igor Dygalo.

_______________________ 6 – Bruxelles 2 (Europe de la défense)

1er bilan anti-pirates (UE, USA, Russie): 104 arrestations, 18 morts

Après le bilan de la piraterie – dressé par le Bureau maritime international – et la demande d’extradition faite par les Néerlandais, je me suis aperçu que nous n’avions pas de bilan précis des arrestations effectuées par les navires de guerre européens (Atalanta et CTF 150), russes et indiens au large de la Somalie et du Yémen ces derniers mois.

Donc voici un premier bilan, réalisé en compilant toutes mes notes et divers articles déjà publiés.

(Nb : le bilan des navires attaqués, marins blessés, tués, en otage a été réalisé par le Bureau maritime international).

En tout, près de 150 personnes ont été arrêtées par les navires de guerre, croisant le Golfe d’Aden, dont certaines en flagrant délit (attaque) ou sur de fortes suspicions (visite à bord et découverte d’armes de guerre). Sur ce nombre, une centaine ont été remises à des autorités étatiques : 19 ont été rapatriées en Europe (si on compte les 5 pirates transférés aux Pays-Bas). Mais la plupart (environ 85) ont été transférées aux autorités judiciaires de pays riverains (Yemen, Puntland-Somalie).

Sur ce chiffre, 11 ont été rapidement libérées après une courte instruction (il s’avérait qu’ils n’étaient pas des pirates mais des pêcheurs yéménites pris en otage). Soit en tout 93 personnes transférées à la justice. Une quarantaine de pirates présumés ont, par ailleurs, été relâchés par les navires de guerre qui les avaient interpellés.

La destination des pirates appréhendés par les navires de guerre varie donc.

• Le rapatriement en Europe (France, Pays-Bas) :

– 6 pirates arrêtés, à la mi-avril 2008, après la libération du Ponant et des otages (par remise de rançon), lors d’une opération terrestre effectuée par les commandos français, les suspects sont incarcérés à Paris (opération : nationale).

– 6 pirates arrêtés, dans la nuit du 15 au 16 septembre 2008, par les commandos français après l’attaque du Carré d’As, lors d’une opération en mer effectuée par les commandos français, pour libérer bateau et otages, les suspects sont incarcérés à Paris (opération : nationale).

– 5 pirates arrêtés par le navire danois Absalon, le 2 janvier 2009, après l’attaque d’un porte-conteneur néerlandais, pourraient être remis à la justice néerlandaise, le procureur ayant demandé leur extradition (opération : CTF-150).

• La remise aux autorités du Puntland (France) :

– 9 pirates Somaliens arrêtés par la marine française, le 23 octobre 2008, après une "visite de contrôle" (opération : nationale).

– 8 pirates Somaliens, arrêtés par l’Aviso français Premier Maitre L’her, le 1er janvier 2009 alors qu’ils tentent d’attaquer le cargo panaméen S. Vénus (opération : EUNAVFOR Atalanta).

– 19 pirates Somaliens arrêtés, par la frégate française Jean de Vienne, le 4 janvier 2009, après deux tentatives d’attaque, l’une sur le cargo croate Donat, l’autre sur le cargo panaméen Vulturnus (opération : nationale).

• La remise aux autorités du Kenya (Royaume-Uni, EUNAVFOR) :

– 8 hommes, arrêtés par le HMS Cumberland, le 11 novembre 2008 (opération : Otan).

NB : EUNAVFOR comme plusieurs Etats (Royaume-Uni, Etats-Unis…) ont passé un accord avec le Kenya pour juger les personnes arrêtées dans le cadre de leur action anti-pirates.

• La remise aux autorités du Yémen (Danemark, Russie, Inde) :

– 8 "pêcheurs-pirates" en détresse, récupérés par le navire danois Absalon, le 4 décembre 2008 (opération : CTF-150)

– 23 "pirates" yéménites et somaliens présumés arrêtés par la marine indienne, le 13 décembre 2008 (opération : nationale). 11 d’entre eux ont été libérés immédiatement comme étant des pêcheurs.
– une dizaine de pirates (chiffre à préciser), arrêtés par navire russe Admiral Vinogradov, le 14 janvier 2009 (opération : nationale).

