14/12/09 (B529) FreeDjibouti -> Monsieur le Président, Comprenez-vous !

Par FreeDjibouti

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Comprenez qu’en tant que pensionnaire du toit de Djibouti, vous n’avez pas la même lecture que nous des réalités du pays. Comprenez que nos compréhensions de la situation de Djibouti s’écartent des vôtres. Telle est la pierre angulaire de la démocratie.

Comprenez qu’en tant que Djiboutien ordinaire, nous soyons à même d’apporter une cinglante contradiction à toute vérité officielle sur la marche du pays. Vous êtes perché en haut, nous sommes en bas. Vous êtes gouvernant, nous sommes gouvernés. Tant de différences qui devraient être propices à la concertation citoyenne fructueuse. J’aimerais que nous nous affrontions si besoin est, mais cet affrontement ne servirait à rien, s’il ne débouchait au final sur des solutions rapides pour mettre un terme à cet enfer que vivent les familles djiboutiennes.

Comprenez qu’il existe une quantité importante de jeunes forcés de passer 12 heures par jour sous un soleil de plomb. Douze heures à ne rien faire qui puisse leur assurer une existence décente. Douze heures à souffrir le martyre dans les rues de Djibouti avec l’unique espoir de pouvoir se remplir la panse pour la journée. Pendant ce temps, nous ne comprenons pas vos dépenses inutiles par-ci par-là ainsi que le train de vie élevé de l’Etat. Comprenez la condescendance avec laquelle ces dignes fils du pays sont traités.

Vous avez prévu d’aider les familles pauvres avec vos projets à la mayonnaise qui ne servent seulement qu’à utiliser les besoins de la population pour la rendre plus « malléable »! Savez-vous ce que ce que vous faites ? Connaissez-vous le nombre des familles pauvres à Djibouti? Bien sûr que non !

Les jeunes djiboutiens en quête d’espoir sont aujourd’hui ceux qui meublent les rues de nos grandes villes. Ils ne croient plus à rien et ils n’ont plus peur de rien.

Par vos boniments d’illusions, vous leur avez fait croire que votre élection à la tête du pays leur ferait changer de vie. Ces jeunes frustrés de votre «changement» qui s’essouffle au jour le jour, ont fait sauter les compteurs de l’insécurité depuis votre élection en avril 1999. Ils sont devenus des «agresseurs délinquants» qui sont prêts à tuer leurs semblables pour quelques billets de francs. Quand comprendrez-vous, monsieur le président, que sans aucun brin d’espoir, une jeunesse peut se montrer particulièrement violente ? Quel est votre plan pour la jeunesse djiboutienne ?

Que faites-vous depuis dix ans ?

Doit-on seulement se contenter de vos discours. Si seulement vous pouviez comprendre que les Djiboutiens ne se nourrissent plus de discours.

Comprenez que ces affamés ont des préoccupations très profondes, qu’ils n’ont aucune possibilité de s’exprimer, même pas devant vous, monsieur le président. Leur sueur qui coule à flots, leurs guenilles déchiquetées, leur grise mine en portent les marques indélébiles.

Comprenez-les. Ils n’ont pas le cœur à l’ouvrage concernant un quelconque patriotisme. Ils ont tout donné et n’ont rien reçu. Comprenez qu’ils souffrent.

Comprenez leurs déboires. Comprenez leurs déceptions successives. Ils essaient de comprendre votre politique faite de séduction, de mirages, d’effets d’annonces ronflantes, de spectacles et d’intimidations. Ils essaient de vous comprendre et de voir clair dans vos différents choix. Tentez de comprendre leur désespérance chronique. Entendez leur cri de détresse si assourdissant qui n’est jamais pris en compte. Sinon, bouchez vos oreilles durant quelques secondes et vous comprendrez qu’il y a une voix en vous qui crie leurs malheurs.

Oubliez un instant la pure politique politicienne et descendez sur la terre des fauchés.

Vous qui parlez tant de Dieu dans vos discours, allez-vous nous faire croire que vous méconnaissez les valeurs divines que sont la générosité, l’assistance, la justice, la bienfaisance et le partage ? Quittez une minute la sphère décisionnelle si fraîche, si douillette, vous comprendrez alors que vos orientations politiques sont parfois très assassines à l’endroit du bas peuple. Bandez une seconde vos yeux, le peuple impatient vous insufflera ses doléances les plus urgentes.

