03/04/11 (B598) Nouvelles de Somalie – pas d’alternative à une prolongation du mandat du TFG – le Premier ministre veut plus de temps pour « défaire » les shebab – Les deux journalistes de Radio Shabelle libérés, deux autres toujours détenus en province – Shabelle, la radio résistante – Arrestation du directeur et du rédacteur en chef d’une radio (5 articles)

_____________________ 5 – Romandie News avec AFP

Somalie: pas d’alternative à une prolongation du mandat du TFG

Il n’y a « pas d’autre alternative » pour gérer la transition politique en Somalie que de prolonger d’un an le mandat de l’actuel gouvernement, a déclaré vendredi le commandant en chef de la force de l’Union africaine dans ce pays (Amisom), le général ougandais Nathan Mugisha.

« Il n’y a pas d’autre alternative » que de prolonger d’un an le mandat du gouvernement de transition (TFG), a estimé le général Mugisha, lors d’un entretien à son QG, sur l’aéroport de Mogadiscio.

« Il n’y a pas d’autre solution malheureusement, (…) nous ne pouvons interrompre les efforts de pacification en cours (…), nous avons besoin de partenaires » (somaliens), a-t-il expliqué.

Les mandats des institutions de transition (TFG, parlement) doivent s’achever en août 2011 après avoir déjà été prolongés de deux ans en 2009.

Début février, le Parlement avait décidé unilatéralement de prolonger de trois ans son mandat, provoquant la condamnation de la communauté internationale, critique sur le très médiocre bilan de ces institutions.

Lundi, le gouvernement du Premier ministre Mohamed Abdullahi Mohamed, en poste depuis novembre, a annoncé à son tour la prolongation unilatérale de son mandat pour un an, jusqu’en août 2012.

Le gouvernement « fait du bon travail, il tente de faire de son mieux (…) même s’il a ses faiblesses. Nous avons besoin d’un partenaire de l’autre côté, et ce partenaire a démontré ces derniers mois qu’il s’en sort plutôt bien », a jugé le chef de l’Amisom.

« Les extrémistes (shebab) sont actuellement désorganisés, ils sont désavantagés. Mais si vous perturbez aujourd’hui le TFG, vous affaiblissez l’Amisom, et vous faites le jeu des shebab », a-t-il expliqué.

« Nous avons besoin d’une force politique cohérente, les trois institutions (TFG, parlement et président) doivent travailler ensemble, en équipe », a souligné le général Mugisha, qui a mis en garde contre « la confusion politique sabotant nos efforts ».

Soutenu à bout de bras par la communauté internationale, le TFG n’exerce son autorité que sur quelques quartiers de Mogadiscio, avec le soutien des quelque 9.000 hommes de l’Amisom, face aux insurgés shebab qui contrôlent la quasi-totalité du centre-sud de la Somalie et une grande partie de la capitale.

L’Amisom et les forces pro-TFG ont lancé mi-février une vaste offensive sur plusieurs fronts, notamment à Mogadiscio où elles ont notablement progressé, a constaté l’AFP.

« Nous gagnons du terrain. Nous avons avancé dans plusieurs zones de Mogadiscio. Nous allons continuer tout en essayant de réorganiser les forces du TFG », a ajouté le général Mugisha, à la tête de l’Amisom depuis août 2009.

« Les shebab sont aujourd’hui dispersés, obligés de se défendre sur plusieurs fronts (…). Ils sont affaiblis, mais ils recrutent à tour de bras et mobilisent à fond », a-t-il observé.

La communauté internationale doit donc faire en sorte que « l’Amisom puisse maintenir la pression », en fournissant les moyens nécessaires à sa mission, a souligné le patron de la force africaine.

Les effectifs de l’Amisom atteindront 12.000 hommes d’ici l’été, après l’arrivée de nouveaux renforts burundais et ougandais.

_____________________ 4 – AFP

01/04 Somalie: le Premier ministre veut plus de temps pour « défaire » les shebab

De Hervé BAR

Le gouvernement de transition somalien a besoin de plus de temps pour « accomplir » sa tâche, en « priorité » défaire les shebab, estime le Premier ministre Mohamed Abdullahi Mohamed, qui défend une prolongation d’un an de son mandat, jusqu’en août 2012.

En poste depuis trois mois, l’actuel gouvernement (TFG) « est le plus efficace et le plus professionnel des cabinets mis en place ces vingt dernières années », a assuré M. Mohamed, au cours d’un entretien avec la presse jeudi soir à Mogadiscio.

« Mais nous sommes arrivés aux affaires récemment, nous n’avons pas encore atteint nos objectifs. Nous avons encore besoin de temps pour défaire les insurgés shebab, c’est notre première priorité », a-t-il expliqué, en référence à la fin du mandat des institutions de transition, prévue théoriquement en août.

