25/10/07 (B418-B) AFP Djibouti expulsion de ma famille est un moyen de pression (Alhoumekani) (Info lecteur)
PARIS, 23 oct 2007 (AFP) – Mohammed Saleh Alhoumekani, témoin clé dans l’enquête sur la mort du juge français Bernard Borrel à Djibouti, a affirmé mardi à l’AFP que les autorités avaient expulsé des membres de sa famille pour le forcer à revenir sur un témoignage mettant en cause de hauts responsables.
Joint par téléphone en Belgique, où il vit, M. Alhoumekani a assuré avoir reçu ces « trois, quatre dernières semaines » des appels émanant de généraux très hauts placés de l’armée djiboutienne. « Ils m’ont demandé de revenir sur ma déclaration en matière de subordination de témoin », a-t-il dit.
Le procureur général de Djibouti, Djama Souleiman et le chef des services secrets Hassan Saïd ont été renvoyés devant la justice française pour « subordination de témoins ». Ils sont soupçonnés d’avoir fait pression et menacé deux témoins, dont M. Alhoumekani, qui ont mis en cause directement le président actuel djiboutien Ismaël Omar Guelleh dans la mort du juge Borrel en 1995.
« Je leur ai dit (aux généraux): j’ai mis en cause le procureur général, et j’ai donné à la justice française les enregistrements, les écrits et les propositions qui m’ont été faites, et sur ce plan, je ne reviens pas en arrière », a poursuivi M. Alhoumekani.
Sa famille a été expulsée de Djibouti par avion vers le Yémen mardi, après avoir été placée pendant 24 heures en garde à vue dans le centre de transit de Nagad, situé à une dizaine de km de la capitale djiboutienne.
« Hier soir, les deux généraux m’ont appelé pour me dire: +Votre famille est là, vous dites un seul mot et tout rentre dans l’ordre+ », a encore dit M. Alhoumekani. « J’ai refusé et ce matin, la réaction a été rapide ».
« Je suis dans un désarroi total, je ne sais pas ce qui va se passer pour eux », a-t-il dit, soulignant que leurs passeports avaient été saisis par les autorités de Djbouti.
Pour Mohammed Saleh Alhoumekani, l’expulsion de sa famille « est un aveu du régime ». « Parce que si vraiment je suis un affabulateur comme ils le prétendent et que j’ai menti, je ne vois pas pourquoi ils s’inquiètent », a-t-il déclaré