06/02/11 (B590) Le monde change. L’impunité serait-elle en régression ? Même un ancien président des Etats-unis, n’est plus à l’abri des poursuites pénales engagées contre lui ! (Info lecteur)

Bush annule une visite en Suisse face au tollé suscité par sa venue (Reuters)

L’ex-président américain George Bush a annulé un déplacement en Suisse, où il devait prendre la parole le 12 février à Genève lors d’un dîner de gala de la communauté juive, à la suite du branle-bas de combat provoqué par cette visite.

Des plaintes pour crimes de torture ont été déposées auprès de la justice genevoise contre l’ancien chef de la Maison blanche et plusieurs organisations de défense des droits de l’homme entendaient intenter d’autres poursuites visant à le faire arrêter.

Des mouvements de gauche avaient en outre l’intention de manifester contre sa participation au gala caritatif annuel du Keren Hayesod, dont les organisateurs ont maintenu le dîner mais annulé l’intervention de Bush « pour ne pas mettre en péril les personnes et les biens ».

Le parquet de Genève a annoncé avoir enregistré « un certain nombre de plaintes » au pénal contre Bush pour tortures, un crime punissable aux yeux du droit international.

Dans ses mémoires, Bush défend ardemment la pratique du « waterboarding », une simulation de noyade, pratiquée sous son mandat, entre 2001 et 2009, à l’encontre de détenus soupçonnés d’être des « terroristes ». Il la justifie par la nécessité d’éviter un nouveau 11-Septembre.

La Suisse obligée de l’arrêter?

La plupart des juristes spécialistes des droits de l’homme considèrent cette pratique à l’encontre de prisonniers capturés en Afghanistan ou en Irak comme une forme de torture, or celle-ci est bannie par une convention internationale de 1987 que la Suisse comme les Etats-Unis ont ratifiée.

Dominique Baettig, député de l’Union démocratique du centre (extrême droite), a écrit la semaine dernière au gouvernement confédéral pour réclamer l’arrestation de Bush pour crime de guerre s’il venait en Suisse.

L’Organisation mondiale contre la torture, basée à Genève, a affirmé que la Suisse serait légalement contrainte aux termes du droit international et de la législation confédérale d’arrêter Bush s’il mettait les pieds sur le territoire national.

Alors que les autorités assurent que Bush jouirait d’une certaine immunité pénale en tant qu’ex-président, l’OMT souligne qu' »il n’existe aucune loi octroyant un statut particulier » aux anciens chefs d’Etat.

L’OMT a écrit à la présidente de la Confédération, Micheline Calmy-Rey, pour lui faire valoir qu’il existait « un faisceau convaincant de preuves de la politique américaine de torture et de mauvais traitements » durant la présidence de Bush.