16/05/07 (B395) Nouvel Obs avec AP /Affaire Borrel : Djibouti dément détenir un témoin. (Info lectrice)

Le
ministère de la Justice (djiboutien)
a déploré des « déclarations totalement éloignées
de la réalité judiciaire » après les affirmations
du comité de soutien de la veuve du juge Bernard Borrel, selon lequel
un ancien militaire français actuellement détenu par les autorités
djiboutiennes détiendrait des informations sur la mort suspecte du
magistrat français.

Le ministère de la Justice de Djibouti a déploré mardi
15 mai des « déclarations totalement éloignées de
la réalité judiciaire » après les affirmations du
comité de soutien de la veuve du juge Bernard Borrel, selon lequel
un ancien militaire français actuellement détenu par les autorités
djiboutiennes détiendrait des informations sur la mort suspecte du
magistrat français.

Dans un communiqué diffusé par son ambassade à Paris,
le ministère de la Justice de Djibouti « déplore ces déclarations
totalement éloignées de la réalité judiciaire
et le curieux rapprochement fait entre deux affaires judiciaire n’ayant aucun
lien ». Il dénonce « les pratiques contestables entreprises
dans le cadre de cette campagne médiatique menée par la partie
civile » mais aussi « la crédibilité et l’intégrité
des organismes de presse parfois amenés à donner un éclairage
démesuré et un caractère sensationnel inopportun à
cette affaire criminelle ».

« Inculpé pour viols sur mineurs »

Selon le ministère djiboutien, le militaire en question, Christian
Georges, « a été interpellé le 13 octobre 2006 à
Djibouti puis inculpé pour viols sur mineurs de moins de quinze ans ».
Placé sous contrôle judiciaire, il « s’est enfui clandestinement
à destination du Yémen où il a été arrêté
par les autorités yéménites », ajoute le communiqué.

D’après le ministère de la Justice de Djibouti, « Christian
Georges arrive pour la première fois à Djibouti en 1976 avec
ses parents militaires; il revient de 1988 à 1989 à Djibouti
en qualité de militaire français, puis plusieurs mois en 1992,
en tant que civil, et enfin le 10 octobre 2006 ». « Or », souligne
le communiqué, « le suicide de M. Bernard Borrel est survenu à
Djibouti le 19 octobre 1995, date à laquelle M. Christian Georges vit
en France, à Carcassonne ».

Par ailleurs, selon le ministère, « M. Christian Georges a déclaré
n’avoir jamais parlé de l’affaire Borrel, ni aux autorités judiciaires
djiboutiennes, ni aux autorités françaises lors des visites
des agents consulaires durant son incarcération, ni aux autorités
yéménites, ni à l’avocat chargé de sa défense ».

Un témoin capital

Selon le comité de soutien à Elisabeth Borrel, Christian
Georges serait un possible témoin capital dans l’affaire. Le vice-président
du comité de soutien Philippe Marc avait affirmé samedi lors
d’une conférence de presse que l’ancien gendarme avait été
arrêté après avoir « fait savoir dans des courriers
et des SMS envoyés à sa famille qu’il détenait des informations
sur les conditions de l’assassinat du juge Borrel ».

Depuis plus de 11 ans, Elisabeth Borrel et son comité de soutien se
battent pour connaître la vérité, affirmant que le régime
djiboutien est le commanditaire de l’assassinat du juge. Ce dernier avait
été procureur de la République de Lisieux de 1988 à
1995, avant d’être détaché auprès du ministre djiboutien
de la Justice au titre de la coopération. (AP)