• Une quarantaine (environ) de pirates, appréhendés, libérés sur le champ :

– 10 pirates somaliens appréhendés par le navire danois Absalon, le 10 septembre 2008, et relâchés sur ordre de Copenhague, les experts gouvernmentaux n’étant pas sûrs de pouvoir poursuivre et craignant l’application de la peine de mort s’ils étaient livrés à la Somalie, les armes découvertes ont été jetées à l’eau (opération : CTF 150)

– Plusieurs "pirates" présumés, répartis sur trois bateaux, arrêtés par le navire danois Absalon, le 3 novembre 2008 (opération : CTF 150)

– Plusieurs pirates arrêtés, par le navire danois Absalon, après l’attaque d’un bateau de croisière australien MV Athena, le 1er décembre 2008, puis relâchés le 3 décembre, sur ordre du QG de la coalition à Bahrein, le bateau pirate a été coulé (opération : CTF150)

– 6 hommes appréhendés, par le navire allemand Karlsruhe, le 25 décembre 2008, relâchés sur ordre de Berlin, les armes ont été neutralisés (opération : EUNAVFOR Atalanta).

NB : je ne décompte pas la mise en fuite des pirates, sans poursuite, qui semble être une règle primaire d’intervention de certains navires.

Coté bilan humain : 18 tués (dont 16 pêcheurs) et 6 blessés.

– 1 preneur d’otage a été tué par les commandos français lors d’une opération terrestre menée en Somalie, à la mi-avril 2008.

– 1 autre preneur d’otage a été tué par les commandos français lors d’une opération de libération des otages du Carré d’as, à la mi-septembre 2008.

– 15 pêcheurs ont été tués dans ce qui ressemble à une "bavure" de la marine indienne, le 18 novembre 2008.

– 3 pirates somaliens et/ou yéménites ont été blessés lors d’un accrochage avec les Britanniques du HMS Cumberland, le 11 novembre 2008.

– 1 pêcheur tué et 2 blessés, lors de l’attaque du cargo néerlandais Nedlloyd Barentz (groupe Maersk) par une quinzaine de pirates et l’intervention du Admiral Vinogradov, le 13 janvier 2009. Ils étaient dans la zone des tirs russes et auraient été atteints par erreur selon les autorités yéménites. Ce seraient les pirates somaliens qui les auraient blessés, disent les Russes.

________________________________ 5 – Ria Novosti (RU)

Piraterie en Somalie: l’UE et Moscou lutteront ensemble (Tchijov)

La délégation de la Marine de guerre russe dirigée par le vice-amiral Dmitri Dmitriev examine à Bruxelles la coopération avec l’UE dans la lutte contre les pirates somaliens, a annoncé mercredi à RIA Novosti le délégué permanent russe auprès de l’UE Vladimir Tchijov.

"La délégation de la Marine de guerre russe poursuit les discussions, entamées hier, avec l’Etat-major de l’UE et le secrétariat général du Conseil de l’UE sur les modalités de coopération dans la lutte contre la piraterie", a-t-il indiqué.

L’Union européenne (UE) a lancé une opération navale anti-piraterie baptisée Atalanta dans le golfe d’Aden. Des bâtiments de guerre d’autres pays, y compris le grand navire anti-sous-marins Admiral Vinogradov, se trouvent au large de la Somalie.

Selon l’ONU, plus de 120 attaques de pirates, ont été enregistrées en 2008 au large de la Somalie. 200 marins environ et plus de 10 navires restent toujours entre les mains des écumeurs des mers.

________________________________ 4 – Le Figaro avec AFP

Somalie : l’Espagne envoie des renforts

Le Parlement espagnol a approuvé mercredi l’envoi de 395 militaires pour intégrer la force européenne de lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes, a annoncé le ministère de la Défense.

Les députés ont approuvé l’envoi de ce contingent à la quasi-unanimité, a annoncé le ministère dans un communiqué, précisant que le feu vert définitif serait donné vendredi en Conseil des ministres.

