12/01/07 (B377) LIBERATION : Le sud somalien toujours sous le feu américain. Les raids aériens, de plus en plus contestés, auraient tué huit terroristes. (Info lectrice)

Par
Thomas HOFNUNG

Malgré
des critiques internationales croissantes, de nouvelles attaques aériennes
ont visé hier l’extrême sud de la Somalie, où se terrent,
selon les Etats-Unis, les dernières forces des islamistes, et des agents
d’Al-Qaeda. Le vice-Premier ministre somalien Hussein Mohamed Aïdid a
confirmé ces nouveaux raids, ainsi que ses alliés éthiopiens.
«La cible était vingt terroristes (…). Huit ont été
tués et il y a cinq terroristes blessés qui sont sous le contrôle
de nos troupes», a annoncé le Premier ministre éthiopien
Meles Zenawi. La Maison Blanche s’est refusée à confirmer. Mardi,
Washington avait reconnu avoir mené une attaque aérienne en
Somalie, sa première action militaire dans ce pays depuis le retrait
américain de 1994.

Base
permanente.

Les Américains
ne cachent pas leur volonté d’éradiquer la menace terroriste
dans la corne de l’Afrique, une région sensible située juste
en face de la péninsule arabique. En 1998, deux attentats revendiqués
par Al-Qaeda contre leurs ambassades au Kenya et en Tanzanie avaient fait
224 morts. Depuis, Washington traque sans relâche leurs auteurs présumés,
soupçonnés d’avoir préparé l’opération
depuis le territoire somalien, et d’y résider.

Les Etats-Unis
ont installé en 2003 leur seule base militaire permanente en Afrique
à Djibouti, à la frontière avec la Somalie, d’où
décollent régulièrement des hélicoptères
chargés de missions de renseignement. Leurs trois navires militaires
qui patrouillent déjà au large des côtes somaliennes vont
être rapidement rejoints par le porte-avions géant Eisenhower.

La poursuite
des raids des Américains en Somalie provoque des dissensions chez leurs
partenaires. Hier, le Premier ministre britannique Tony Blair a apporté
son soutien, déclarant devant le Parlement qu’il était «juste»
que «nous nous dressions et protégions ceux qui combattent le
terrorisme». Mais il est bien seul dans ce registre.

«Escalade».

A Paris,
le ministère des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy,
a fait part de sa «préoccupation», estimant que ces raids
«compliquent la situation en Somalie et peuvent accroître les
tensions, qui sont déjà vives dans ce pays». Une analyse
comparable à celle énoncée la veille par le nouveau secrétaire
général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui disait craindre
«une escalade des hostilités dans la région». Le
chef de la diplomatie italienne, Massimo, D’Alema a lui exprimé l’opposition
de son pays aux «initiatives unilatérales qui pourraient déclencher
de nouvelles tensions».

Les raids
américains ont également provoqué une certaine confusion
à la Commission européenne. Alors que, mardi, un porte-parole
de Louis Michel, commissaire aux Affaires humanitaires, avait désapprouvé
ces actions militaires, le vice-président de la Commission, Franco
Frattini, a estimé hier qu’il «fallait combattre les bases d’Al-Qaeda
en Somalie», et que «le problème n’était pas les
Américains mais les terroristes».

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