30/08/03 (B210) Premiers échos des drames individuelles et de l’ampleur du désastre (AFP). Les djiboutiens vont-ils se retrouver seuls, entre eux, au milieu de plus de 6.000 militaires US, français, espagnols et allemands pour les garder ?

Expulsés de
Djibouti, un millier d’Ethiopiens rapatriés

ADDIS ABEBA, 30 août
(AFP) – Un millier d’Ethiopiens, expulsés de Djibouti, sont arrivés
samedi dans la ville éthiopienne de Diré-Dawa, à la veille
de l’expiration de l’ultimatum fixé par les autorités djiboutiennes
aux clandestins pour qu’ils quittent le pays, a indiqué la police locale.

« Rien qu’aujourd’hui,
au moins 1000 personnes en provenance de Djibouti sont arrivées à
Diré-Dawa par le train », a affirmé par téléphone
à l’AFP un officier de police de la gare de Diré-Dawa.

Les arrivants ne transportaient
que très peu d’affaires personnelles
, a précisé le
policier, ajoutant que le gouvernement prévoyait le retour de plus
de 30.000 personnes.

La même source a
indiqué, sous couvert de l’anonymat, qu’entre 10.000 et 15.000 Ethiopiens
avaient déjà regagné leur pays, essentiellement par leurs
propres moyens. Le gouvernement éthiopien ne finance que depuis 8 jours
le retour de ses ressortissants.

Des milliers d’immigrés
clandestins, en provenance principalement d’Ethiopie et de Somalie, quittent
volontairement Djibouti, où le gouvernement leur a donné
jusqu’à dimanche avant d’organiser des rafles, invoquant des raisons
« sécuritaires ».

L’Ethiopie a installé
des camps pour l’accueil pendant 48 heures des arrivants, avant de leur garantir
le transport jusqu’à leurs lieux d’origine dans le pays, a indiqué
à l’AFP le
responsable
des situations d’urgence du conté de Dire-Dawa, Tesfarmariam Seyoum.

Ce retour au pays promet
de nombreuses difficultés à ces Ethiopiens qui ont parfois fait
leur vie à Djibouti.

« J’étais
à Djibouti depuis plus de 20 ans. Je me considérais comme un
Djiboutien avant qu’on ne m’ordonne de partir en me désignant comme
un étranger »
, témoigne Zahara Mumeie, joint par téléphone
à la gare de Dire Dawa.

« Après toutes
ces années, je me sens comme un nouveau venu dans mon propre pays et
je vais recommencer la vie à partir de rien », explique M. Zahara.

Les autorités
djiboutiennes, qui ont invoqué des questions « sécuritaires »
pour justifier les expulsions, n’ont pas explicitement lié leur ultimatum
à la forte présence militaire américaine dans le pays,
mais Washington avait mis en garde le mois dernier contre une menace d’attaques
« terroristes » contre des intérêts occidentaux et ses
ressortissants à Djibouti.

Les Etats-Unis ont installé
une base avec 1500 hommes l’an dernier à Djibouti, dans le cadre de
sa lutte contre le terrorisme dans la région.

Djibouti accueille également
la plus grande base militaire française à l’étranger,
avec 2700 soldats, auxquels s’ajoutent 800 Allemands et 50 Espagnols.