05/12/07 (B424) RSF : Le 16e prix Reporters sans frontières Fondation de France a été remis aujourd’hui à Paris
Le jury du prix Reporters sans frontières – Fondation de France a désigné l’Erythréen Seyoum Tsehaye « journaliste de l’année 2007 ».
Au-delà du cas de ce journaliste courageux, emprisonné dans les terribles geôles érythréennes depuis septembre 2001, le jury du prix Reporters sans frontières – Fondation de France a souhaité attirer l’attention sur la situation catastrophique de la liberté de la presse dans ce petit pays de la Corne de l’Afrique. Au moins quatre journalistes sont morts en prison en Erythrée au cours de ces dernières années. Le principal responsable en est Issaias Afeworki, le très autoritaire et inflexible président du pays depuis son indépendance, en 1993.
La Birmanie a été au cœur de l’actualité fin septembre, lors des manifestations des bonzes et de la répression qui s’est ensuivie. Reporters sans frontières et la Fondation de France ont décidé de récompenser, dans la catégorie "Média", la radio-télévision Democratic Voice of Burma, l’une des sources d’informations les plus fiables pendant la crise birmane.
Le monde arabe est à l’honneur cette année avec deux récompenses. Dans la catégorie "Défenseur de la liberté de la presse", c’est l’Observatoire irakien de la liberté de la presse qui a été primé, pour son travail essentiel de dénonciation des innombrables violences commises envers les professionnels des médias. Et le jeune blogueur égyptien Kareem Amer est le lauréat dans la catégorie "Cyberdissident". Agé de 23 ans, il a été condamné à quatre ans de prison pour avoir critiqué sur son blog la politique du président Hosni Moubarak et dénoncé la mainmise des islamistes sur les universités du pays.
Enfin, à quelques mois de l’ouverture de Jeux olympiques à Pékin, Reporters sans frontières a attribué un prix spécial « Chine » au couple de militants des droits de l’homme Hu Jia et Zeng Jinyan, assignés à résidence. Retranchés chez eux, les deux activistes continuent, tant bien que mal, à informer le monde entier des conséquences néfastes pour la population chinoise des préparatifs des JO.
Contacts presse
Fondation de France : Magali Mévellec / Tel: 01 44 21 31 91 / Email : magali.mevellec@fdf.org
Reporters sans frontières : Cédric Gervet / Tél: 01 44 83 84 74 /
Email : communication2@rsf/org
— LE JOURNALISTE DE L’ANNÉE qui, par son activité professionnelle, ses prises de position ou son attitude, a su témoigner de son attachement à la liberté de l’information.
Le lauréat est l’Erythréen Seyoum Tsehaye. Agé aujourd’hui de 54 ans, Seyoum Tsehaye a démarré sa carrière de journaliste dans les montagnes, au sein de la guérilla indépendantiste de l’EPLF. Après l’indépendance, il prend la tête de la télévision nationale, puis de la radio, avant de démissionner en réaction à la dérive autoritaire de son ancien compagnon d’armes, le président Issaias Afeworki.
Il se met alors au service de cette presse privée insolente qui porte haut et fort les revendications démocratiques, après la deuxième guerre avec l’Ethiopie (1998-2000). Il est arrêté dans la rue, le 21 septembre 2001, au premier jour des grandes rafles qui conduisent en prison les réformistes du parti unique, les journalistes les plus connus et tous ceux qui ont manifesté leur opposition au régime de fer du chef de l’Etat. Son état de santé est préoccupant. On ignore où il est détenu. Il n’a jamais eu droit à une visite ni à un avocat. Il n’a jamais été inculpé et n’a comparu devant un tribunal.
Les autres nominés 2007 dans cette catégorie étaient Iqbal Athas (Sri Lanka), Hollman Morris (Colombie) et Jila Baniyaghoob (Iran).
— UN MEDIA qui incarne le combat pour le droit d’informer et d’être informé.
Le Prix est attribué à Democratic Voice of Burma. Fondée en 1992 par un groupe d’étudiants démocrates rescapés des massacres de 1988, la radio-télévision Democratic Voice of Burma, basée en Norvège, a été l’un des rares médias à pouvoir envoyer des images sur la répression des manifestations de septembre 2007. Grâce à des réseaux de journalistes travaillant dans la clandestinité, la radio et la chaîne de la télévision DVB gênent les généraux de Rangoon habitués à contrôler scrupuleusement les informations diffusées par les médias.
Les autres nominés 2007 dans cette catégorie étaient Echo de Moscou (Russie), Agos (Turquie), Umuseso (Rwanda) et Tu do Ngon luan (Viet-Nâm).
— UN DEFENSEUR de la liberté de la presse.
Le Prix est décerné à l’Observatoire irakien de la liberté de la presse (JFO). Cet organisme été créé en 2004, après que de nombreux journalistes ont été emprisonnés et malmenés par les forces de l’ordre irakiennes. Les membres fondateurs du JFO ont pour la plupart été victimes de cette brutalité policière et ont décidé d’unir leurs forces pour venir en aide aux journalistes emprisonnés. Cette organisation est devenue en quelques années l’une des sources les plus fiables pour recenser les atteintes à la liberté de la presse en Irak.
Les autres nominés 2007 dans cette catégorie étaient Institute for Reporters Freedom and Safety (Azerbaïdjan), Abraji (Brésil) et Beatrice Mtetwa (Zimbabwe).
— UN CYBERDISSIDENT empêché de nous informer via Internet
Le Prix récompense Kareem Amer (Egypte). “Un an déjà et je suis toujours privé de liberté. La douleur de l’expérience m’a appris qu’aucun sentiment n’égale celui de l’injustice", écrivait le jeune blogueur Kareem Amer, depuis sa prison, en septembre 2007. Abdel Kareem Nabil Suleiman, 23 ans, plus connu sous le nom de Kareem Amer, a été condamné à quatre ans de prison pour avoir critiqué sur son blog la dérive autoritaire du président Hosni Moubarak et dénoncé le fonctionnement de l’université sunnite Al-Azhar, dans laquelle il étudiait le droit.
Les autres nominés 2007 dans cette catégorie étaient Nguyen Van Dai (Viêt-Nam), Roger Santodomingo (Venezuela) et Yang Zili (Chine).
— UN PRIX SPECIAL CHINE, huit mois avant l’ouverture des JO
Ce prix spécial a été attribué au couple Hu Jia et Zeng Jinyan. Rares sont ceux dans le pays qui les soutiennent publiquement. Ils ne renoncent pas pour autant : "Parfois, nous sortons dans la rue avec des tee-shirts imprimés avec les messages ‘Sous surveillance’ ou ‘Liberté d’expression’. Mais les policiers nous forcent à rentrer chez nous." Pour eux, le gouvernement doit accomplir plusieurs changements majeurs avant l’ouverture des Jeux olympiques. Il doit notamment libérer tous ceux qui sont détenus pour s’être exprimés librement.