Nous ne comprenons pas ce Djibouti à deux vitesses où les véhicules climatisés côtoient les mendiants à quatre pattes sur le macadam brûlant de nos grandes villes. Ce Djibouti où même les vendeurs à la sauvette adoptent la posture de mendiants pour s’attirer un regard de compassion. Ce Djibouti coupé en deux qui, sous peu, risque d’être plié en quatre à cause de vos choix politiques teintés de contradictions et de sectarisme.

Et ce Djibouti des profondeurs, le comprenez-vous quand il qualifie la politique d’ignoble ? Nous le comprenons, nous autres, car les ignominies de la politique politicienne, nous n’avons pas manqué de les subir tel un poignard dans le cœur. Que devons-nous comprendre de la stagnation des salaires et du prix des denrées qui ne cessent de flamber ? Devons-nous comprendre que vous êtes à court d’idées et de solutions ? Nous ne pouvons le penser d’un président « de votre trempe », comme le décrivent vos valets (ministres et députés).

Nous ne comprenons pas que sous l’ère soi-disant de «changement», la politique djiboutienne ait encore cessé d’être une question de convictions et de valeurs humanistes pour se muer en un métier dans lequel tous les moyens sont bons pour remplir son compte en banque. C’est tristounet. Nous ne comprenons pas que vous ayez, vous aussi, cette basse vision de la politique. Vous qui avez parlé de transparence, de probité morale et de lutte contre la corruption au cours de votre prestation de serment face à la Nation.

Quel espoir y a-t-il aujourd’hui à Djibouti ?

Quelle assurance avons-nous de notre avenir ? Les rouages du quotidien et son cortège de souffrances nous interdisent toute projection dans le futur. Un futur qui reste ténébreux et sûrement parsemé de mauvaises surprises. Mais ce futur quand même, c’est notre destin. Monsieur le président, ce destin vous a-t-il appris quelque chose sur ce qu’il nous réserve ?

Le visionnaire que vous vous dites être doit nous édifier à ce propos. Si vous comprenez que le Djiboutien n’a que la notion d’argent en tête, vous devez être heureux d’avoir abusé de la confiance des milliers de Djiboutiens qui ont cru en vous lors des campagnes présidentielles 1999.

Vous comprendrez aussi pourquoi vous êtes obligé d’utiliser la force de l’argent dans toutes les négociations y compris celles syndicales. Le bas peuple entend tous les jours parler de milliards octroyés par des institutions internationales dont il ne voit jamais les retombées sur son quotidien. Doit-il comprendre que ces milliards ne serviront qu’à construire des hôtels et des villas pour les grands corrompus qui vous entourent ? La grogne silencieuse actuelle, et sûrement prochaine du peuple, prend corps dans cette injustice généralisée.

A cause de la politique de monétarisation des consciences que vous adoptez, les valeurs humaines indispensables à la marche d’une Nation se sont effilochées pour laisser libre cours à une absence de scrupules sans commune mesure. Par la même occasion, comprenez que le tissu administratif de ce pays demeure toujours un marché où tout se vend et tout s’achète. Vous avez au début, manifesté un semblant de volonté de lutter contre cela mais vous avez par la suite baissé les bras. La corruption est devenue le trait de caractère majeur de nos administrations.

Monsieur le président, vous pensez prochainement à modifier la constitution pour vous permettre un carrefour de mandat en 2011 et cela est bien normal pour vous mais sachez que les Djiboutiens ou qu’ils soient et quels qu’ils soient n’accepteront pas vos vices. Pourquoi ? Parce qu’ils les ont longtemps subis durant vos deux mandats.

Il vous incombe, d’apporter des solutions ou des débuts de solutions urgentes à ce cancer multiforme qui gangrène inéluctablement notre pays et plus que jamais de quitter le pouvoir à la fin de votre mandat si vous avez un peu de compassion pour les jeunes afin d’assurer l’avenir du pays.

Djiboutiennement Votre 

FreeDjibouti

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