24/08/10 (B566) A quand l’intronisation du 1er empereur de Djibouti ? (Lecteur)

Dans son discours du 27 juin, après avoir fait l’éloge de la république et de la démocratie à la sauce « anejero wadi », le père de la Nation, son excellentissime et brillantissime Iog s’est adressé en langue issa à ses partisans ; et la subitement le ton doucereux a laissé la place à toute la vindicte et la haine de la bête…Il est vrai que l’homme est un grand comédien, changeant de costume, de principe et de religion selon les interlocuteurs du jour.

Et dans son discours de ce 27 juin 2010 qui était bien loin de celui Jf Kennedy ambitionnant de tracer des nouvelles frontières pour envoyer son peuple sur la lune, Iog le petit, lui, a préféré justifier son pouvoir aux yeux de tous.

Pour cela il a avancé 2 arguments qui méritent réflexion :

d’une part, il a clairement insisté sur le fait que son pouvoir se confondait avec la volonté du peuple…de quel peuple ? Ses courtisans ? Sa tribu ? Cela me rappelle ironiquement les anciens rois de France et certaines de leurs formules favorites du genre « Nous, roi de …Djibouti… » ? C’est vrai qu’on s’achemine à Djibouti vers une monarchie absolue avec comme toile de fond la sinistre prison de Gabode aux allures de Bastille aujourd’hui (combien d’innocents disparus derrière ces murs d’un autre temps?), djama dagoh remplacant la lettre de cachet, Hassan madobeh la guillotine et sans oublier Mohamed Hassan le berger et abdillahi abdi asterix dans le rôle des mousquetaires… Et Aramouss faisant office de Versailles pour paulette la nouvelle Marie-Antoinette.

D’autre part, Iog a justifié son pouvoir par des références à la religion et à Dieu…Ainsi détiendrait-il son pouvoir de la volonté divine ? Même un aveugle verrait la stratégie insidieuse du personnage : désormais, Iog est le peuple et son pouvoir est d’essence divine…La limite est facile à franchir car la bêtise humaine ne connait pas les siècles ni les progrès…La folie infâme est aussi universelle que notre raison.

Les conclusions sont faciles à tirer : l’homme du RPP n’a de compte à rendre à personne, pas même à la constitution nationale, d’ailleurs n’ a-t-il pas dit , bien à propos, que la constitution n’était pas sacrée donc qu’elle était changeable à merci, par Iog seulement bien-sur…Car lui est au-dessus des lois des hommes et de la république…Voila oū on est rendu le petit fils du rail, il ne manque plus qu’une grande cérémonie d’investiture du 1er empereur de Djibouti à l’instar de son maitre d’antan et modèle de toujours, l’empereur Hailé Salassie’…Dans sa mégalomanie, Iog a emprunté la route des Ida Amin dada, des Mobutu, des Mugabe et autres dictateurs fous de l’histoire de l’humanité.

De plus, dans une envolée lyrique, Iog a fustigé moralement l’opposition djiboutienne qu’il accuse de semer « la souillure tribale » et de chercher à diviser le peuple, son peuple à lui « made in iog », lui lançant un défi lors des prochaines élections produites, mises en scène et jouées par Iog 1er et ses courtisans.

Dans ce délire narcissique, deux vérités ressortent : premièrement, nul ne peut battre aujourd’hui Iog par la voie des urnes parce que le système est fait ainsi, à moins d’être un super-héros comme Aden Robleh; deuxièmement, l’opposition ne fait pas le poids face à ce mastodonte au propre comme au figuré…En effet , l’opposition est en ordre dispersé, minée par ses divergences et ses luttes intestines( est-ce la souillure tribale dont parle le grand moraliste politique Iog ?) et surtout par son indigence au niveau des idées et des programmes politiques…1993-2010, 17 ans d’exercice de l’opposition, malheureusement, nos opposants ne semblent pas avoir gagné en maturité, ils n’ont pas retenu les leçons du passé au grand dam des Djiboutiens qui attendent une alternance à la folie iogienne.