21/02/09 (B487) Nord Eclair : Trente-cinq kilos de « khat » saisis à Lille. Le mardi 17 février, en gare de Lille-Europe, le TGV de Bruxelles est investi par les agents des douanes. « Khat » en stock.

Par DIDIER SPECQ

Rachid Abdi, 50 ans, un Somalien né à Mogasdiscio, attire tout de suite l’attention des douaniers avec ses deux grosses valises odoriférantes. Les préposés de l’administration ne sont pas déçus : la fouille des bagages du Somalien amène la découverte de 35 kilos de « khat ». Cette plante, c’est un peu le chewing-gum de la corne de l’Afrique : les populations souvent affamées de l’est africain ont l’habitude de la mâcher. Faiblement hallucinogène, cette plante joue également le rôle de coupe-faim, un détail non négligeable pour ces populations déshéritées.

Cadeau dans les fêtes

« C’est une plante consommée traditionnellement qui sert de cadeau dans les fêtes de famille » estime, en défense, Me Laura Campisano. C’est la thèse, émise par le truchement d’un interprète, de Rachid Abdi : « J’amenais cette marchandise à Genève, dans ma famille où un grand mariage est organisé. Je ne savais pas que cette plante était interdite en France. cette plante est en vente libre en Hollande où je l’ai achetée ». Évidemment, le président Gérard Flament soupçonne un trafic : « Vous alliez directement à un mariage et vous n’aviez aucun habit de cérémonie, c’est un peu bizarre, non ? » Réponse du prévenu : « Les habits attendent les invités sur place ».

Valeur : 52 500 euros

Pour Patrick Cabon, le représentant des douanes, « l’excuse de la fête familiale revient le plus souvent dans le discours des passeurs quand ils se font prendre. Mais il s’agit bien d’un trafic illicite et, chez les ressortissants de l’Afrique de l’Est, on sait depuis longtemps, même si c’est une plante traditionnelle, que le khat est considéré comme une drogue en France ». 52 500 euros : telle est la valeur invoquée par les douanes de ces 35 kg de stupéfiants sur le marché clandestin en France.

Le procureur Olivier Dabin n’hésite pas à revenir sur cette notion de plante traditionnelle : « D’abord, dans le petit milieu de l’émigration venue de Somalie ou d’Ethiopie, tout le monde sait que le khat est interdit en France. Ensuite, en Somalie, les tribunaux islamiques répriment très sévèrement l’usage et la détention de cette plante ».

Me Laura Campisano insiste à nouveau : « On ne peut considérer cette plante quasi inoffensive comme une drogue, encore moins comme une drogue dure ! » Mais, au final, c’est tout de même 12 mois de prison dont 8 avec sursis qui tombent sur le passeur somalien.