16/05/11 (B604) ARD : COMPTE RENDU DE LA RÉUNION DE CONCERTATION DE L’ARD – LE 13 MAI À BALBALA

Après la mascarade électorale du 8 avril dernier suivie de l’investiture ubuesque d’un président autoproclamé, l’Alliance Républicaine pour le Développement (ARD) a convoqué une réunion de concertation le vendredi 13 mai à Balbala.

Une centaine de participants venus de toutes les fédérations du parti, ont pris part à cet important évènement.

Quatre points étaient à l’ordre du jour:
– analyse de la situation nationale à la lumière du nouveau contexte régional et international,
– bilan critique des activités du parti depuis le congrès de février 2010,
– perspectives de lutte,
– questions diverses.

Les dirigeants, cadres et militants (jeunes, femmes et sages) ont débattu quatre heures durant des voies et moyens d’insuffler une nouvelle dynamique à la lutte en vue d’imposer le changement démocratique auquel aspire le peuple djiboutien.

I) ANALYSE DE LA SITUATION

Cette réunion de concertation s’inscrivait dans un contexte crucial :

a) au niveau national
– Renforcement du dispositif répressif rendant toute consultation électorale encore plus décorative et toute vie partisane encore plus virtuelle

– Harcèlement de l’UAD accompagné d’une répression sauvage (meurtres, tirs à balles réelles, tortures, emprisonnements, etc.) dont ses cadres ont été victimes ;

b) au niveau régional

– Ingérences des voisins du Sud et de l’Ouest, eux-mêmes déchirés par leurs propres contradictions intercommunautaires, dans les affaires djiboutiennes, avec des incidences prévisibles dans notre pays ;

– Bruits de bottes entre les deux frères ennemis, Ethiopie et Erythrée accentuant une instabilité régionale déjà atteint un seuil dangereux.

c) au niveau international

– Essoufflement des révolutions arabes car résistance des dictateurs, malgré implication multiforme de la communauté internationale. Ce qui réduit leur effet d’entrainement à Djibouti, au moins jusqu’à la chute d’un d’eux ;

– Prise en compte du caractère dictatorial du régime djiboutien par les Etats-Unis d’Amérique suite au sabotage de la mission de Democracy International mais, d’une manière générale, pérennité de la complicité du silence.

A la lumière de ces multiples contraintes, un bilan a été dressé des activités du Parti.

II) BILAN CRITIQUE

a) dans le pays

Après avoir vigoureusement dénoncé le projet de modification constitutionnelle en faveur d’un troisième mandat présidentiel lors de son congrès de février 2010, l’ARD a entrepris dès le mois de mai 2010 une campagne de mobilisation contre cette forfaiture. Le premier meeting populaire contre le troisième mandat a été organisé par notre parti à Balbala.

Par la suite avec nos alliés de l’UAD, plusieurs grands rassemblements publics ont été organisés avec succès dans plusieurs quartiers de la capitale et dans tous les districts de l’intérieur. Ebranlé par les manifestations historiques du 1er janvier 2011 et surtout celles du 18 février suivant, le régime a instauré depuis lors un quasi état de siège au cours duquel une campagne de répression sans précédent a été déclenchée contre l’opposition démocratique.

La permanence de cette situation d’urgence se traduit par un harcèlement quotidien des forces démocratiques, qui pose avec encore plus d’acuité la question des limites de l’action pacifique et à laquelle une réponse concrète devra rapidement être trouvée.

A ce chapitre, la réunion a vigoureusement dénoncé les meurtres, tortures et arrestations des manifestants, réaffirmé la solidarité sans faille des forces démocratiques avec les détenus politiques et exigé leur libération immédiate et inconditionnelle.

b) avec l’extérieur

Les participants à la réunion de concertation ont examiné le rapport d’activités adressé par la Direction du Parti à l’extérieur. Les actions entreprises au sein de la diaspora pour rassembler toutes les composantes de la communauté nationale dans un même combat démocratique ont été encouragées. De même que les difficultés rencontrées dans l’accomplissement de ces actions ont été minutieusement étudiées et des solutions proposées.

c) avec les autres forces démocratiques

Prenant acte de la rupture de l’alliance UAD-UMD, l’effectivité de la coordination des activités dans le cadre de l’UAD a été analysée à l’aune des résultats. De même la contribution des mouvements politiques, qui se sont constitués aussi bien dans le pays qu’à l’extérieur, a été appréciée à sa juste mesure et des modalités de sa dynamisation retenues.

III) RESOLUTIONS
A l’issue des débats il a été décidé de mettre en œuvre les mesures suivantes :

1) Remobiliser la jeunesse et toutes les forces vives de la nation dans l’optique d’une vaste contestation victorieuse,
2) Accroître la représentativité nationale de notre Parti,
3) Renforcer la coordination des activités du parti à l’intérieur et à l’extérieur,
4) Renforcer la visibilité et l’action du parti,
5) Redéfinir et optimiser l’alliance avec les autres forces de l’opposition nationale,
6) Nouer des alliances avec les forces démocratiques au plan régional et international en vue d’isoler la dictature clanique de Djibouti,
7) Réfléchir aux voies et moyens nouveaux afin de hâter la fin de cette dictature crépusculaire qui met en péril l’existence même de la République de Djibouti en tant que Nation pluriethnique et qui constitue un danger pour la stabilité régionale.

IV) QUESTIONS DIVERSES
Cette réunion s’étant tenue, à un jour près, dix ans après l’accord de paix du 12 mai 2001, et au moins à la mémoire du fondateur de notre parti, évocation en a été faite pour en rappeler l’impérieuse nécessité à l’époque comme l’obligation de le renégocier aujourd’hui, la situation à laquelle il était censé remédier s’étant aggravée depuis.

Le Président de l’ARD
Ahmed Youssouf