04/01/2022 (Brève 2014) La Chine entame son année diplomatique par l’Afrique de l’Est (LE POINT)

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RAPPROCHEMENT. Le ministre chinois des Affaires étrangères entame une tournée en Érythrée, au Kenya et aux Comores. Des pays stratégiques pour la nouvelle diplomatie maritime de Pékin.

Diplomatie maritime et cap sur la rive africaine de l’océan Indien : c’est le programme de la Chine en Afrique, en ce début d’année. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, entame ce mardi une visite de quatre jours en Érythrée, au Kenya et aux Comores, alors que Pékin cherche à renforcer sa présence en Afrique de l’Est et aussi à prendre le pouls du terrain dans un contexte sécuritaire dégradé. Cette nouvelle tournée s’inscrit également dans ce qui est devenu une tradition. Depuis 1991, la première visite de l’année à l’étranger du ministre des Affaires étrangères a lieu en Afrique. C’est aussi le second déplacement du chef de la diplomatie chinoise sur le continent en l’espace de deux mois, après le Focac, le sommet sino-africain de Dakar, tenu en novembre dernier.

++ Vastes intérêts chinois dans la région
Dans le cadre de la stratégie de « la Ceinture et de la Route », la Chine a financé la construction de nombreuses infrastructures, de voies ferrées et de centrales électriques à travers toute cette région est-africaine. Dans la Corne de l’Afrique, il a financé et construit une ligne de chemin de fer reliant la capitale éthiopienne Addis-Abeba au port de Djibouti sur la mer Rouge ou la ligne Monbasa-Malaba au Kenya. Il a également installé sa première base militaire à l’étranger à Djibouti en 2017, et financé des mégaports et des terminaux portuaires dans le pays.

++ L’Érythrée, un nouveau pays pris dans la sphère d’influence chinoise
Quant à l’Érythrée, il a rejoint l’initiative « la Ceinture et la Route » du président chinois Xi Jinping en novembre 2021. Un accord qui vient consolider l’ancrage du géant chinois dans la Corne de l’Afrique et sur la mer Rouge dans un contexte de dégradation sécuritaire, notamment en Éthiopie, un pays stratégique pour Pékin, mais qui est plongé depuis un an dans une guerre entre le gouvernement central et les rebelles du Tigré. Le chef de la diplomatie, Wang Yi, avait fait escale à Addis-Abeba en novembre, où il avait appelé à une résolution pacifique du conflit qui menace désormais la stabilité régionale, sans succès. L’alternative pour la Chine, c’est l’Érythrée, les deux pays coopèrent dans divers secteurs, notamment l’énergie et la santé publique, et contrairement aux Occidentaux, qui ont rompu les relations diplomatiques avec le régime autoritaire d’Asmara, Pékin a accru sa présence ces dernières années. Désormais, l’ambition est de faire du pays une pièce maîtresse de « l’Initiative la Ceinture et la Route » et d’atteindre les marchés voisins de la sous-région, comme le Soudan, l’Éthiopie, le Soudan du Sud, etc. Pékin a déjà commencé à y développer des projets d’infrastructures, notamment une route de 134 kilomètres, et vise deux grands ports naturels, Massawa et Assab, pour sécuriser l’accès à la mer Rouge.

++ La dette s’invite au menu des échanges avec Nairobi
Au Kenya, la Chine est attendue sur le très sensible sujet des prêts accordés. Alors que des élections, dont la présidentielle, auront lieu en 2022, l’opposition et les organisations de la société civile sont vent debout contre le gouvernement, accusé d’avoir massivement emprunté à la Chine. Ils fustigent l’opacité entourant ces prêts. Depuis son arrivée au pouvoir en 2013, le président Uhuru Kenyatta a donné la priorité à la construction d’infrastructures telles que les routes et les voies ferrées, ce qui a impliqué un montant important d’emprunts. Parmi les mégaprojets chinois pointés dans ce pays d’Afrique de l’Est se trouve une ligne de chemin de fer reliant la ville côtière kenyane de Mombasa à Malaba à la frontière avec l’Ouganda, que la banque chinoise Export-Import (Exim) avait initialement accepté de financer. Il a financé la première étape du chemin de fer de Mombasa à la capitale kenyane Nairobi pour 3,2 milliards de dollars et une extension à Naivasha pour 1,5 milliard de dollars. Puis le projet a été suspendu, car la banque a demandé au Kenya en 2018 de refaire une étude pour prouver sa viabilité commerciale. Pékin veut reprendre le contrôle sur ce dossier alors que Nairobi s’est engagé sur le chemin de la restructuration de sa dette.