Cette opération "est d’une importance vitale pour la défense des intérêts géostratégiques et économiques de l’Espagne" et elle va "servir à apporter plus de sécurité à nos pêcheurs", présents près des côtes somaliennes, a déclaré mercredi au Parlement le ministre de la Défense, Mme Carme Chacon.

L’Espagne va envoyer une frégate militaire, un navire d’approvisionnement logistique, un avion patrouilleur, et un maximum de 395 militaires.

L’Union européenne a lancé le 8 décembre la première opération navale de son histoire, "Atalante", pour traquer les bandits des mers, avec six bâtiments et trois avions de patrouille sous commandement britannique.

L’Espagne devrait prendre au printemps le commandement de cette force créée à la suite d’une initiative commune avec la France.

________________________________ 3 – Nouvel Obs avec AP

L’Espagne va participer aux patrouilles contre les pirates en Somalie

Le Parlement espagnol a donné son feu vert mercredi à la participation de 400 soldats espagnols aux patrouilles européennes contre la piraterie au large de la Somalie.

La ministre de la Défense Carme Chacon a précisé que 200 soldats quitteraient le golfe d’Aden une fois obtenu l’accord définitif du conseil des ministres vendredi.

La flotte anti-pirates de l’Union européenne et des bâtiments des marines britannique, indienne, iranienne, chinoise et américaine patrouillent déjà entre les rives du Yémen et de la Somalie pour protéger le passage des navires commerciaux.

Les pirates somaliens ont lancé au moins 111 attaques en 2008. En avril, un bateau de pêche espagnol a été libéré six jours après son abordage après le versement d’un rançon qui s’élèverait à 1,2 million de dollars.

________________________________ 2 – Le Temps (CH)

L’envoi des forces spéciales contre les pirates au large de la Somalie se complique

ENGAGEMENT.

Du type de coopération à la question du sort des prisonniers, une éventuelle intervention dans le golfe d’Aden pose d’épineuses questions juridiques. Le Conseil fédéral évoque le sujet mercredi.

Philippe Miauton, Berne
Jeudi 22 janvier 2009

Il n’est pas conventionnel que des soldats suisses se rendent à l’étranger pour effectuer des missions, encore moins armés et dans le cadre d’une opération internationale. Le tout avec le DRA 10, une troupe d’élite composée d’une trentaine d’hommes rompus à des missions de choc (LT du 23.12.08). Depuis décembre, le sujet fait débat au gouvernement.

Et pour cause. Les questions aussi bien pratiques que juridiques sont légion. Si plusieurs éléments sont précisés dans l’ordonnance concernant l’engagement de la troupe pour la protection de personnes et de biens à l’étranger, beaucoup d’interrogations demeurent. Le Conseil fédéral en discute ce mercredi. Prendra-t-il une décision? Bien que le sujet soit classé sensible chez les armateurs, dans l’armée comme dans l’administration, il est possible de dessiner les grandes lignes de cet éventuel engagement.

Du ressort du parlement

Certains craignent que le gouvernement donne son feu vert au DRA 10 pour partir sur les côtes africaines et que le parlement ne donne son assentiment qu’après coup, avec effet rétroactif. Or, un observateur indique que «la tendance est plutôt de laisser les soldats s’entraîner et d’attendre la décision formelle du parlement, lors de la session de mars, pour les engager». Toutefois, le débat s’annonce d’ores et déjà compliqué puisque la Commission de politique extérieure du Conseil national s’est opposée mardi, par 12 voix contre 6, à toute intervention militaire destinée à protéger la flotte suisse.

Que défendre?

L’intérêt de l’UE porte avant tout sur une participation de la Suisse dans la protection des convois du Programme alimentaire mondiale (PAM), un point qui compte aussi aux yeux de Micheline Calmy-Rey.

