17/12/10 (B582) M Aïnaché nous adresse la transcription de l’interview qu’il a accordée récemment à LVD et que nous publions intégralement avec son aimable autorisation.
Invité: Du jeudi 16 décembre 2010
Au micro de MOHAMED HOUSSEIN
MOHAMED MOUSSA AÏNACHÉ, personnalité politique Djiboutienne et opposant de longue date.
Bienvenue à la voix de Djibouti, la L V D !
Merci de bien vouloir maccueillir à votre antenne !
Journaliste Vous êtes une grande personnalité politique Djiboutienne, pouvez-vous vous présenter brièvement au grand public à travers cette antenne ?
Mohamed Aïnaché : Je suis un citoyen lambda qui a un profond désir que son pays avance vers la démocratie et sorte enfin de la gestion héritée du colonialisme qui perdure par la volonté de nos dirigeants actuels.
J. Monsieur AÏNACHÉ, quel regard portez-vous aujourd`hui sur la situation générale du pays c’est -à -dire Djibouti ?
M.A. Comme chacun peut le constater, la situation générale me semble bloquée et lhorizon se bouche de plus en plus.
Compte tenu de léchéance de lélection qui sapproche, chacun de nous remarque, la fébrilité du pouvoir ces derniers jours.
Nous venons dapprendre, des arrestations arbitraires dans le nord de la république, des militants et des responsables locaux de lARD : à Obock et Tadjourah
Ces agissements épidermiques ne sont pas faits pour aborder cette échéance dans la sérénité et ne nous rassure pas.
J : Vous avez récemment participé au forum que l’opposition Djiboutienne tenu à Londres. Qu’avez-vous vu dans ce premier forum de l’opposition Djiboutienne tenu en dehors du pays ?
M.A. Limpact du Forum de Londres est très positif pour la Diaspora et pour les Djiboutiens en général.
Jai constaté lors de cette rencontre à Londres une opposition Djiboutienne unie voulant apporter les changements tant souhaités par nos concitoyens et prête à prendre son destin en main.
Dans cet ordre didée, lopposition me semble très désireuse de sortir de la division ethnico-tribale où nous sommes maintenus artificiellement et souhaite promouvoir enfin la citoyenneté Djiboutienne.
Comme vous le savez, il y a eu beaucoup de nos compatriotes venus dà peu prêt partout dEurope (France, Belgique etc..) et même des Etats Unis dAmérique.
Tous ont montré leurs besoins dinformation et leurs désirs profonds dun changement politique espéré prochainement.
Daprès les échos que jai reçus sur ce Forum, il semblerait que le tenant du pouvoir a été ébranlé par le succès de cette rencontre.
J. : Quels étaient les points forts abordés lors de ce forum ? Quels étaient les engagements pris par les leaders de l’opposition durant ce meeting ?
Le point fort de ce Forum a eu pour objet de faire avancer la coalition de lopposition et envoyer un énorme signal dencouragement à tous les Djiboutiens qui souffrent sous ce régime policier.
Les thèmes choisis pour cette rencontre ont été :
1er – Non au 3ème mandat et au viol de la constitution
2ème – Des réformes démocratiques y compris des élections libres et transparentes
3ème -un Débat : Djibouti, quel avenir avec une dictature et dans une région troublée ?
J : Pouvez-vous nous dire que l’opposition Djiboutienne est bien unifiée voire bien rodée pour être en mesure de relever le défi de l’alternance démocratique dans le pays en 2011 ?
M.A : Il ny a pas de doute là-dessus.
Ce gouvernement na fait preuve ni dimagination ni déquité et se contente de faire un copier coller du système coloniale que nous avions tant combattu.
Compte tenu de ce constat amer, je pense que lopposition unie en a tiré la leçon et est parfaitement prête à relever le défi
J : Quel doit être, à votre avis, le rôle de la diaspora Djiboutienne pour la cause du changement démocratique dans le pays ?
M.A. : Le rôle de la diaspora est très utile et rendu indispensable par létouffement du tenant du pouvoir qui nautorise aucune espace de liberté. La diaspora sert de relais à lopposition qui ne peut, comme vous le savez sexprimer dans les médias nationales, pour faire connaître ses programmes au peuple.
Il nest pas concevable que lopposition ne puisse accéder aux médias de lEtat.
Dernièrement, le Président de lUAD, sest exprimé à une télévision étrangère émettant depuis Paris, Afrique24 pour ne pas la nommer.
(Lors de cette interview Monsieur Ismael Guédi Hared a dit quil na jamais été invité à la Radio et à la Télévision Djiboutienne ni aucun autre opposant dailleur).
Cest tout simplement scandaleux.
Pour remédier à ce scandale, beaucoup de nos compatriotes se sont attelés courageusement à sinvestir à travers les médias, comme vous et les différents sites Internet Djiboutiens et amis.
Dailleurs, japprends que votre Radio dérange et quelle est régulièrement brouillée !
Ceux de ma génération se souviennent, dans la période coloniale, de radio Caire (en langue Somalie) qui subissait les mêmes traitements
Cette radio dans ses émissions nous encourageait à virer le colonialisme et à prendre nos destins en main,
Cest tout dire !!!!
J : Monsieur AÏNACHÉ, je rappelle au public qui nous écoute que vous étiez le premier directeur de la R.T.D (la radio télévision Djiboutienne). Quels souvenirs gardez-vous de votre passage en tant que directeur de la RTD ? De quel genre d’informations étiez-vous en charge ? En quoi, selon vous, contribue-t-elle une information libre et indépendante au progrès d’un pays ?
M.A. Je garde malheureusement un souvenir amer de cette période.
Javais construit la RTD sans laide de personne et dans lindifférence des nouveaux dirigeants.
Jai pris en charge une radio et télévision délibérément sabotée par lancien dirigent qui souhaitait quil ny ait plus de Radio et télévision dans ce pays après son départ.
Avec beaucoup des difficultés, jai construit une radio et télévision nationale au service du pays et du peuple.
Je me suis efforcé de travailler pour que les Djiboutiens se reconnaissent à travers leur radio et leur télévision et jai refusé que les médias nationales soient au service dune seule personne et dune seule politique.
Malheureusement, devant limpossibilité dexercer mes fonctions dans le respect de lidée que je me faisais de ma responsabilité, jai préféré y renoncer
Et depuis, je me voie contraint de vivre en exil, comme beaucoup dautres de nos compatriotes.
J : Nous arrivons au terme de notre interview, merci monsieur AÏNACHÉ
M.A. : Merci à vous Mohamed