Lundi, le TFG avait officiellement annoncé la prolongation unilatérale de son mandat pour un an, jusqu’en août 2012.

Les mandats du TFG, du parlement de transition (en place depuis 2004) et celui du président Sharif Cheikh Ahmed (élu début 2009 par le parlement entre-temps élargi aux islamistes modérés), doivent s’achever en août 2011 après avoir déjà été prolongés de deux ans.

Le Parlement avait décidé unilatéralement début février de prolonger de trois ans son mandat, provoquant la condamnation de la communauté internationale, très critique sur le très médiocre bilan de ces institutions.

« La solution est de prolonger d’un an le mandat du gouvernement, jusqu’en août 2012 (…), car sur le terrain nous sommes toujours en guerre » contre les shebab, a souligné M. Mohamed, lors de cet entrevue à son bureau de Villa Somalia, enceinte qui abrite également la présidence, à quelques centaines de mètres de la ligne de front.

« D’ici là, nous accomplirons un certain nombre de tâches », a poursuivi le Premier ministre, citant la rédaction d’une nouvelle Constitution ou la relance des services publics.

M. Abdullahi Mohamed avait été nommé en novembre 2010 en remplacement d’Omar Abdirashid Sharmarke, démissionnaire après un interminable conflit avec le président Sharif qui avait paralysé pendant de longs mois le fonctionnement des institutions.

Soutenu à bout de bras par la communauté internationale, le TFG n’exerce son autorité que sur quelques quartiers de Mogadiscio, avec le soutien des quelque 9.000 hommes de la force de l’Union africaine (Amisom), face aux insurgés shebab qui contrôlent la quasi-totalité du centre-sud de la Somalie et une grande partie de la capitale.

L’Amisom et les forces pro-TFG ont lancé mi-février une vaste offensive sur plusieurs fronts, dont Mogadiscio, où elles ont notablement progressé, a constaté un journaliste de l’AFP.

« Avec l’aide de l’Amisom, nous gagnons chaque jour du terrain face aux shebab », a souligné le Premier ministre: « nous sommes capables aujourd’hui de vaincre l’ennemi, et de gagner les coeurs et les esprits de la population ».

« Nos militaires et les fonctionnaires ont été payés ces trois derniers mois, ce qui n’était pas arrivé depuis 20 ans, nous avons une politique de tolérance zéro pour la corruption », a assuré M. Mohamed.

« Regardez la ville, les gens qui reviennent », a-t-il lancé, désignant l’activité commerciale en zone TFG et les travaux d’aménagement réalisés ces derniers mois par la municipalité, comme l’éclairage public sur les grands axes, les réparations de route ou les collectes d’ordures.

« Si nous partons maintenant avant d’avoir fini notre travail, je suis convaincu que les shebab en tireront profit », a-t-il mis en garde: « les choses avancent lentement, je ne peux pas faire de miracle, j’ai besoin de plus de temps ».

_____________________ 3 – RSF

30/03 Les deux journalistes de Radio Shabelle libérés, deux autres toujours détenus en province

Abdirashid Omar Qase et Abdi Mohamed Ismail, respectivement directeur et rédacteur en chef de Radio Shabelle, tous deux injustement arrêtés par la National Security Agency le 27 mars 2011, à Mogadiscio, ont été relâchés sans condition le 30 mars.

Le Shabelle Media Network a adressé des remerciements à tous ceux qui se sont mobilisés pour ses deux employés, soulignant le courage de la population somalienne, qui a été nombreuse à manifester dans les rues de Mogadiscio.

« Malgré les menaces et les intimidations que nous subissons de la part de ceux qui répriment les médias indépendants en Somalie, nous continuerons à porter haut le drapeau du journalisme indépendant dans notre pays », a déclaré le Shabelle Media Network. (Regardless of threat and acts of bullying that we are facing from those oppressing independent reporting media operating in Somalia, Shabelle Media network are committed to continue flying the flag of independent journalism in Somalia).

Reporters sans frontières rappelle que deux autres journalistes, Liban Abdi Farah et Mohamed Abdinur Hashi, sont actuellement détenus au Puntland et au Somaliland.

L’organisation demande aux autorités de ces deux régions leur libération immédiate.

Plus d’informations : http://fr.rsf.org/somalie-les-journalistes-cibles-du-28-03-2011,39895.html

_____________________ 2 – Jeune Afrique

30/03 Shabelle, la radio résistante

Prix Reporters sans frontières de la liberté de la presse, la radio somalienne Shabelle se bat pour son indépendance. Elle est l’une des rares à résister au chaos.