«Une coopération militaire significative puisque la Suisse mettrait à disposition des forces spéciales», souligne un proche du dossier. Cet apport de qualité pourrait exempter la Suisse des 8 à 9 millions de francs par an que coûte la participation à l’opération anti-piraterie de l’UE «Atalante». Quant aux quelques navires suisses qui traversent le golfe d’Aden, leur protection s’effectuerait sur simple demande des armateurs. Mardi, l’ambassadeur de l’UE à Berne, Michael Reiterer, a toutefois laissé entendre que, au lieu d’envoyer des soldats, la Suisse pourrait très bien apporter un soutien financier ou matériel à l’opération.

Avec qui coopérer?

Il s’agit pour la Suisse de définir sa collaboration dans le golfe d’Aden avec les autres nations présentes. La France semble au premier rang, notamment parce qu’elle s’est déployée en force dans la région et qu’elle dispose d’un pied à terre à Djibouti. «L’Allemagne est également une option», confie un militaire, pour qui le Royaume-Uni semble être hors course. Et d’ajouter: «C’est avant tout un choix politique». C’est l’accord-cadre signé avec l’UE pour intégrer l’opération qui réglera entre autres l’engagement de la Suisse, mais aussi les questions de prise en charge des transports ou du logement des troupes suisses.

Quel coût?

Dans le cas où la Suisse s’associe à l’un des pays engagés, elle n’aurait qu’à assumer les salaires et le matériel ordinaire destiné au DRA 10, qui fait déjà partie du budget de la formation des professionnels. Elle n’aurait pas à payer les frais de participation à l’opération, ni leur transport ou leur logement, leur nourriture ou le carburant. «Si des frais extraordinaires devaient être investis, le DFAE en discuterait vraisemblablement avec le Département des finances», relève un proche du dossier.

Que faire des prisonniers?

Dernièrement, les Français ont capturé huit pirates qu’ils ont remis aux autorités somaliennes. D’autres ont été rapatriés en France pour y être jugés. Les deux options s’offrent également aux soldats suisses. «Le droit suisse prévaut sur les bateaux suisses, ils seraient donc remis à notre justice, bien que le cas soit singulier», observe un officier. Toutefois, dans le cadre des accords avec l’UE, il serait possible de les transférer au Kenya ou en Somalie. La seconde option pourrait provoquer quelques cas de conscience. Quelques diplomates soulignent en effet qu’une extradition vers la Somalie exposerait les pirates à la peine de mort.

Autorisation de tirer?

Les soldats peuvent ouvrir le feu en cas de légitime défense, pour aider un tiers ou simplement pour assurer la réussite de la mission. Le principe de proportionnalité prévaut. Après un coup de semonce, le moteur du bateau des pirates peut constituer une cible, si ceux-ci n’obtempèrent pas. En dernier recours les soldats suisses pourraient même viser les malfaiteurs. L’UE règle les questions d’engagement de manière très précise.

Faut-il les considérer comme des combattants ou des civils?

«Les pirates ne sont pas des soldats d’un pays, ce ne sont pas non plus des civils selon la doctrine militaire, ce sont plutôt des criminels», répond un officier. Selon lui, c’est une raison qui lui fait dire que «la Suisse ne met pas à mal sa neutralité dans cet engagement puisqu’il ne s’agit pas d’une guerre conventionnelle entre des soldats de deux Etats».

Ultime point sensible: si un soldat suisse venait à périr?

Cette éventualité ne manquerait pas de provoquer un tollé politique auquel la Suisse n’est pas préparée.

________________________________ 1 – Radio Chine

16 navires commerciaux escortés par des bâtiments militaires chinois au large de la Somalie

Jusqu’à aujourd’hui, 20 janvier, la marine navale envoyée par la Chine le mois dernier au large de la Somalie a escorté 16 navires commerciaux. C’est ce qu’a indiqué le colonel Cai Huailei, de l’état-major général de l’Armée populaire de Libération.

Par ailleurs, le gouvernement de transition somalien a donné son accord pour que la Marine chinoise effectue une mission au large de la Somalie, mission qui est conforme à la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, a-t-il ajouté.

La flotte chinoise, composée de deux croiseurs et un navire de soutien, ont quitté la Chine le 26 décembre dernier pour se joindre au nombre croissant de bâtiments militaires internationaux qui combattent la piraterie au large de la Somalie, dans l’Est de l’Afrique.