23/11/2021 (Brève 1971) TRENTE ANS DE L »ARDHD – LES REFUGIES DJIBOUTIENS EN ETHIOPIE : UNE JEUNE FILLE VICTIME SORTIE DE PRISON ET 4 FAMILLES ACCUEILLIES PAR LA FRANCE

L’ARDHD avait été informée de la situation des réfugiés Djiboutiens en Ethiopie qui avaient été contraints de fuir leur pays en juillet 1993 pour échapper à la grande offensive des forces de Guelleh, commettant de nombreux crimes sur leur passage : viols, exécutions sommaires, empoisonnement de puits, destruction de cheptels et d’habitation.

Le nombre de ces réfugiés n’a jamais été connu avec précision. Certains observateurs les évaluent à plusieurs milliers qui se sont établis tant bien que mal dans la région Afar de l’Ethiopie. Seules 20 familles établies à Addis Abeba, après un bras de fer avec le UN HCR, avaient acquis le statut de réfugiés, qui leur accordait désormais la couverture médicale et un petit pécule mensuel.

A noter que l’UN-HCR n’a jamais rien tenté pour recenser les milliers de famille installées (tant bien que mal) dans la région AFAR et leur accorder le statut de réfugiées auquel elles pouvaient légitimement prétendre, en vertu des accords internationaux et des statuts du HCR

Pour se protéger de toute éventualité, les réfugiés d’Addis Abeba ont signé en 2007 un document dans lequel ils nommaient Omar Gabasse (ancien réfugié ayant bénéficié de la relocation en Europe du Nord) et Jean-Loup Schaal en qualité de co-représentants pour défendre leurs intérêts en Europe.

++ Le cas de X*
Nous avons appris que X* avait été kidnappée le 7 décembre 2007 par le neveu d’un du Commandant de la Police éthiopienne Balaye Dabase et qu’elle avait été dans un premier temps séquestrée par lui (Avec tous les soupçons de viols).

Ensuite pour échapper à des poursuites judiciaires, avec l’aide du
Commandant Balaye Dabase et du sergent Gabayo, ils avaient fait incarcérer la jeune fille (alors mineure) pour « vols de tablettes de détergent » et ils l’avaient forcé à mentir sur son âge pour qu’elle soit condamnée à une peine de prison ferme à purger parmi les adultes.

++ L’équipe de l’ARDHD se mobilise pour faire libérer la jeune fille
Dés le début de janvier, l’équipe de l’ARDHD, avec l’accord du père, a multiplié les démarches pour informer les organisations, la presse et les organes gouvernementaux.

L’UN-HCR a accepté de partager les informations, bien que ses représentants locaux aient eu tendance, dans un premier temps à croire, sans les vérifier, les fausses informations qui étaient propagées par les autorités éthiopiennes et en particulier par l’ARRA.

De nombreuses organisations, en particulier dans le monde de l’enseignement ont lancé des appels pour la libération de la jeune Hasna. Citons, entre autres, la Congrégation des soeurs de Ribeauvillé et tant d’autres.

Nous avons aussi reçu le soutien efficace et l’aide d’une journaliste éthiopienne Me Tsigue Shiferaw qui a interviewé le père de la jeune fille et qui a pu proposer à la BBC Afrique un sujet dans lequel, le père lance un appel poignant pour la libération de sa fille.

Fort heureusement son père (à l’opposé des précautions de prudence dont s’entourent la majorité des familles djiboutiennes) a accepté de parler à la radio pour expliquer la situation et exiger la libération de sa fille.

Puis RFI a diffusé deux reportages enregistrés avec la participation de l’ARDHD.

Le 26 janvier 2008, l’ARDHD avait appelé à un rassemblement à proximité de l’Ambassade d’Ethiopie.

Elle a recommencé en plus « grand » le 7 février avec un lâcher des ballons de l’espoir sur Paris (https://www.ardhd.org/2008/02/08/08-02-08-b433-b-alerte-rouge-compte-rendu-de-la-manifestation-100-ballons-pour-lespoir-le-compte-rendu-complet-les-photos-et-le-materiel-de-communication-seront-mis-en-ligne-samedi-matin-et-a/).

C’est probablement cette manifestation qui a convaincu les autorités éthiopiennes de libérer le, 15 février 2008, la jeune fille. Elle a été récupérée à la porte de la prison par des agents du HCR, puis remise à son père.

++ Conséquences heureuses : 4 familles djiboutiennes sont relocalisées en France.

A la suite de cette affaire l’équipe de l’ARDHD a poursuivi les contacts avec le HCR à Paris et il a fallu la menace d’une manifestation devant les locaux pour que l’agence onusienne prenne les choses en main et soumette à la France, le dossier de quatre familles, candidate à la relocalisation.

Trois familles sont arrivées en France le 4 février 2010, dont les parents de la jeune X* et ses frères et soeurs. Une quatrième famille est arrivée quelques jours plus tard.

Depuis cette date, après une période passée en foyer, ces familles ont pu s’établir dans différentes villes françaises où elles se sont parfaitement intégrées..

__________
* Pour protéger l’anonymat de cette jeune fille et répondre à son souhait, nous n’utiliserons qu’un « X* » pour la désigner