Coups de feu à Mogadiscio. On les entend dans les rues de la capitale, mais aussi sur les ondes de Shabelle, la principale radio privée du pays. En avril 2010, les milices islamistes qui contrôlent la Somalie ont interdit aux stations de diffuser de la musique. Shabelle l’a alors remplacée par des sons devenus quotidiens. Un acte de résistance, symbolique du combat que la station mène depuis sa création en 2002.

Shabelle est le nom d’une rivière et d’une région de la côte somalienne. C’est là que deux journalistes et un ingénieur en télécommunications ont fondé une radio indépendante, dans un État qui n’est plus gouverné depuis 1991. Ces neuf dernières années, Shabelle a livré une guerre permanente. Il lui a fallu se battre pour trouver des financements, recruter du personnel qualifié, et surtout enquêter, dans un pays contrôlé successivement par des seigneurs de guerre et des milices islamistes.

Avec plus de 3 millions d’auditeurs aujourd’hui – ainsi qu’une forte audience pour le site internet et la chaîne télé du groupe – Shabelle Network est perçu comme le média privé le plus fiable du pays. Alors que de nombreuses radios somaliennes, comme HornAfrik ou Al Quran, ont été phagocytées par les milices pour diffuser leur propagande, Shabelle est restée indépendante – ce qui lui vaut depuis 2007 le harcèlement constant des milices.

La station a dû quitter ses locaux du marché de Bakara, un quartier dangereux au cœur de Mogadiscio, pour rejoindre la zone sécurisée par les troupes de la mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom), près de l’aéroport. Un transfert nécessaire, puisqu’en trois ans cinq journalistes et deux techniciens de Shabelle ont été tués. Le directeur Mukhtar Mohamed Hirabe a été abattu de quatre balles dans la tête en 2009.

Sauver des vies

Mais plus elle subit de menaces et de pertes, plus Shabelle résiste pied à pied.

Et parfois, elle gagne. « En Europe, vous avez des flashs sur le trafic routier.

Nous, nous disons toute la journée dans quelles rues ont lieu des combats, et où les insurgés bloquent le passage, compare Ali Dahir Abdi, cofondateur de Shabelle et responsable du développement du groupe. Nous sauvons probablement des vies. » D’autres fois, c’est la radio qui perd.

Elle a, par exemple, dû interrompre en 2010 la diffusion du programme Tartan Aqooneedka, un jeu de connaissances pour enfants et adolescents qui les encourageait à quitter les milices qui les avaient enrôlés. Autre ennemi plus surprenant, le gouvernement fédéral de transition, dont des scandales financiers ont été révélés par la station, l’a déjà fait fermer une fois.

Shabelle a reçu le prix RSF 2010 de la liberté de la presse. « Avant tout, confie Ali Dahir Abdi, cette récompense nous redonne confiance. Nous ne nous laisserons jamais imposer le silence. Mais je suis pessimiste pour mon pays. Je vieillis, et je ne suis pas sûr de voir un jour une Somalie ­démocratique. »

_____________________ 1 – Afrik.com avec Pana

30/03 Somalie: Arrestation du directeur et du rédacteur en chef d’une radio

Les forces de sécurité du gouvernement de transition somalien ont arrêté dimanche le directeur et le rédacteur en chef de la chaîne indépendante, Radio Shabelle, qui a diffusé l’information selon laquelle le président est incapable de se rendre dans les zones récemment prises par les forces gouvernementales et de l’Union africaine (UA) à cause des problèmes de sécurité, selon le Comité de protection des journalistes (CPJ).

Le ministre de l’Information estime que le rapport du 22 mars est ‘fallacieux et de nature à aider les terroristes’. Le rédacteur en chef Abdi Mohammed Ismail et son directeur Abdirashid Omar Qase ont été arrêtés dès leur arrivée au siège des forces de sécurité à Mogadiscio, la capitale de la Somalie et placés sous surveillance, sans assistance judiciaire, sans nourriture et sans aucun contact avec les membres de leurs familles, a déclaré Ali Dahir, chef de la production à Shabelle au CPJ.

D’autres chaînes de radios locales et la Voice of America du gouvernement américain ont diffusé les mêmes informations selon lesquelles les déplacements du président Sheikh Sharif Sheikh Ahmed sont limités à cause des problèmes de sécurité.

Abdimalik Yusuf, président de Shabelle Media, a déclaré au CPJ que le ministre de l’Intérieur a ordonné lundi à la maison de presse de présenter des excuses pour avoir diffusé cette information et de signer une lettre indiquant qu’elle ne va plus publier des informations négatives sur le gouvernement.

En 2010, Radio Shabelle avait clandestinement transféré ses activités du Bakara Market de Mogadiscio qui était sous le contrôle d’Al-Shabaab, vers l’autre partie de la ville contrôlée par le gouvernement.