18/09/03 (B212) Base américaine à Djibouti, un plus pour l’économie locale (AFP Djibouti)

DJIBOUTI, 18 sept (AFP)
– A Djibouti, pays pauvre et largement désertique de la Corne de l’Afrique,
la présence depuis près de deux ans d’une base militaire américaine
forte de quelque 1.500 hommes est un plus appréciable pour l’économie.

"Je suis deux fois
mieux payé ici qu’en travaillant pour une entreprise djiboutienne",
explique à l’AFP Omar Yonis Guelleh, jeune maçon djiboutien
en plein travail sur un chantier de la base américaine.

"Avec 170.000 francs
djiboutiens (1.000 dollars, soit dix fois plus que le salaire minimum) par
mois, on est bien à l’aise ma famille et moi", confie le jeune
homme qui était au chômage depuis deux ans avant de décrocher
un contrat de neuf mois au Camp Lemonier, où se sont installés
les militaires américains.

Mais de très nombreux
candidats à l’embauche n’ont pas eu la chance d’Omar dans un pays où
le taux de chômage est élevé en raison d’une activité
économique très faible en dehors du port et du chemin de fer
reliant le pays à l’Ethiopie.

Au début de l’installation
de la base américaine, pièce essentielle dans la lutte contre
le terrorisme dans la région, des centaines de Djiboutiens ont postulé
pour y travailler, attendant chaque matin à l’entrée du camp.

"On ne manque pas
de candidats au travail", confirme le Marine Matt Morgan, porte-parole
de la base.

Selon lui, avec 500 Djiboutiens
actuellement employés à la blanchisserie, comme ouvriers ou
encore dans les petites boutiques du camp, la base américaine est le
deuxième employeur après le gouvernement.

Une information aussitôt
démentie par les Forces françaises à Djibouti (FFDJ)
qui emploient "750 civils, parmi lesquels 90% de djiboutiens", selon
la chargée de communication des FFDJ.

"Et ça, c’est
seulement dans les enceintes militaires. Car à titre privé,
les familles françaises emploient 1.000 personnes de plus comme gardiens,
cuisinières, femmes de ménage", poursuit Mme Sandrine Thérion.

"Nous faisons notre
possible pour travailler avec le pays et améliorer la qualité
de vie des gens", explique de son côté Matt Morgan.

Paralèllement aux
exercices strictement militaires, les Américains sont largement impliqués
dans des projets de développement des infrastructures de Djibouti et
des pays voisins impliqués dans la lutte anti-terroriste.

Ils achèvent actuellement
la reconstruction de la route de HolHol, reliant Djibouti-ville à la
localité de Holhol, près de la frontière éthiopienne.

Ces investissements américains
dans le développement des pays de la région sont une composante
majeure de leur stratégie de lutte contre le terrorisme dans la Corne
de l’Afrique.

"En les aidant à
développer leurs infrastructures, leur système éducatif,
de santé, nous voulons rendre ces pays moins vulnérables devant
la menace terroriste", explique le Marine Morgan.

"Le problème
(…), c’est que le terrorisme international touche généralement
et historiquement des pays sous développés", poursuit le
général Mastin Robeson, commandant des forces américaines
à Djibouti.

"Ma priorité
ici, c’est de les aider à établir un environnement sûr
et sécurisé en éradiquant le terrorisme international",
ajoute-t-il.

La présence américaine
à Djibouti a un impact majeur sur l’économie du petit Etat d’environ
630.000 habitants qui héberge déjà les 2.800 hommes de
la plus importante base militaire française à l’étranger.

"Ils ont fait baisser
le chomage, beaucoup de gens ont postulé pour travailler avec eux",
se réjouit Moustafa, un habitant de Djibouti-ville. "C’est bon
pour le pays", estime-t-il, à condition qu’ils restent un peu.

"Ils sont très
polis et discrets", poursuit Moustafa, commerçant en centre-ville,
même si les Américains sont peu visibles en ville pour des raisons
de sécurité.

Une cohabitation visiblement
harmonieuse mais qui a ses limites, à en croire un panneau affiché
sur la porte d’un petit box transportable placé au bord d’une allée
du camp Lemonier : Toilettes pour Djiboutiens uniquement. "C’est pour
des raisons d’hygiène", affirme le porte-parole du camp.